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Il s'appelait Vincent

04.09.10 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les tradis

Fin juin 2010, il s'appelait Vincent. Début septembre, il est devenu Martine. Un professeur de sciences physiques — il en existe heureusement encore quelques uns — a décidé d'aller au bout de sa démarche et de changer de sexe.

Jusque-là, quelque chose de banal et finalement d'assez sain. Problème, cette personne est un membre du corps enseignant du lycée catholique Saint-Dominique de Saint-Herblain, en Loire inférieure, pardon atlantique.

Loin de condamner la démarche de cet enseignant transsexuel, le directeur de l’établissement d’enseignement catholique, Dominique Foucault, a écrit aux parents d’élèves quelques jours avant la rentrée pour les informer de la situation en déclarant que « ce changement d’identité est un cheminement personnel qui s’impose à nous et [que] nous n’avons pas à nous positionner là-dessus » . Pour le directeur, seuls comptent le travail au quotidien et le professionnalisme de cet enseignant.

Le directeur diocésain de l'enseignement catholique respecte ce choix. La position du diocèse est même applaudie des deux mains par le centre gay et lesbien de la région.

Cette évolution est nécessaire, mais c'est sans compter avec les réactionnaires à poil dur et idées courtes. J'ai trouvé pour vous une analyse d'une profondeur exceptionnelle provenant du site perepiscopus. J'ouvre les guillemets avec des pincettes :

 

Nos évêques doivent vraiment réformer l'enseignement catholique

Un professeur de sciences physiques d'un lycée privé sous contrat et soit-disant catholique de la banlieue nantaise a changé de sexe au cours de l'été. "Vincent" en juin dernier, lors de la sortie des classes, était devenu "Martine" le jour de la rentrée. Et cela ne pose aucun problème aux responsables de l'enseignement catholique, y compris à l'évêque de Nantes, Mgr James.

Le directeur du lycée Saint-Dominique de Saint-Herblain, Dominique Foucault, a indiqué avoir transmis, en lien avec l'Association des parents d'élèves de l'enseignement libre (APEL), un courrier aux parents d'élèves pour les informer de la situation avant la rentrée.

"Ce changement d'identité est un cheminement personnel qui s'impose à nous, et nous n'avons pas à nous positionner là-dessus".

Une représentante de l'APEL du lycée a estimé qu'il s'agissait

"d'un choix personnel parfaitement légitime et nous avons cherché à l'accompagner afin que cette rentrée se passe de la meilleure des manières".

Une psychologue de la direction diocésaine est également intervenue sur place le jour de la rentrée.

Interrogé dans Zénit, Mgr Tony Anatrella vient justement de dénoncer cette idéologie du genre, qui veut que chacun se construise sa propre sexualité :

"Nous sommes en pleine illusion narcissique de croire que l'homme se crée lui-même en étant sa propre référence. C'est le péché de l'esprit par excellence, le péché originel toujours en acte."

Laisser faire cela dans un établissement c'est faire violence aux enfants, qui plus est dans un établissement catholique. C'est un mensonge de la pire espèce, puisqu'il scandalise les plus petits.

Il est temps de fermer cette logorrhée diarrhéique classique de la dialectique de cette frange du catholicisme. Lorsque je lis ce genre de prose, j'ai honte d'être catholique. Par ailleurs, je vous conseille de chercher quelque information sur la biographie de Tony Anatrella s'il en reste encore des traces. Je ne serai pas plus explicite, je n'ai pas envie d'essuyer une plainte pour diffamation, mais entendre ce prêtre prendre position sur cet acte est un délice de fin gourmet.

Plusieurs choses me dérangent. Comprenez-moi bien, je n'ai rien contre les personnes qui décident de changer de sexe parce que cette décision n'est certainement pas facile à prendre et est l'achèvement d'un processus long et souvent douloureux. Que l'on mette dans le même sac des personnes qui osent changer de sexe avec des homosexuels me semble aussi bizarre puisqu'il ne s'agit pas du tout de la même démarche ni de la même souffrance, pour peu qu'être homosexuel soit synomyme de souffrance, ce qui reste à démontrer.

Décider de changer de sexe puis passer à l'acte n'est pas quelque chose d'anodin. En France, l'opération est sérieusement encadrée et cela ne peut pas se faire sur un coup de tête. Des psychologues suivent la personne sur plusieurs mois voire années avant de donner un avis, en pleine connaissance de cause, quant à l'opération. Je trouve personnellement sain le cheminement de cette personne. Je n'ai aucune idée de sa souffrance ou de ses tourments lorsqu'elle s'appelait Vincent, mais j'ai toutes les raisons de croire que ce changement d'idendité a été bénéfique et sera aussi bénéfique pour ses élèves puisqu'il s'agit d'accorder l'esprit de cette personne à son apparence et à son sexe. Il ne peut qu'en résulter un apaisement intérieur.

Par ailleurs, j'aime assez le terme « les plus petits », puisqu'il ne faut pas l'oublier, on parle de lycéens qui en ont déjà vu certainement bien d'autres.

Vue par le petit bout de la lorgnette, la réaction de la frange dure du catholicisme revient à dire qu'un lycéen est quelqu'un de totalement immature, ce qui est déjà gênant, mais aussi qu'il vaut mieux qu'une personne passe sa vie à souffrir plutôt que de résoudre son problème, ce qui est pour le coup proprement inadmissible lorsque l'on se targue de parler de charité chrétienne. Et cette frange nimbée d'imbécillité crasse ne songe même pas à ce qui aurait pu se passer si cette personne n'avait pu changer de sexe. Quelles auraient été les conséquences sur sa vie, sur son psychisme et donc sur ses qualités d'enseignant ?

Traditionalistes de toute obédience, réactionnaires obtus, j'attends avec une impatience certaine et non dissimulée vos arguments.

 

2 commentaires

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Commentaire de: batou
batou

attention d’après le site :

http://www.stdominique.com

il s’agit bien d’un établissement école + collège + lycée donc parler des touts petits n’est pas une aberration … sauf que ca doit être bien segmenté et que les écoliers ne sont sans doute pas en contact avec un prof de physique qui enseigne soit au collège, soit au lycée. Enfin s’il reste de la physique dans le programme des collégiens :o)

Et ca ne change rien sur le fond … Ceci dit j’ai été heureusement surpris par la réaction de cet établissement, c’est à mettre en parallèle avec une affaire qui a lieu ailleurs en Europe et où l’enseignant a été suspendu … le temps que l’état trouve une solution. Donc dans le public. Ca fait rêver …


04.09.10 @ 11:21
Commentaire de: Blanche Neige
Blanche Neige
****-

J’en viens à penser que ce qui choque certaines personnes disons “conservatrices” c’est le fait que ce soit chose publique. Changer de sexe est forcément quelque chose qui devient public. Cela se sait. Si cette personne était restée avec sa souffrance, son malaise à tout le moins, tout le monde s’en serait tamponné le coquillart, à commencer par les conservateurs bons chrétiens du dimanche. “On ne parle pas de ces choses-là, ma p’tite dame". Pareil pour un divorce. Ce qui choque, ce n’est pas que les époux se gueulent dessus toute la sainte journée, ni qu’ils s’envoient assiettes et marteaux à la gueule, devant les enfants ("ah c’est bien triste ma p’tite dame, mais circulez, ya rien à voir") ce qui choque c’est que ça se sache. Or en divorçant, on officialise un échec, on le publie. Et tant pis pour la charité qui commande de secourir les malheureux quitte à ce que les bonnes gens en soient choqués.

Ça me rappelle comment Marie de Médicis faisait la leçon sur le sujet à une dame de l’aristocratie italienne (rien moins qu’une Sforza) connue pour sa mésentente conjugale dans toute l’Europe. Chose tordante quand on savait qu’entre Henri IV et Marie de Médicis la vaisselle aurait volé bas si elle avait été cassable, tandis que les injures volaient haut. Et ça faisait bien jaser à la cour (imaginez l’ambiance dans la cour du Louvre quand on entendait par la fenêtre les querelles conjugales, la reine piailler en italien et le roi répondre en jurons gascon pour le plus grand divertissement des passants)…

Ou l’Église de France a recruté de sérieux spécialistes de la com, ou bien on aborde des temps nouveaux au cours desquels l’Église va à nouveau oser rompre avec les conventions. Dans tous les cas, ça ne va pas arranger les relations des cathos conservateurs avec l’Église, bizarre, bizarre… moi qui croyais que c’était dans l’air du temps d’être conciliant avec les extrémistes.

Comment me disait-on récemment à propos d’un projet de divorce dans un milieu traditionaliste ? “le bien ne fait pas de bruit"? Les mêmes personnes préfèrent sans doute quand le mal n’en fait pas non plus.

05.09.10 @ 15:44


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