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Hygiaphone

21.08.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit

Je me suis toujours demandé quelle était la réelle utilité de l'hygiaphone. En effet, enfant, je voyais mes parents parler directement au caissier de la Caisse d'Épargne, au guichetier de la SNCF et à tout un tas d'autres préposés derrière des guichets quelconques. Il ne serait venu à personne l'idée saugrenue de leur cracher à la figure.

Ce matin, je suis allé à la sous-préfecture de Brive-la-Gaillarde et j'ai enfin compris l'intérêt de l'hygiaphone. Je m'y suis rendu contraint et forcé, je dois le dire, car même si je ne suis pas encore atteint de phobie administrative, j'évite ces endroits comme la peste. Je tiens à ce qu'il me reste de santé mentale.

Ce matin, donc, j'allais à la sous-préfecture pour demander la copie de l'insertion au journal officiel de la création d'une association dont je suis le président. En effet, sans ce papier, impossible d'ouvrir un compte en banque et il a fallu plus de trois mois à la Poste pour me donner cette information, le recepissé de création ne leur suffisant pas. Admettons, si ce n'était pas totalement idiot, ce ne serait pas un règlement.

À la sous-préfecture de Brive, donc, j'avise la personne sous le panneau « formalité des associations » et je lui demande une copie de cette parution. Que n'avais-je pas demandé ? Dans un premier temps, la réponse fut négative parce que comprennez-vous je devais avoir reçu ce papier par courrier. Sauf que non, et que si je prends la peine de faire quatre-vingts kilomètres pour obtenir une copie du papier en question, c'est qu'il ne m'a jamais été adressé ! Mais allez prouver à une administration bornée qu'un papier envoyé en courrier lent n'est jamais arrivé. Personne ne peut même me garantir qu'il m'a seulement été envoyé un jour !

En insistant un peu, j'arrive à contraindre ma charmante interlocutrice vacataire d'aller voir son chef de bureau pour qu'elle daigne me fournir une copie de ce papier. Naturellement, je lui explique les désagréments provoqués par la carence administrative qu'une fois de plus je subis. Rebelote, on me dit qu'on ne me fournira rien parce que j'ai dû recevoir le document par courrier. Il n'y a vraiment pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

J'ai essayé durant plus de quarante-cinq minutes à obtenir un entretien avec un responsable de ce taudis administratif. Je l'ai fait parce que derrière ma charmante interlocutrice se tenait la charte de l'accueil par le personnel adminsitratif, en restant courtois malgré l'envie irrépressible de balancer des baffes pour les obliger à faire leur travail, juste leur travail, rien que leur travail.  Je n'arrive qu'à obtenir une réponse du style : « la personne pouvant pour obtenir une copie du document est en vacances, revenez la semaine prochaine ». Autant vous dire que ce responsable du bureau a refusé de me rencontrer. Cela l'aurait sans doute obligé à trouver une solution à mon problème en sortant de sa sieste estivale. Je menace d'aller directement me plainde chez le sous-préfet qui était en pleine réception dans son jardin. Là, le chef de bureau me fait dire par l'intermédiaire de la petite vacataire tremblant derrière son guichet qu'il n'a pas les codes d'accès au système informatique. En plus, cette responsable de service me prend pour un imbécile. Et jamais elle n'a eu le courage de s'exposer directement à moi.

À ce moment du récit, reprenons un peu les choses dans l'ordre. Je crée une association tout ce qu'il y a de plus bête. L'administration oublie de m'envoyer une copie de la parution au journal officiel. Mais dans sa grande bonté, elle n'omet pas de m'envoyer la facture de cette parution et râle parce que j'ai un peu tardé à la payer, n'ayant aucune possibilité de règlement du fait de son premier manquement. Et là, on m'explique gentiment que je n'ai qu'à revenir puisque tout s'arrête du fait d'une seule personne en vacances et que ce n'est pas de la faute de l'administration. Jamais. Sauf que j'ai des frais à payer. Des frais d'huissier de justice, d'avocats, et il faut que je leur explique qu'il m'est impossible de les régler parce que quelqu'un, dans un oscur service administratif, n'a pas fait son travail. Quelqu'un qui sera de toute façon payé à la fin du mois, qu'il ait fait ou non son travail et qui ne sera jamais responsable de rien.

L'administration est donc une chose exceptionnelle. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Que le responsable du bureau des associations prenne des vacances, c'est son droit. Mais qu'on n'aille surtout pas me faire accroire que cette personne, sans doute à l'échelle la plus basse de la hiérarchie guichetière sous-préfectorale, ne puisse être remplacée durant ses congés. Et qu'on ne me fasse surtout pas croire non plus que personne n'a accès à l'outil informatique en son absence.

À moins que ce non remplacement ne soit là que pour donner une certaine importance à cette personne et un pouvoir de nuisance certain. Je vois décidément le mal partout.

Quant à moi, je comprends que l'hygiaphone ne protège pas les guichetiers des miasmes des courageux administrés qui se perdraient devant eux. Il faudrait rebaptiser baffophone cet accessoire assez oublié mais nécessaire à toute administration qui se respecte puisque sa fonction première est tout de même d'empêcher l'administré de filer des baffes aux guichetiers pour leur demander de faire leur travail. Rien que leur travail qui est entre nous payé par nos impôts et par toutes les taxes ponctionnées ici et là pour tous les documents administratifs. Et en France, nous en avons des piles.

Le jour où je verrai un fonctionnaire fonctionner (hors enseignants et personnel soignant), je n'irai pas jusqu'à l'empailler pour qu'il serve de mètre-étalon de la puissance de travail dans l'administration, mais je serai enfin enclin à défendre le service public qui est pour l'instant au mieux un sévice public. Au pire une honte indescriptible où la responsabilité et l'envie de travailler sont tellement dilués que plus personne n'est au service des administrés.

 

2 commentaires

Commentaire de: Henri

J’ai vécu la même chose avec la Poste pour une association.
Quant au “service” des associations en préfecture, il me semble que c’est le service où l’on met les spécialistes des cocottes en papier. D’autres services fonctionnent très bien.
Mais j’ai constaté que quand des services passaient de la préfecture à la mairie, le service s’améliorait beaucoup.

Positivez… Brive c’est plus gai que Tulle. Et aujourd’hui vous pouviez aller au marché.

22.08.15 @ 09:36
Commentaire de: Le Grincheux

Le pire est que ce document est disponible depuis peu en un clic sur internet sans mot de passe…

31.08.15 @ 10:05


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