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Mécanique (presque) amusante

11.06.18 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

J'aime assez tripatouiller dans la mécanique. Mais jusqu'à présent, je ne faisais que dans la mécanique à essence. Un moteur à essence, c'est propre. Il peut bien y avoir quelques fuites d'huile ici ou là, mais globalement, ça reste propre pour peu que cela soit raisonnablement entretenu.

J'avoue, si la 2CV ne m'a jamais posé de problème, je me suis déjà énervé sur ma DS23 injection parce que c'est tout de même un délire d'ingénieur entre l'hydraulique, l'injection et le gros moulin rugueux et agricole de 2347 cm3. Mais je pense ne jamais m'être énervé comme j'ai râlé sur un MF 825.

Le Massey-Ferguson 825 est un tracteur du début des années 1960. Il développe 25 ch à la prise de force, ce qui est pas mal du tout pour son moteur Perkins A4.107 de seulement 1760 cm3 à injection indirecte, la meilleure si l'on en croit Perkins. Et il fait cela avec un appétit d'oiseau puisqu'il consomme quatre litres de carburant par heure à pleine charge. Il n'a qu'un problème, il faut lui changer quelques joints. Typiquement quelques joints spi et papier. Pas grand'chose, mais il faut le faire et je ne suis pas équipé pour cela. Cela fait bientôt deux ans que je cherche sans trouver. Pourtant, des concessionnaires de matériel agricole, il y en a beaucoup par chez moi. L'an passé, j'ai eu un devis pour plus de 2000 € TTC. Naturellement, j'ai refusé, il ne faut pas me prendre pour un idiot.

Cette année, j'ai trouvé un mécanicien agricole qui veut bien me changer ces joints, mais il demande que je lui amène l'engin. Je découvre horrifié que le réservoir de carburant était totalement vide. Je le remplis, réamorce les deux pompes et donne un coup de démarreur. Le moteur démarre normalement à froid, tourne quelques instant puis cale. Je tente le redémarrage, rien à faire. Normalement, un moteur Perkins fume blanc au démérrage (gasoil imbrûlé). Là, rien. Mais on avait bien l'échappement des seules admissions d'air.

Je vérifie la première pompe destinée à gaver le filtre à gazoil. Elle fonctionne. Je nettoie le filtre à gasoil. Il est comme neuf. Je vérifie que le carburant arrive de l'autre côté du tracteur à la pompe à injection. C'est bon. Or rien n'arrive aux injecteurs. Il va donc falloir en passer par le démontage de cette pompe en évitant de la déposer pour ne pas refaire un calage de la pompe et de la distribution.

Première étage, acheter une pochette de joints pour une pompe Rotodiesel DPA. Pour 30€ sans les frais de port, la pochette complète est arrivée en 24 heures. C'est un tracteur, pensé-je, ça doit être accessible. Grossière erreur, pour accéder au capot de la pompe, il faut démonter les tuyaux des injecteurs 1 et 2 ainsi que l'échappement. Je soulève le capot, le satané ressort reliant le régulateur au levier d'accélération se fait la malle. Je savais bien qu'il était là et j'avais pourtant fait attention. Le problème n'est pas qu'il soit parti, le problème est que je n'ai pas pu voir dans quel trou il était enfiché. Heureusement, j'ai trouvé un document constructeur indiquant que si le quatrième chiffre du numéro de série est un 4, le ressort soit se fixer dans le trou central du levier et le trou le plus haut du régulateur. Ça tombe bien, côté régulateur, c'était le cas. Je démonte, je nettoie, je change les joints, y compris les joints toriques des leviers qui sont vraiment tordus à remettre. Je remonte. Idem pour la pompe intermédiaire sur l'axe. J'en profite pour changer un filtre à gasoil sur l'arrivée de la pompe. Même chose que la pompe haute pression avec changement des joints en liège. Naturellement, au passage, comme il est impossible de purger le système, je mets du carburant un peu partout. Et le gasoil, ça ne s'évapore pas.

En faisant tourner le démarreur, je constate maintenant que du carburant est éjecté par la pompe. Je rebranche les injecteurs et l'échappement, ne voulant pas qu'un tel moteur fonctionne en échappement libre. Il y a un filet blanc qui sort du pot, mais insuffisant pour démarrer. Je purge donc la pompe à injection et je remets encore un peu de gasoil sur le sol. Rien n'y fait.

Je lâche l'affaire, je viens de passer trois heures sur le bestiau et il se fait tard.

Ce matin, je charge la batterie pour être sûr que le démarreur entraîne assez vite le moteur pour le faire démarrer. Il s'agit, je vous le rappelle d'un diesel sans réel préchauffage. Batterie chargée, je lance le démarreur. Une fumée blanche faiblarde, mais vraiment faiblarde. Les injecteurs doivent être encrassés eux aussi. Mais alors, je n'ai aucune envie de démonter la rampe à injection. J'insiste un peu et au bout d'une dizaine de seconde,  il y eut un grand nuage blanc qui est sorti du pot et l'engin s'est mis à tourner sur ces quatre pattes.

Moralité : remise en état 30€ et moins de quatre heures de main d'œuvre. Lorsqu'un professionnel se permet de demander 2000€ pour cela, c'est soit qu'il n'a pas faim, soit qu'il prend les gens pour des imbéciles, soit encore qu'il n'a aucune envie de travailler.

Mais qu'il est vraiment doux d'entendre le son rugueux du Perkins le soir au coin d'une grange.

 

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