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Achetez français
Sauf à habiter sur une île déserte complètement coupée du monde, vous avez dû entendre comme moi les appels au patriotisme commercial. Le mot peut sembler bizarre, mais entre le fait d'acheter français même si c'est fabriqué bien loin et le fait d'acheter étranger parce que c'est conçu en France, je m'y perds un peu. Autant tout regrouper dans le concept du patriotisme commercial voire mercantile.
Je veux bien défendre la chose. Pourtant, cet après-midi, ayant dû arpenter les rayons du Leroy-Merlin jouxtant Beaubourg puis du Bordel — pardon du Bazar — de l'Hôtel de Ville (un vieux souvenir de Jean Yanne), j'ai surpris un tas de ménagères de moins de cinquante ans, celles-là même qui d'après les récents sondages sont prêtes à acheter français même si c'est plus cher, acheter des cadeaux de Noël « made in China » parce que comprenez-vous la raison du porte-monnaie est toujours la plus forte. Plutôt que d'inciter les gens à acheter la production locale à l'aide de bons mots, il suffirait d'instaurer une taxe sur les produits en fonction des kilomètres parcourus. Les douanes savent parfaitement faire et, pour paraphraser Alfonso Capone à moins qu'il ne s'agisse de Brian de Palma, on arrive plus facilement à ses fins avec un mot gentil et un revolver qu'avec le mot gentil tout seul.
Quant au Leroy-Merlin en question, j'ai une anecdote parfaitement inutile mais toute fraîche et que je me dois de relater ici tellement j'aime le surréalisme. Je cherchais un profilé en polystyrène extrudé, un genre d'arcade pour masquer une différence de hauteur sous plafond entre un couloir et un salon. Cela s'appelle un cintre. Un brave type du magasin à qui j'ai demandé mon chemin pour trouver le bon rayon n'a eu de cesse de m'envoyer au rayon placard et penderie où d'après lui j'allais trouver mon bonheur. C'est-y pas beau la naîveté à ce point ? Un vrai conte de Noël.
Mais revenons à notre patriotisme commercial. La gauche et le centre s'en font les chantres, mais leurs visions sont subtilement différentes. La droite qui, contrairement à ce qu'elle dit, est encore plus bête que la majorité anglaise, s'arrange pour dire que non, ce n'est pas une solution, et que de toute façon, ce n'est pas possible, parce que, mon bon monsieur, avec la mondialisation, comprenez-vous c'est idiot. Je ne sais pas si vous avez bien compris, moi pas.
J'ai même entendu dire mercredi matin que si l'on fabriquait un ordinateur en France, il coûterait dix fois plus cher que celui qui est fabriqué en Chine. Alors là, je dois dire que c'est le plus bel argument que je n'ai jamais entendu. Le coût d'un ordinateur, c'est essentiellement le coût des composants. Le coût de l'équipe de conception est marginal. Quant à la fabrication, elle est totalement automatique et n'est plus faite comme dans les années 1950 et 60 avec des tas d'ouvriers qui soudent à la main des composants sur des plaques de bakélite ou sur des châssis. Le coût de fabrication d'un ordinateur en Chine ou en France est ainsi quasiment le même puisque seuls les coûts marginaux diffèrent. Je serai assez curieux que quelqu'un me chiffre la différence de coût de production d'une carte-mère incluant le transport jusqu'au revendeur ou à l'intégrateur entre une carte fabriquée en Chine et une autre à Orléans. Je suis sûr d'une chose, c'est que la différence ne sera pas d'un facteur 10.
6 commentaires
Bonsoir,
il me semble que la citation exacte d’Al Capone était ” on obtient plus de chose en étant poli et armé qu’en étant juste poli".
Mais quoiqu’il en soit cette maxime m’a toujours fait sourire :-)
Bonne soirée
Je faisais allusion à l’une des premières phrases de la version française du film “les Incorruptibles” de Brian de Palma. Au moment où, en se faisant couper la barbe, Alfonso raconte son enfance dans les bas quartiers…
« … ayant dû arpenté … »
Pourtant, tu ne manques pas d’R ;o)
Une chaîne d’assemblage automatique coûte moins cher en fonctionnement qu’une chaîne manuelle opérée par des ouvriers chinois, mais elle a un coût d’investissement et peut être obsolète très vite. En plus, vous avez encore des opérations non automatisables dans l’assemblage d’un ordinateur. Si ça coûtait moins cher ou même pareil de fabriquer des PC en Europe, il y aurait encore des usines, ne serait-ce que pour atténuer les coûts de transport ou bénéficier d’aides gouvernentales.
Pour tempérer ce que je viens de dire, lisez “Le scandale des délocalisations” d’Eric Laurent. Vous y trouverez des analyses étonnantes sur la question, et notamment sur l’évasion fiscale ou le chantage au marché intérieur soigneusement orchestré par les dirigeants chinois. Excellent bouquin que je recommande.
Vous croyez sérieusement que les chaînes de fabrication de PCB en Chine sont manuelles ? Ce qui est vrai pour de l’assemblage ou de la confection n’est pas vrai pour de l’électronique high-tech. Vous pouvez prendre le problème par tous les bouts, un ordinateur correctement conçu se monte sans aucune vis (voir pour cela les produits IBM) ou presque. Il faut moins d’une heure sans se presser pour monter une machine de gamme moyenne. Au tarif horaire français, le surcoût serait ridicule et on est loin de la multiplication par dix annoncée.
Tout ce raisonnement était vrai lorsque les ordinateurs étaient des choses affreusement compliquées à monter. Il y a une dizaine d’année, il fallait monter une carte-mère, une carte son, une carte graphique, un contrôleur de disque, une carte avec des ports USB, des câbles un peu partout, un lecteur de disquette, une carte réseau pour les modèles un peu évolués… Tout cela prenait effectivement du temps. Aujourd’hui, un PC standard est totalement intégré. On colle un carte-mère dans un boîtier avec un lecteur de CD et ça fonctionne. Il n’y a donc aucune justification économique à construire un ordinateur en Chine.
Une partie de ma famille a monté, il y a bien longtemps, une société de haute couture. Ils externalisent à bloc vers l’Asie dont la chine et aussi une partie de l’Amérique du sud, tout ce qui relève de la production. Pour quelles raisons ?
Des tas. Certes le coût de la main d’oeuvre. Mais plus généralement le moindre coût de tout le dispositif de production (individus, machines), le laxisme du droit social et économique des dits pays, leur tolérance tout à fait criminelle vis à vis des industries polluantes (le textile est très polluant).
Il y a bien entendu des ouvertures de marché, des chantages économiques mais aussi politiques. C’est de la haute stratégie.
Mais ce qui domine toutes ces considérations, c’est la fiabilité. Il faut être au plus près de l’activité pour s’en convaincre. Faire une fringue de haute couture en petite série n’est pas une mince affaire. C’est très technique et on ne peut se payer la moindre défaillance dans la gestion des flux logistiques.
Or, sans sombrer dans la généralité outrancière, travailler avec des sociétés françaises, italiennes ou espagnoles relève du cauchemar. Quand on donne un plan de production avec une échéance dans la livraison du produit, c’est très précis. Au début, cela semble tellement évident qu’on ne vérifie pas ce que fait le sous-traitant. Il faut avoir au téléphone un italien pour comprendre ce qu’est une véritable envie de meurtre quand on se rend compte qu’il n’a jamais encore simplement ouvert les plans de fabrication quelques jours avant la date de livraison.
Avec les chinois, il n’y a jamais de problèmes. Le Brésil et, curieusement, des pays comme le Chili ou le Mexique deviennent très fiables. Avec les autres, oh misère !
L’Afrique ou le Maghreb, je n’ose pas en parler. C’est la quatrième dimension. Autant chez nos voisins sudistes qui nous plantent sans vergogne, tu sens tout de même une once de culpabilité, avec le continent africain, tu as carrément l’impression qu’ils n’ont pas la même notion du temps.
Pour avoir un ordre d’idée, un parallèle. Tu as un patient avec sa carte CMU. C’est prédictible à 100% : le mec va arriver avec 2 ou 3 heures de retard, si il vient le bon jour, et ça c’est pas gagné. Il va puer comme une charogne. Il n’a bien entendu fait aucune analyse prescrite. Et par dessus tout, il est très agressif.
Y’a plus fort. Les stages “out-door” pour les cadres étant passés de mode, je propose bien mieux. Examinons la fiabilité dans le domaine de l’accouchement. Tu te fais copain avec un obstétricien quelconque et tu demandes à assister à un accouchement. Mais tu lui demandes aussi une faveur : une famille Malienne. Bon, la veille tu vas avec lui voir la petite famille et tu leur fait jurer qu’ils ne vont pas gaver comme une oie la future mère avant l’accouchement. Ils jurent. Ca, pour te donner leur parole, ils vont te la donner. Mais ils vont gaver la dame quand même.
Le lendemain, au moment fatidique, tu te mets bien à côté du copain accoucheur. Je ne te raconte pas ce qui va t’arriver dessus !
N’y voyez pas de considérations racistes exagérées. Tous ces glands ont peut-être une façon de vivre bien plus humaine que notre cynisme occidental bon teint. Ils sont certainement bien moins impliqués que nous dans des massacres de masse. J’accepte toute critique.
Mais surtout, ne me demandez pas de travailler avec eux ! Quand je dis 9h00, c’est pas 9h30. Un chinois le comprend. Les autres arrivent avec leur gueule enfarinée et leur grande tape dans le dos et ça, je ne supporte plus depuis longtemps.
L’énervement, le stress permanent de se voir planter régulièrement pousse à généraliser. Un italien qui te fusille une production, ça passe mal. Mais quand tu as une loi des séries, eh bien tu fais un sort à tous les italiens.
Si tu as un pote toubib, demande-lui ce qu’il pense des CMU, normalement il devrait te dire : “Oh putain…”
