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Gilets jaunes

02.12.18 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Hier se tenait le troisième jour de grogne des « gilets jaunes ». Ceux-ci ont été visiblement accompagnés à leur corps défendant par des hordes de casseurs. J'ai pour ma part beaucoup de difficulté à croire que ces trois mille casseurs (selon la préfecture de police de Paris) aient pu passer impunément les barrages de police munis de lunettes de ski, de casque de moto et de barres de fer à tel point que je me demande si ce n'était pas voulu pour décrédibiliser une révolte populaire et dissuader le manifestant pacifique de rejoindre le mouvement.

De toute façon, ce mouvement n'accouchera pas de grand'chose pour plusieurs raisons. Ou plutôt ce mouvement aura des conséquences, mais des conséquences néfastes. Pourquoi ?

De ce que j'ai pu voir et entendre, les revendications sont assez disparates. Mais il en ressort quelques grandes lignes :

  • rétablissement de l'ISF et des impôts pour « les plus riches », reste alors à définir ce qu'est un plus riche, ayant entendu qu'« on m'avait dit que les plus riches allaient payer pour moi, je n'avais pas compris que le plus riche, c'était moi »;
  • arrêt de la hausse de la fiscalité ;
  • démission du gouvernement.

Le gouvernement fait la sourde oreille. Il ne le fait pas de gaîté de cœur, il ne le fait que parce qu'il n'a pas le choix. Cela fait maintenant quarante ans que l'on applique en France sur un terreau de collectivisme échevelé des recettes qui ne fonctionneront jamais parce qu'elles n'ont jamais fonctionné ailleurs et parce que ce sont les deux seules théories fumeuses qui sont inscrites dans les manuels d'économie de l'École Nationale d'Administration. Ces deux théories sont d'une part le marxisme et d'autre part le keynésianisme.

Le marxisme n'a jamais fonctionné nulle part non parce qu'on n'en a jamais fait assez, non parce qu'il fut dévoyé, mais parce que son hypothèse fondamentale est une erreur grossière. Le jeu économique n'est pas un jeu à somme nulle. En d'autres termes, ce qu'un riche possède, il ne l'a pas forcément volé à un pauvre. La lutte des classes s'effondre d'elle-même et tout le merveilleux édifice tombe à la renverse. Le marxisme, c'est un peu comme les sciences shadokes, la première pierre est de biais et, ensuite, tout est logique. Mais personne ne remet en cause les fondations de l'édifice.

Le keynésianisme a fonctionné une seule fois, dans un pays dans une situation très particulière qui n'est plus du tout celle des pays industrialisés modernes. Le keynésianisme a fonctionné au début des années 1930 dans un pays (les USA) qui n'avaient pas énormément d'infrastructures. Son multiplicateur entre les investissements publics et la croissance a eu quelques effets deux ou trois ans avant que la dépense publique mette l'économie américaine à genou et plonge le pays tout entier dans une crise profonde. Les USA ne sortiront de cette crise qu'avec la reprise insufflée par l'effort de guerre. Prétendre que les théories de Keynes ont relevé les USA est mensonger, ces théories n'ont donné qu'un bol d'air avant de détruire profondément l'économie à tel point que la population des grandes villes américaines mourait de faim.

Et comme des ceux théories n'ont jamais fonctionné nulle part, elles devront fonctionner en France. Nous le tentons depuis 1981, tant avec les socialistes de droite que ceux de gauche au pouvoir. Pire, dès qu'une réforme va dans un sens qui n'est pas celui du socialisme rampant, la population hurle à l'ultralibéralisme. Pourtant, la France est sans doute parmi les pays développés, l'un des plus éloignés du libéralisme et ce, qu'il s'agisse de sa conception de l'économie ou de ses institutions. Alors que sa constitution a pour objectif de circonscrire précisément les prérogatives de l'état, toutes les politiques menées sont faites pour étendre l'emprise de l'état au détriment de sa population, l'arme absolue de l'état étant la sécurité sociale qui n'est pas là pour être au service de l'assuré mais qui l'est pour asservir la population. Dans un pays où la moitié de la population ne paie pas le principal impôt direct qu'est l'impôt sur les revenus et qui attend ses allocations, la révolte n'est pas aisée. Quant à la réforme…

Certaines voix s'élèvent pourtant ça et là. D'aucuns parlent de la France comme d'une Union Soviétique en moins bien. Certains pays, ouvertement communistes, ont fait des études sur notre beau pays (sous la présidence Chirac) pour savoir comment le communisme pouvait perdurer dans le fonctionnement de l'état dans un pays moderne sans parti unique. D'autres encore considèrent que la France est avec la Corée du Nord et Cuba l'un des derniers pays communistes. Pourtant, ce n'est pas près de changer. L'Europe de l'est était séparée du monde libre par un rideau de fer, en France, ce rideau de fer est dans les esprits et nous n'avons aucun parti politique qui défende autre chose que le crypto-socialisme. Il ne faut donc rien apprendre de la classe politique, pas un de ses membres n'ayant pris la peine d'ouvrir un ouvrage de l'école de Wien, de Hayek ou de Friedman.

Ainsi, les seules solutions envisagées par le gouvernement sont des rustines. Plutôt que de baisser les taxes sur les carburants, il envisage des aides. Il faudrait donc lever des taxes supplémentaires pour aider les gens à payer les taxes de ceux qui ne peuvent plus payer les taxes de ceux qui n'ont plus le pouvoir de payer les taxes. Ça me paraît logique. Il faut des aides pour acheter des véhicules électriques. Les gens envoient un signal fort disant qu'ils n'arrivaient plus à vivre, il faudra qu'ils trouvent de quoi rallonger les aides en question pour acheter un nouveau véhicule. Encore une fois, c'est parfaitement logique.

Le gouvernement est donc totalement à côté de la plaque. Mais les manifestant le sont aussi. En effet, parmi les slogans répétés un peu partout, on peut entendre « rends l'ISF d'abord ». Pas facile d'expliquer à certains que l'ISF est un impôt contre-productif qui fait perdre en IR et TVA cinq fois plus qu'il ne rapporte. Il fallait supprimer l'ISF. Et surtout, il ne fallait pas créer l'IFI.

Il fallait supprimer l'ISF pour mettre la France au niveau de la concurrence fiscale des autres pays européen, rendre notre économie compétitive et attractive. L'ISF n'était qu'un boulet au pied de notre économie. Il fallait supprimer l'ISF car, contrairement à ce que certains pensent, sa suppression n'a pas profité aux plus riches qui pouvaient au travers de structures complexes y échapper. Le principal contributeur de l'ISF était la classe moyenne supérieure. Il fallait supprimer cette hérésie parce que l'ISF était basée sur le patrimoine détenu et ne tenait aucun compte du revenu. Même avec le bouclier, sans épargne, il fallait vendre ses biens pour l'acquitter. L'ISF était donc une expropriation, expropriation d'autant plus saumâtre que si le seuil de déclenchement fut relevé à 1,3 million d'euros, l'assiette n'a pas bougé et était toujours fixée à 780000 euros. Il fallait supprimer l'ISF parce que c'était le plus gros racket de la classe moyenne supérieure 340000 personnes payaient 5,5 milliards d'ISF chaque année, ce qui faisait une moyenne de 16000 euros par assujetti, seulement une moyenne. Un contribuable qui détenait 10 millions d'euros de patrimoine payait 98000 euros d' ISF par an, même s'il n'avait que des résidences secondaires et un revenu insuffisant pour payer l'ISF. Avant le plafonnement du Conseil Constitutionnel à 75 % (IR + CSG-RDS + ISF), certains contribuables ont payé plus de 100 % d'impôts sur leurs revenus, qui étaient donc intégralement confisqués à cause de l'ISF. Ils sont passés de 100 % d'impôts, voire bien plus, à 75 % de leur revenu confisqué. Il ne leur restait que 25 % de leur revenu. La gauche appelle cette spoliation la « justice sociale » et la « redistribution des richesses », mais pour que l'état les « redistribue » avec l'efficacité que l'on sait, il doit d'abord les voler à ceux qui les ont créées et qui les détiennent. Il fallait supprimer l'ISF parce que le patrimoine avait déjà été lourdement taxé lors de sa constitution. Il fallait supprimer l'ISF parce que cet impôt a entraîné une hémorragie de capitaux durant plus de 35 ans en affaiblissant considérablement l'économie française par défaut d'investissement et par défaut de consommation. Il fallait supprimer l'ISF parce que, au bout de 35 ans, nous avons pu voir que le principe de taxation des plus riches pour donner aux plus pauvres ne fonctionnait pas, notre économie étant aujourd'hui en voie de tiers-mondisation. Nous avons six millions de chômeurs, neuf millions de pauvres. Le bilan de l'ISF est donc largement négatif. Il fallait supprimer l'ISF parce que cet impôt pose de gros problèmes d'actionnariat dans les PME françaises. Beaucoup ont fermé, d'autres sont parties sous des cieux plus cléments. Je passe sous silence les détails, mais il fallait posséder des parts de capital à une certaine hauteur ainsi qu'un poste de dirigeant dans l'entreprise, poste payé à sa juste valeur (sic), bref, tout ce qu'il fallait pour planter une entreprise.

Pourtant, une bonne partie des manifestants appellent au rétablissement de ce qui les a créé le problème. Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit (livre IV de l’Histoire des variations des églises protestantes, œuvres complètes, éd. Vivès, p. 145). Et il risque de rigoler longtemps en contemplant la France.

Il n'y aura donc que deux solutions pour résoudre la crise et ne pas attendre, attentiste l'implosion finale :

  • taxer un peu plus la classe moyenne en espérant que tout rentre dans l'ordre et que cette classe moyenne ne descendra pas à son tour dans la rue ;
  • libéraliser réellement l'économie en dynamitant la sécurité sociale qui est le principal responsable de l'état du pays (son budget est deux fois celui de l'état avec le résultat que l'on sait).

La libéralisation de l'économie, qui permettrait à coût constat pour l'employeur et à protection constante pour le salarié, de passer immédiatement le SMIC à 1500 € nets ne se fera pas. On ne touche pas à un totem (pour le peuple) et un moyen de financement (pour les partenaires sociaux).

Le gouvernement ne peut pas réduire la pression fiscale d'autant que le déficit de l'état n'est pas de 3,2%. L'an passé, en calcul dépenses/recettes, il était supérieur à 11%. Une note récente de Natixis(  natixis_dette.pdf) indique qu'en cas de baisse de la pression, la note de la France (état et sécurité sociale) serait dégradée. Donc augmentation des taux d'intérêt et, comme nous empruntons pour payer les fins de mois, cela va très bien se passer.

Ainsi, le gouvernement ne bougera pas. Il donnera tout au plus à la marge de nouvelles aides qu'il financera en accablant encore un peu plus la classe moyenne supérieure. Il ne renoncera surtout pas à la fiscalité qu'il a déjà voté et à celle qu'il a voté depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes (taxe sur les abonnements téléphones…).

Et nous aurons comme en Italie aux prochaines élections deux partis en tête, la France Insoumise et le Rassemblement National. Nous l'aurons voulu. Et il nous faudra attendre l'implosion finale, ces deux partis ne pouvant strictement rien faire sinon achever ce qu'il reste d'économie.

Nous n'aurons peut-être même pas à attendre les prochaines élections. J'espère que vous n'avez que des dettes dans les banques parce que l'avenir n'est pas riant. En début d'année, je pronostiquais encore une implosion à horizon de cinq ans, je ne pensais pas que cela viendrait aussi vite. Nous y sommes.

 

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