Glissement sémantique

11.04.12 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit, Je hais les politiciens

Depuis quelques jours, les militants du Front de Gauche ont élu domicile dans les stations de RER autour du Stade de France. Et que je te donne des tracts qui terminent dans la poubelle la plus proche. Et que je te raconte n'importe quoi pour que tu me prennes mon fichu bout de papier, je ne vais tout de même pas le mettre à la poubelle moi-même, il est tard, elle est trop loin, et le chef qui me regarde ne veut pas…

Ce matin, le slogan du jour était :

 Votez Mélenchon pour faire perdre Sarkozy !

Oui, mais il me semble qu'il y a dix candidats actuellement en lice. Je peux donc parfaitement vouloir faire perdre Sarkozy sans voter Mélenchon. Enfin, il me semble, au moins au premier tour. Je réserve mon choix pour le second.

Il faudrait peut-être que vous compreniez une bonne fois pour toute, adhérents aux valeurs du Front de Gauche si tant est qu'elles existent — je ne vois pas bien le rapport entre le programme de Mélenchon et celui du Parti Communiste Français dont il est pourtant le candidat —, qu'on peut être de droite sans soutenir la politique du président sortant, voire en votant lors des prochaines élections contre lui. Il faudrait aussi que vous compreniez qu'on puisse vouloir le voir perdre sans pour autant voter pour un candidat populiste, démagogue et dangereux qui, s'il arrive un jour aux affaires, ne fera pas mieux que notre président sortant. Remarquez, il ne fera peut-être pas pire, c'est déjà ça de gagné, mais dans le doute…

Voter pour quelqu'un dans l'unique but de faire perdre l'adversaire est la pire des raisons qu'il soit. On vote avant tout par adhésion à des idées et non par rejet de l'adversaire. C'est justement parce qu'on vote depuis trente ans dans notre beau pays par rejet de l'adversaire (Giscard en 1981 tellement rejeté que même les morts s'y étaient mis, Chirac en 1988, Jospin en 1995, Le Pen en 2002 et Royal en 2007) que nous sommes empétrés dans les réformes et les contre-réformes qui s'ensuivent à longueur de législature.

Le Front de Gauche est actuellement dans les sondages aux alentours de 15%. Mais dans ces électeurs potentiels, combien votent pour cette tendance par réelle adhésion et non par anti-sarkosysme primaire ? Il serait intéressant d'avoir quelques études à ce sujet.

De toute façon, vue la hauteur atteinte par les débats de cette campagne, il ne faut pas se bercer d'illusions, il ne sortira rien de bon de l'élection présidentielle. Quant aux législatives de juin, j'ai comme un affreux doute et on pourrait très bien se retrouver avec une cohabitation intéressante.

Camarades, devenez anti-sarkozystes secondaires ! Ne votez pas pour une tendance par simple rejet de l'adversaire, c'est la meilleure façon d'hypothéquer l'avenir de notre système social à la française.

 

Il a osé le dire !

10.04.12 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit, Je hais les politiciens

Il n'y a rien à dire, Jean-Luc Mélenchon n'a pas usurpé sa licence de philosophie. Quelle n'a pas été ma surprise lorsque je l'ai entendu ce matin dans le poste déclarer crânement que :

l'utopie est le réalisme de notre temps.

Je le cite intégralement, ça claque comme du Mélenchon, un tel aphorisme ayant de grandes chances de figurer à la prochaine dissertation de philosophie du baccalauréat section littéraire.

L'utopie est le réalisme de notre temps. Quelle puissance de raisonnement condensée en quelques mots. Ce qui fait un peu peur, c'est que cela ne signifie strictement rien. C'est ronflant et totalement creux, on croirait presque lire du Sartre dans l'Intelligibilité de l'histoire. À tout hasard, Jean-Luc, je te donne la définition de l'utopie dans le cas qui nous intéresse et que je viens de voler dans mon dictionnaire :

UTOPIE, subst. fém.
A. SOCIOPOLITIQUE
1. Plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun. Dégager de tout la vertu, construire des utopies, déranger le présent, arranger l'avenir (...) c'est la liberté de l'Allemand. Le Napolitain a la liberté matérielle, l'Allemand a la liberté morale (HUGO, Rhin, 1842, p. 474). Quand un Thomas More ou un Fénelon, un Saint-Simon ou un Fourier construisent une utopie, ils contruisent un être de raison, isolé de toute existence datée, et de tout climat historique particulier (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 140).

Tu noteras bien — oui, je te tutoie parce qu'après tout, camarade, il n'y a aucune raison — que mon dictionnaire vendu certainement au grand capital ou a minima aux idées de la droite réactionnaire indique un plan imaginaire de gouvernement. C'est peut-être pour cela que tes porte-parole indiquent à qui veut bien les entendre que le programme du Front de Gauche est incompatible avec celui du Parti Socialiste, l'un étant réaliste, l'autre parfaitement imaginaire.

À ce propos, tu as fait ce matin encore une de tes sorties contre un journaliste, Patrick Cohen qui t'indiquait une étude de l'INSEE concluant à la disparition de nombreux emplois en cas de hausse du SMIC à 1700 euros bruts, ce que tu promets. Plutôt que de répondre sur le fond, cela aurait peut-être permis de faire émerger un certain nombre de choses intéressantes du débat, tu es parti dans un réquisitoire contre ce journaliste. C'est bien, tu as encore fait de l'esbrouffe, ce qui plaît tant à tes sympathisants, mais sans faire avancer le débat parce que dès que quelqu'un creuse un peu ton discours populiste et démagogique, tu t'arranges pour tourner cette personne en ridicule. Pour cela, tu es très fort. Mais il faudrait te condamner à devoir assumer le pouvoir et à te débrouiller avec l'ensemble de tes promesses et ton beau programme totalement inapplicable. C'est tout ce que tu mérites.

Et après tout si tu arrives à te faire élire, c'est aussi tout ce que la France mérite.

 

Les invités de la campagne

09.04.12 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

Après les trente glorieuses et les trente piteuses, nous entrons de plain pied dans les trente merdeuses et, je suis prêt à prendre les paris, la période dans laquelle nous entrons en chantant la fleur au fusil sera mentionnée dans les futurs livres d'histoire — pour peu qu'on enseigne encore l'histoire dans quelques années — comme une période à côté de laquelle la grande dépression de 1929 passera comme une aimable promenade de santé. Nous ne sommes pas encore dans la crise, tout au plus dans l'antichambre, et la chute risque d'être sévère.

Cela fait quarante ans que nous vivons au-dessus de nos moyens. Pour faire simple, disons que le gouvernement Chirac puis Barre n'avaient pas d'autre choix puisqu'ils se sont pris dans la figure les deux crises pétrolières de 1973 et 1979. Mais les choix opérés depuis ces trente dernières années, par des gouvernements de gauche comme de droite, n'ont rien arrangé. Nous avons continué à creuser les déficits budgétaires sans jamais vouloir regarder les choses en face. Au début des années 1990, il ne fallait pas penser réformer les retraites alors même que tous les démographes — Hervé Le Bras en tête — tiraient toutes les sonnettes d'alarme. Contrairement à l'économie, la démographie est une science bien plus exacte puisqu'à moins d'une guerre, de l'instauration d'un système de régulation comme celui de Soleil Vert ou d'un virus particulièrement pathogène et létal, les gens qui avaient trente ans en 1980 en ont soixante en 2010.

Or, depuis trente ans, on boucle le budget de la France en faisant des hypothèses de croissance complètement délirantes et, comme on n'arrive pas aux objectifs attendus, on dévalue (cas du tournant de la rigueur en 1983), on fait tourner la planche à billet (premier septennant de François Mitterrand), on emprunte sur les marchés financiers qui n'en demandent pas tant et on se plaint que ce sont actuellement ces mêmes marchés financiers qui font la politique de la France. Mais qui leur a donc donné les clefs du pouvoir ? Tous autant que nous sommes. Enfin vous plus que moi.

Le Général De Gaulle disait que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille et il avait raison. Le problème, c'est que collectivement depuis trente ans, tous les électeurs ayant voté à court terme sont responsables de cette dérive des prises de décisions de l'Élysée et de Matignon vers le palais Brognard parce que ces électeurs sont tous égoïstes. Ils veulent tout et tout de suite, indiquent crânement qu'ils veulent du social, votent pour la gauche, mais préfèrent toujours que ce social leur bénéficie en priorité selon le vieux principe que charité bien ordonnée commence toujours par soi-même.

Et c'était déjà vrai en 1981. Le programme commun de la gauche ne servait pas à redresser l'économie de la France, simplement à faire élire une équipe en promettant à l'électeur crédule ce qu'il voulait entendre (35 heures de travail hebdomadaire, cinquième semaine de congés payés, augmentation du SMIC…). Plein de choses qui concernaient l'électeur de manière privée et non la France.

Aujourd'hui, que voyons-nous ? La même chose. Mélenchon raconte exactement ce que l'électeur égoïste veut entendre. C'est le Mitterrand du programme commun de 1981. C'est même symptomatique. Comme est symptomatique le fait que le programme du président sortant n'est paru que la semaine passée. Officiellement, il lui fallait écouter avant d'écrire son programme. La question est donc de savoir si un candidat se présente pour défendre ses propres idées ou les idées d'autrui qui ne lui permettent que d'être élu. La suite, on la connaît, les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Chassez le naturel et il revient au galop.

Et à une heure critique où il faut réellement faire des efforts pour sauver le système social français, des Mélenchon, Le Pen, Sarkozy et Hollande prétendent qu'on va encore raser gratis demain. Foutaises, mais l'électeur ne veut surtout pas entendre autre chose. Le RSA, c'est bien, le régime d'assurance chômage, c'est bien, les services publics, c'est très bien. Enfin, c'est bien lorsqu'on en bénéficie, mais lorsqu'il faut commencer à envisager d'en assumer le prix, c'est un peu différent. Pourtant, je vous le prédis, si vous voulez garder le système français, les impôts divers et variés risquent fort d'être multipliés par trois ou quatre, sans compter le fait que vous devrez acheter plus cher, soit en achetant français, soit en payant une taxe sur ce qui est importé parce qu'il faudra bien remettre la France au travail d'une manière ou d'une autre pour ne plus avoir à régler des prestations chômage ou des minima sociaux à une partie de la population active.

Mélenchon est même le plus amusant de nos candidats parce que si vous voulez détruire le système français, il vous suffit de voter pour lui puisque son programme économique n'est pas tenable. Ce n'est pas avec des mots qu'on crée de l'argent. Quant à le prendre là où il se trouve, qu'il y aille, il n'y a plus d'argent en France. Naturellement, le mélenchoniste de base va rétorquer qu'il en reste chez Total. Allez-y, les bénéfices de Total ne sont pas issus des activités de Total en France, mais comme l'électeur de Mélenchon ne comprend rien aux mécanismes de base de l'économie et de la fiscalité, c'est peine perdue. Total est l'arbre qui cache la forêt. Mais sachez qu'il ne reste aujourd'hui en France, grâce aux conséquences d'un impôt aussi absurde que l'ISF, que 400 entreprises de plus de 250 salariés. Ça devrait vous faire réfléchir. Et ne me dites pas non plus que les entreprises du secteur de l'énergie s'en sortent bien. Je n'ai pas de chiffres pour EDF, mais je puis vous dire que les crédits de recherche de GDF-Suez ont été rognés la semaine passée de 40% pour tous les programmes jugés non prioritaires, c'est-à-dire tous les programmes de recherche sauf un.

Et lorsque l'on parle d'économie, on parle de la Chine. C'est intéressant et dommage. La Chine n'est pas un problème à long terme. Elle est peut-être un problème aujourd'hui, mais la Chine est une puissance sur le déclin à cause de sa politique de l'enfant unique et des génocides de fillettes. La Chine va avoir un problème démographique très important dans les années à venir qu'il lui faudra gérer et à ce moment-là, elle ne sera plus en mesure de venir vous noyer sous des produits pas cher. Non, le Brésil est un problème. L'Inde, l'Argentine en sont. À plus long terme l'Afrique. Mais la Chine, certainement pas. Parler du problème chinois permet juste d'occuper le champ en évitant de parler des vrais problèmes.

Et cela évite de parler des problèmes structurels français. Pensez simplement à l'ISF. Une belle réussite française que toute l'Europe nous envie puique la France est le dernier pays européen à avoir un impôt sur le patrimoine. Un si belle réussite qu'on parle sans cesse de l'abroger et que personne ne veut le faire parce que c'est un symbole et que les électeurs ne comprendraient pas. Il faut donc vous expliquer ce qu'est l'ISF. L'ISF, c'est un impôt dont l'assiette est le patrimoine. Pas les revenus, le patrimoine. J'insiste là-dessus parce que je me suis aperçu que pour l'immense majorité des gens, l'ISF est un super-impôt sur le revenu. Et le patrimoine en question est à la fois mobilier et immobilier, ce n'est pas forcément de l'argent mobilisable. C'est assez amusant et ça permet à des gens qui ne sont pas imposables sur le revenu de devoir s'acquitter de l'ISF parce qu'ils sont propriétaires d'un bout de terrain devenu constructible dans un coin recherché ou d'un appartement de famille à Paris. C'est pour ces gens que le bouclier fiscal a été instauré lorsque le gouvernement s'est aperçu que des allocataires du RMI étaient redevables de l'ISF (dans les Charentes et en Savoie où se sont créées des associations de défense).

Lorsque ces contribuables ont un portefeuille contenant des valeurs mobilières, ils paient. Lorsque ce n'est pas le cas, ils ont deux solutions principales :

  • vendre le bien pour s'acquiter de cet impôt. Mais à qui vendre ? À Paris, les investisseurs sont soit étrangers, soit des émanations de grandes banques qui transforment les appartements de rapport en bureaux. Il y a d'ailleurs des quartiers entiers qui se sont vidés de leurs habitants. La conséquence directe est l'augmentation de la pression sur les autres biens dont les prix s'envolent et la fameuse crise du logement. Il y a en région parisienne une crise du logement non pas parce qu'il y a moins de biens disponibles ou plus de demande, mais parce que ces biens ont tout intérêt d'être transformés en bureaux et l'ISF n'y est vraiment pas étranger. Le mécanisme s'entretient alors de lui-même et des associations pleurent parce que les ménages les moins aisés ne trouvent plus à se loger à des prix acceptables sauf à aller en très lointaine banlieue ;
  • emprunter pour investir dans des PME au titre de la défiscalisation en gageant ses valeurs immobilières. Au bout de cinq ans, le contribuable vend alors ses parts de capital au plus offrant. Généralement, si l'entreprise est prometteuse, il s'agit d'un fond d'investissement étranger. Résultat des courses, toutes les entreprises françaises intéressantes sont vendues par morceaux à des fonds étrangers puis ferment ou sont délocalisées dans l'indifférence générale. C'est pour cela qu'il n'y a plus de PME moyennes dans notre beau pays. Et les gouvernements successifs se demandent encore pourquoi.

Mais pas un seul candidat ne parle de stabiliser la fiscalité française (quatre lois fiscales par ans sur les dernières années) pour éviter que le capital ne parte à l'étranger alors que la dernière étude de Bercy montre bien que si l'argent part à l'étranger (je parle des pays proches, pas des paradis fiscaux à l'autre bout du monde), ce n'est pas pour une histoire de fiscalité, mais en raison d'une absence de visibilité à long terme de la fiscalité française. Pas un seul ne parle de supprimer l'ISF qui est contre-productif pour le remplacer par une tranche supérieure d'impôt sur le revenu quitte à la mettre à 60, 70 ou 80%. Il ne faut pas toucher au symbole même si ce symbole est nocif et qu'il aboutit à une foultitude de niches fiscales en tous genres.

Et lorsqu'on a en face de nous un candidat qui prend la mesure de la volatilité du capital qui est un autre mal de l'économie, il ne propose que de taxer les transactions financières. C'est ridicule, le mal n'est pas la transaction mais la volatilité du capital. Il faut un système de taxation dégressive de la plus-value. La plus-value sur un titre gardé moins de vingt-quatre heures devrait être taxée à 95% alors que la plus-value d'un titre gardé dans un portefeuille plus de cinq ans ne devrait plus être taxée.

Certains jours, nous avons presque de la chance et un candidat propose de séparer les banques d'investissement des banques de détail, mais comme ce sont actuellement ces mêmes banques qui financent les dépenses de fonctionnement de l'état, on ne l'entend ni très fortement ni très longtemps. Pourtant, cela fait trente ans que l'économie française est sous financée. Lorsque ces banques seront séparées en deux, vous verrez qu'elles trouveront intérêt à financer l'économie réelle à 3 ou 4% l'an plutôt que de faire la culbute sur des titres hasardeux en jouant avec les marchés boursiers.

Mais de quoi parle-t-on aujourd'hui ? Du problème des jeunes pour passer le permis de conduire. C'est sûr, en subventionnant le permis de conduire nous allons régler tous les problèmes du pays. Mais là encore, il s'agit d'une mesure parfaitement égoïste qui bénéficiera à l'électeur sans que jamais il n'en paie le prix. Restons un peu sérieux !

 

Camarade Mélenchon, je te hais

05.04.12 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Je dois te dire que je me suis fait l'un de tes militants à la sortie du RER ce matin. J'étais peut-être un peu plus énervé que d'habitude puisque la RATP m'avait fait juste avant un coup que je ne connaissais pas encore, le coup du trafic interrompu parce qu'un sac-à-dos était tombé sur la voie.

Qu'on l'écrase et qu'on passe à autre chose !

Après une vingtaine de minutes de retard à cause d'un sac-à-dos, donc, il a fallu que je tombe sur tes militants et que je me tape ton discours haineux. Je suis convaincu que tu es intelligent. Tu ne serais pas là où tu es dans le cas contraire. Comme tu sais que tu ne seras pas élu, tu peux donc promettre n'importe quoi, ça n'aura aucune conséquence pour toi. Et comme tu es un excellent tribun, tu montes dans les sondages. Mais ton programme, tes promesses devrais-je dire, ne résistent pas à l'analyse. Ce n'est pas avec ton programme que tu pourras redresser une France qui en a bien besoin. Non, ton programme est juste suffisant à faire venir des électeurs à toi, rien de plus, parce que si tu devais un jour l'appliquer, tu serais le premier dans la panade.

Mais que des gens qui ne comprennent pas vraiment ce qui se passe dans le monde actuel y croient, c'est de ta responsabilité. Tu ne peux pas d'un côté pérorer tous les jours dès que tu vois un micro à ta portée en rejetant le fait que de pauvres bougres, qui n'ont aucun début de connaissance économique, te croient. Non, demain, on ne rasera plus gratis. Demain ne sera pas meilleur. On ne pourra pas augmenter les salaires sans relancer efficacement l'économie. On ne pourra pas maintenir le système social sans avoir une économie performante. Et si on veut éviter de finir comme un pays sous-développé, il est grand temps de s'en rendre compte.

 

Déni

03.04.12 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers, Monde de merde

Je ne résiste pas à vous faire partager la couverture de « The Economist » que j'ai trouvée ce matin dans la revue de presse au bureau.

Fig. 1 : déjeuner sur l'herbe juste avant la gueule de bois

C'est tellement vrai. Nos candidats principaux se battent tous sans vouloir voir le mur qui est juste devant nous. On discute de tout sauf de la dette qui est pourtant le seul point actuellement digne d'intérêt. Le reste est de la communication. En continuant avec une telle dette, bientôt, il nous sera tout simplement impossible de financer notre sacro-sainte protection sociale, nos retraites et les dépenses courantes de l'état. Mais cela ne fait rien, nous sommes en campagne électorale et demain, rassurez-vous, on rasera gratis.

Pire encore, un électeur sur six est aujourd'hui capable de voter pour un candidat comme Jean-Luc Mélenchon qui n'est qu'un tribun génial, rien de plus. Plus populiste que lui, plus dangereux que lui, cela n'existe pas. Promettre le SMIC à 1700 euros, c'est intelligent et c'est juste ce qu'il nous faut actuellement. L'immense majorité des employés deviendront des smicards, mais il risquera fort d'y avoir une très belle inflation, les employeurs n'ayant pas encore de planches à billet dans leurs caves. Que des électeurs pas trop au fait des mécanismes économiques puissent le croire, c'est une chose, mais je n'arrive pas à imaginer qu'il puisse lui-même croire en ses hérésies économiques.

J'ai beau regarder dans toutes les directions, il n'y a qu'une seule façon de sortir de la passe difficile dans laquelle nous sommes aujourd'hui, cela passe par un redémarrage de l'économie. Une fois que l'économie fonctionnera correctement, il sera temps d'augmenter les impôts, les taxes et les diverses contributions si nécessaire. Ne pas faire d'économies aujourd'hui en comptant sur une hypothétique croissance et une augmentation des impôts n'aboutira qu'à l'augmentation de la dette française. Mais ce discours ne fait pas rêver l'électeur qu'il faut à tout prix séduire. Seul François Bayrou a le courage politique de l'annoncer haut et fort et on voit à sa position dans les sondages que l'électeur ne veut surtout pas entendre ce discours.

Demain, donc, on rasera gratis une fois de plus. Chers électeurs, n'oubliez jamais que vous êtes collectivement responsables de la situation actuelle et que les promesses n'engagent que ceux qui y croient.

 

Pages: 1 ... 135 136 137 ...138 ... 140 ...142 ...143 144 145 ... 203

Avril 2024
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
 << <   > >>

Le carnet du grincheux

(Mauvaise) humeur du Grincheux

Outils utilisateur

    Rechercher

      Flux XML

    blogging software