Même à Paris

17.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers

Heureux propriétaire d'une ruine aux environs de Pompadour, en Corrèze, pas dans le 91, je suis assez attentif à la fermeture des bureaux de poste et des différentes lignes de transport en commun qu'elles soient ferrées ou routières. Jusqu'à ce matin, je croyais naïvement que seules les campagnes profondes étaient touchées. Je pensais même qu'il y avait autant de différence de traitement postal entre les grandes villes et la campagne qu'entre les paroisses parisiennes et les clochers ruraux.

Erreur.

Le bureau de poste présent sur l'avenue de Champs Élysées a définitivement fermé ses portes le 13 janvier 2011. La raison n'est pas sa désaffection puisqu'il accueillait en moyenne chaque jour près de cinq cents personnes, essentiellement des touristes. Il se trouvait au 71 avenue des Champs Élysées et était l'unique bureau de poste de l'avenue. Non, la raison en est l'augmentation des loyers. À la fin du bail, le propriétaire a simplement décidé de multiplier par cinq le prix du loyer, portant ce dernier à quelques cent mille euros mensuels. La poste n'a pu faire face. Ce qui connaissent ce bureau de poste se demanderont ce qui coûte aussi cher dans le loyer d'un tel local, même sur la plus belle avenue du monde. La plus belle avenue du monde. Encore un poncif éculé ! Cette avenue sera peut-être la plus belle avenue du monde une fois qu'on y aura retiré les papiers gras jonchant le sol, les gommes à mâcher maculant le trottoir et les diverses hétaïres professionnelles ou occasionnelles la ponctuant de leurs talons aiguilles et surtout les touristes japonais et les parisiens.

Cette fermeture pose deux problèmes de fond. Je laisse sciemment la fermeture d'un bureau de poste de côté car cela me semble assez accessoire au regard des deux autres problèmes. Comment le législateur peut-il laisser un propriétaire faire n'importe quoi avec un loyer lors de la reconduction d'un bail au même locataire ? Pourquoi la poste n'est-elle pas propriétaire de ses locaux ? Il est vrai que les locaux entraient dans le calcul de la taxe professionnelle, mais l'un dans l'autre, au vu de tels loyers, ne pas être propriétaire me semble absurde.

Bienvenue dans un monde moderne.

 

Tribunaux de commerce

15.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je ne sais pas si vous avez écouté ce matin l'émission économique de France Inter. Était interrogé un juge du tribunal de commerce de Paris, très fier de sa position et du rôle qu'il jouait. J'ai bondi lorsqu'il a parlé d'un dirigeant d'entreprise, visiblement une entreprise de fourniture de laboratoires photographiques, qui avait été mise en redressement et non en liquidation parce qu'il avait fait des efforts en vendant ses biens propres pour éponger une partie des dettes de son entreprise. Le juge en question a cru bon d'ajouter que les salariés de l'entreprise avaient aussi fait des efforts considérables.

J'aurais bien aimé connaître les efforts consentis par les salariés. Non pas qu'ils n'en aient pas fait, mais je ne suis pas sûr qu'ils en soient arrivés à vendre des biens pour éponger les dettes. Par ailleurs, il existe en France un principe de séparation entre les biens des dirigeants et ceux des entreprises qui semble de plus en plus bafoué, tout le monde trouvant normal qu'un chef d'entreprise en difficulté vende ses biens pour payer des salaires, voire pour payer les licenciements économiques.

Vous devez savoir aussi qu'un juge du tribunal de commerce est, pour simplifier, élu par les justiciables sous sa compétences, principalement les chefs d'entreprise. Pour être juge, il faut avoir le temps, donc avoir une affaire qui tourne toute seule. Ces personnes ne sont absolument pas représentatives de l'entreprise moyenne et n'ont pour la plupart d'entre eux aucune idée de ce qui se passe réellement dans une PME à l'heure actuelle. Pourtant, ils se permettent de prendre des décisions qui engagent l'avenir de ces entreprises. Et comme la plupart du temps, un demandeur est contraint d'élire domiciliation dans la juridiction du défendeur, que le juge est un notable du lieu connaissant peu ou prou le défendeur, il peut se passer des choses amusantes. J'en ai fait l'amère expérience. Je ne dirais ni où ni quand, mais j'ai été condamné à titre exécutoire et en dernier ressort, en tant que demandeur, lors d'une audience à laquelle je n'ai jamais été convoqué et sur la foi de faux en écriture du tribunal que j'ai pu prouver. Mais d'après la cour de cassation, un tribunal ne peut rédiger ni user de faux en écriture. Circulez, il n'y a rien à voir ! J'ai aussi pu assister à des audiences mémorables en province où des entreprises rentables, à cause d'un impayé et parce que la cour connaissait bien un repreneur potentiel ou un concurrent se sont retrouvées dans des positions très inconfortables. Pour un arrêté intelligent, combien y a-t-il de rendus biaisés ? Tous les tribunaux ne commerce ne sont pas celui de Paris. Dans les petites juridictions, tout le monde se connaît.

Il y aurait des sommes à écrire sur l'efficacité toute relative des tribunaux de commerce. La justice française est déjà dans un état lamentable — la plupart du temps en raison de l'attitude des juges qui provoquent l'engorgement des tribunaux et non d'un manque d'effectif, mais il est tellement plus simple de hurler au manque d'effectif que de regarder ses propres manquements —, mais en dehors des tribunaux des prud'hommes, il n'y a rien au fonctionnement plus biaisé que les tribunaux de commerce.

 

Responsabilités partagées

14.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers

J'entends de plus en plus autour de moi des personnes normalement constituées, c'est-à-dire avec deux bras, deux jambes et un cerveau pour signifier qu'elles existent, se demander ce qu'il faudrait faire pour sauver l'économie française. On va commencer par celle-ci parce que, franchement, je me contrefiche actuellement de l'état de l'économie des autres pays vu la situation alarmante du mien.

Vous devez le savoir, je suis chef d'entreprise. Le jour où je suis passé du statut de salarié au statut de profession libérale, j'aurais plutôt dû me casser une jambe. Mais qui pouvait le savoir, c'était bien avant la « crise » et jusqu'à son début, cela fonctionnait bien. Mon entreprise n'est pas exactement ce qu'il est convenu d'appeler une start'up et a fonctionné depuis sa création sur ses fonds propres. Nous avons aujourd'hui plusieurs produits sur catalogue à des tarifs tout à fait abordables, qui plus est des produits sans réelle concurrence et comblant un besoin identifié. Malgré des semaines de soixante-dix heures de travail, sept jours sur sept, et des produits primés à plusieurs reprises, je suis à deux doigts d'arrêter mon activité. Pourquoi ?

Si j'ai des produits sur étagère, il me manque un commercial. Aucune banque n'a voulu financer ne serait-ce que trois mois du salaire d'un commercial alors même que mon entreprise n'avait aucune dette. J'ai pris mon bâton de pellerin, visité toutes les agences bancaires dans un rayon de vingt kilomètres autour de mon siège social, je n'ai trouvé aucune banque capable de me prêter 40000 €. Des promesses, j'en ai eu. Des écrits, jamais. Quant aux dossiers, aucun n'a été monté correctement. Oséo m'a bien proposé 160000 € (cent soixante mille) dont je n'avais pas besoin, mais à la seule condition d'obtenir 200000 € (deux cent mille) de prêt bancaire. En mettant dix banques autour d'une table, je n'ai pu réussir à obtenir ce concours bancaire. Ma banque historique m'a tout de même fait une offre où elle me demandait sans rire pour me prêter 200000 € en vue du rachat du cabinet comptable que je détenais en nom propre (sic) une caution solidaire du double de la somme prêtée. Si ce n'était pas aussi tragique, j'en sourirais presque.

Courant 2009, la Coface a modifié les conditions des contrats d'assurance pour impayés. Grâce à cette modification des contrats dont personne n'a parlé, je me retrouve aujourd'hui avec plus de 100000 € (cent mille) de factures impayées et non contestées. Les deux tiers de cette somme sont actuellement en recouvrement au tribunal. Depuis dix-huit mois, la partie adverse ne se déplace même pas, ne conclut jamais, en est à sa quatrième injonction amiable de conclure et bénéficie toutes les six semaines d'un autre renvoi. Au bout de combien de non présentation de conclusions aurai-je une injonction qui ne soit pas amiable ou mieux une décision de justice ? Dire qu'après cela, il se trouve encore des juges pour dire que la justice est engorgée. Une telle affaire n'avait pas besoin d'aller au fond puisqu'aucune facture n'était contestée. Un référé aurait suffi. Pire encore, ce juge en question est déjà responsable de deux licenciements. À la fin de ce mois de janvier, il aura son salaire. Un autre de mes salariés sera peut-être au chômage parce qu'une fois de plus la justice française n'a pas fait son travail en temps et en heure. En effet, si la justice n'est pas pressée et remet toujours au lendemain ses décisions, l'URSSAF et les autres charges sociales n'en ont cure. Heureusement que la justice est aveugle; si elle ne l'était pas, je ne suis pas bien sûr qu'elle pourrait se regarder en face !

Pire, les sociétés d'affacturage me proposent aujourd'hui d'affacturer quelque dix pourcents du montant de mes factures en cours. Comme le recouvrement est fait dans le cas de l'affacturage par la société rachetant la créance, autant dire que ces sociétés d'affacturage ne servent plus à rien. Mais leurs tarifs n'ont pas été revus à la baisse. Je suis donc contraint à chaque impayé d'aller devant un tribunal pour obtenir paiement, et ce genre de procédure traîne deux ans pour une issue incertaine parce qu'il faut encore que le jugement soit exécutoire et en dernier ressort pour qu'il puisse être exécuté immédiatement. Entre temps, j'ai fourni de la trésorerie à d'anciens clients, argument irrecevable par une banque.

Vous allez me dire que je parle d'un cas particulier. Certes, mais la majorité des entreprises autour de moi subit le même genre de choses. Si on veut les sauver, il n'y a qu'une seule chose à faire mais aucun homme politique actuel n'aura le courage de le faire parce que cela signifiera qu'il perdra les prochaines élections tant le lobby de la finance est fort et qu'une campagne électorale coûte cher. Il faut nationaliser le secteur financier sans plus tarder. Pas seulement les banques, mais le secteur financier complet. De toute façon, si l'on parle d'économie française et que l'on se targue de pouvoir infléchir par des mesures politiques l'évolution de cette économie, il faut maîtriser la totalité du secteur financier qui est là au service de l'économie et non le contraire. Si le gouvernement ne nationalise pas le secteur financier, il faut limoger le ministre de l'économie puisque celui-ci ne sert à rien car il ne maîtrise pas le secteur financier qui fait la pluie et le beau temps pour des raisons souvent irrationnelles sur l'économie. Il faut aussi faire en sorte que tous les impayés soient recouvrables facilement et immédiatement, ce qui est du ressort du ministère de la justice et nettement plus facile à faire. Nos hommes politiques trouvent que c'est tellement utile que la prescription des dettes commerciales est passée le premier janvier 2011 de cinq à deux ans rendant encore plus difficile le recouvrement des créances.

Le sujet progresse. Pas dans le bon sens, mais il progresse ! Dormez tranquilles, vous qui avez encore un emploi. Mais pour combien de temps ?

 

Mais que fait la HALDE ?

13.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit, Haines ordinaires

Vous le savez sans doute, il y a un grand machin en France qui s'appelle la HALDE ou la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité et que l'on va saisir lorsqu'on prend une porte dans la figure et que l'on prétend que c'est une forme de discrimination envers les auvergnants ou les alsaciens. Je me demande depuis hier si je ne dois pas la saisir rapidement tant qu'elle existe encore.

Je m'explique. Si je n'ai aucun grand parent né en France ni même français pour cause de frontière approximative entre la France et l'Allemagne, j'arrive à me déplacer en banlieue parisienne sans qu'on me demande mes papiers à chaque coin de rue. Et quand bien même on me les demanderait, il faudrait encore que le demandeur ait une sacrée culture pour savoir que le nom écrit sur ma carte d'indentité n'est pas français.

Depuis trois bons mois, j'essaie de trouver des missions en freelance. En effet, chef d'entreprise, je suis confronté tous les jours que Dieu fait, et il en fait le bougre, à la crise financière qui ne va pas en s'améliorant, bien au contraire. L'activité principale de mon entreprise étant le logiciel de gestion de la clientèle, j'ai la fâcheuse impression d'être au bout de la chaîne alimentaire, le dernier servi, et comme mes clients n'ont plus d'argent, ils font des coupes sombres dans leurs budgets de fonctionnement. Je vois de plus en plus de grands comptes gérer leurs activités à grands coups de tableurs quitte à perdre un temps phénoménal avec un outil mal ou pas du tout adapté selon le vieux principe qu'un marteau, c'est tout de même très pratique pour enfoncer un clou pour qui n'a jamais vu un tournevis.

Donc, après avoir licencié un certain nombre de salariés car aucune banque ne veut aujourd'hui financer les PME françaises, je cherche à trouver une activité alternative purement alimentaire, le chef d'entreprise en particulier et le mandataire social en général n'ayant pas droit aux couvertures sociales comme l'assurance chômage. Non seulement il joue avec son argent, est redevable des dettes de son entreprise, mais il est encore pénalisé lorsque l'activité financière se retourne. Passons.

J'ai donc contacté depuis trois mois des cabinets de recrutement, des chasseurs de têtes, tout ce qui devrait me permettre de trouver quelque chose et je suis encore en train de chercher. Pourtant, je ratisse large et d'après toutes les personnes que j'ai eu en ligne, mon CV est impressionnant, allant de l'électronique analogique et digitale à l'informatique, programmation de systèmes d'exploitation, calcul scientifique et administration système de choses comme Unix et OpenVMS. Certaines offres tournent depuis plus de deux ans parce que les donneurs d'ordre cherchent des moutons à cinq pattes pour reprendre les termes d'un chasseur de tête. Comment trouver dans la même personne un spécialiste de Java et de la programmation système ? Ce sont deux métiers totalement différents. D'autres offres sont posées sachant qu'il n'y a aucun budget pour engager le candidat. C'est se moquer du monde, mais c'est presque le jeu et cela fait dire que les entreprises recrutent.

Souvent, je décroche des annonces qui me correspondent tout à fait et lorsque je téléphone, je m'entends répondre des choses surprenantes : le client n'accepte que des jeunes diplômés (comprendre des débutants incompétents, pas chers et parfaitement maléables pour leur faire faire des aberrations techniques qu'un ingénieur confirmé renâclerait à faire). D'autres demandent des astreintes 24h/24 avec une responsabilité énorme et pénale et offrent royalement 300 € TTC par jour. Ceux-là se demandent encore pourquoi au bout de six mois de recherche ils ne trouvent personne. Toutes les annonces qui touchent l'informatique bancaire ne concernent que les gens qui connaissent déjà le système bancaire, celui-ci tournant en vase clos. Les banques préfèrent des incompétents connaissant le milieu de la banque et des salles de marché plutôt que des ingénieurs compétents qui devraient tout d'abord comprendre comme tout cela fonctionne. Je me suis même entendu dire plus d'une fois que j'étais largement trop diplômé pour les postes en question. Une excuse comme une autre !

On sort de la crise, l'emploi repart. J'aimerais bien savoir comment ces statistiques sont faites. Que des offres existent, nul doute. Que le secteur bancaire recrute à nouveau à tour de bras, certainement. Mais qu'il y ait actuellement une embellie sur l'emploi des cadres est parfaitement faux sinon quelqu'un comme moi ne resterait pas trois mois à chercher des missions.

Si jamais vous aviez besoin d'un vrai technicien, d'un ingénieur de la vieille école, de ceux qui sont encore capables de mettre deux transistors tête-bêche sans les griller, de synthétiser des systèmes de traitement du signal ou de coder des applications informatiques ou des bouts de systèmes d'exploitation dans des langages aussi has been que le C ou le Fortran voire l'assembleur pour les cas les plus désespérés, je suis à votre disposition. Prière de m'envoyer un message privé pour toute demande de CV.

 

L'économie selon Madelin

12.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Je hais les financiers

Hier soir se tenait une émission de télévision suivie d'un débat sur la finance qui nous a envoyé dans le mur, sur la crise jugulée de 2007 et l'étincelle de 2008, la faillite de Lehman qui a été orchestrée pour des raisons politiques. En dehors d'une conclusion un peu bâclée, les propos tenus dans l'emission étaient intéressants.

En revanche, le débat était pour le moins biaisé. Étaient invités par David Pujadas un syndicaliste de Continental, Érik Orsenna, l'économiste Daniel Cohen, la trésorière d'un syndicat lycéen dont on se demande ce qu'elle venait faire ici et Alain Madelin, ancien homme politique et nouveau financier. Ce dernier n'a pas résisté à nous asséner quelques petites phrases entre deux gribouillages sur son bloc-note montrant à quel point il s'ennuyait. Il a même réussi à nous dire que la nouvelle économie, c'était le plein emploi, mais pas pour tous (sic).

J'avoue avoir beaucoup de mal à comprendre le raisonnement. D'une part, cela fait des années que les financiers brassent du vent à tel point que Monsieur Madelin devrait réfléchir à une séquence du reportage où un patron de PME signalait que son entreprise avait été valorisée par des banques financières à un milliard de francs alors que son chiffre d'affaire mensuel était de trente mille francs, soit moins que celui d'une pizzeria. La finance étant totalement décorrélée de l'économie, cela ne pouvait qu'exploser tôt ou tard, car la finance ne créant que la finance et non non l'emploi, l'édifice ne pouvait que tomber dès que quelqu'un serait contraint à payer. Les subprimes ont créé cette condition, mais si cela n'avait pas été les subprimes, une autre combinaison aurait créé l'étincelle. D'autre part, je n'arrive pas à comprendre la notion du plein emploi mais pas pour tous. Remarquez, j'ai déjà du mal avec la définition du plein emploi qui signifie que le taux de chômage est inférieur à 5%.

Je me suis pourtant accroché. Si j'ai bien saisi le raisonnement de Madelin, il est normal que la finance crée des bulles spéculatives qui explosent régulièrement et qu'il faut corriger cela par la croissance. Là, je bloque parce que justement, c'est cette croissance qui pose problème. Lorsqu'on regarde les choses en face, cette croissance, même en Europe, est différente d'un pays à l'autre, ce qui provoque des inégalités et provoque un certain nombre de délocalisations. Un tel système ne peut tenir que si la sacro-sainte croissance est la même dans tous les coins du monde et que le niveau de vie initial est identique, ce qui est parfaitement utopique. Quant à comparer comme il l'a fait la situation des années 50 et 60 à l'état actuel de l'économie, ce n'est qu'une aberration. Effectivement, la croissance était à 10%, mais l'inflation était aussi importante. Et je n'ai pas souvenir qu'il y ait eu de crise financière lors de cette période. Il n'y a pas eu de crise financière parce qu'on avait appris de la crise de 1929 et appliqué un certain nombre de règles qui ont toutes été abolies depuis. La finance s'est donc suffi à elle-même, n'ayant plus à s'appuyer sur l'économie.

Le problème actuel est que la finance n'a rien appris de la faillite de Lehman. Pire, les gouvernements ayant été contraints à son sauvetage, elle se permet aujourd'hui des opérations qu'elle n'aurait même pas espéré dans ses rêves les plus fous d'avant la crise. Et que fait-on ? Rien. Les gouvernements attendent, espérant que le système se régulera tout seul. Le secteur de la finance recrute à nouveau et à tour de bras depuis deux ou trois mois des ingénieurs spécialisés en logiciels et mathématiques financières. Les profits financiers sont à nouveaux exorbitants et les entreprises, surtout les PME, sont prises à la gorge, incapables de se financer. Elles n'ont plus qu'une solution, se mettre en veille ou aller chercher des investisseurs qui n'attendent qu'un retour sur investissement conséquent à horizon de moins de cinq ans, créant une cavalerie qui risque fort de voir disparaître un bon nombre d'emplois dans les prochaines années et de créer une nouvelle crise financière. Le cycle que l'on appellera le cycle Madelin se reproduira quasiment à l'identique.

Nous n'avons pas besoin de cela et il est grand temps d'agir et de réguler ce secteur financier devenu fou. Si nous ne faisons rien aujourd'hui, la crise est encore devant nous.

 

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