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Le prix à payer

29.09.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit

« La politique n'a pas de prix, mais elle a un coût. » Certes, elle est dure, cette phrase de Luc Chatel, ce mercredi 1er septembre 2010. Elle est d'autant plus dure qu'elle a été dite à 8h28 sur France Inter.

Elle est même tellement dure qu'il m'a fallu presqu'un mois pour en tirer la substantifique moëlle. On voit percer sous cette phrase de marketteux l'ancien chef de produit de Loréal. Dans mon dictionnaire qui fait référénce, je ne trouve que deux acceptions à l'entrée coût :

  • prix de revient ;
  • au fig., péj. Conséquence désagréable d'une erreur, d'une faute.

On ne peut pas prétendre que cela aide la compréhension de cet aphorisme. Tout au plus peut-on comprendre que la politique est la conséquence désagréable d'une faute. Ce n'est pas vraiment clair et je cherche donc à l'entrée prix où je peux lire :

  • somme d'argent contre laquelle s'échange un bien ou un service ;
  • somme d'argent convenue entre celui qui propose et celui qui acquiert un bien ou un service ;
  • ce qu'il faut payer ou faire pour acquérir, obtenir quelque chose ;
  • vieilli. Ce par quoi l'on récompense un mérite ;
  • récompense décernée au terme d'une sélection, d'une compétition ou d'un concours au plus méritant, à celui qui se distingue parmi les concurrents.

Là, ça s'éclaire un peu. La politique n'a pas de prix parce qu'il s'agit d'un truc incapable de récompenser un mérite. En d'autres termes et si je suis bien la pensée du ministre, les hommes et les femmes politiques participent aux seuls concours — les élections — qui ne récompensent pas les plus méritants.

En mettant bout à bout les deux propositions, on voit donc que la politique est à la fois incapable de récompenser un mérite, mais aussi qu'elle résulte d'une faute. Il faut donc avoir une belle motivation pour y faire carrière. Que dis-je, avoir une philanthropie particulièrement développée, vouloir tout le bien du monde et même plus à autrui.

Aujourd'hui, ce n'est hélas plus que théorique. La cinquième république vient de fêter ses cinquante ans et force est de constater qu'elle a assez mal vieilli. Partir du Général pour accoucher du porteur de talonnettes est une prouesse qu'il faut souligner. Mais à sa décharge, remplacer le septennat par un quinquennat ne pouvait pas arranger les choses. Il était pourtant assez évident que la concomitance des élections présidentielles et législatives aboutirait à une présidentialisation accrue et que le vrai chef de la majorité parlementaire serait à présent le président de la république et non plus le premier ministre qui devient une espèce de potiche. La séparation des pouvoir a pris sérieusement du plomb dans l'aile et les abus sont de plus en plus courants car de plus en plus faciles.

Dans les années 70 et 80, il y avait bien des délits d'initiés, des emplois fictifs, des fausses factures ou des marchés truqués. Mais ça ne se faisait pas au vu et au su de tout le monde, cela se faisait dans les salons feutrés, entre gens du même monde. Aujourd'hui, tous ces abus se font publiquement. Cela doit être ça, le prix de la politique…

 

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