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Les jeunes ont les problèmes qu'ils peuvent...

01.11.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais l'informatique, Vieux con, Haines ordinaires

La carte musique… Il fallait bien qu'on nous l'invente. Vous avez entre 12 et 25 ans ? Vous voulez télécharger de la musique de jeune ? Courez sans plus tarder vous inscrire pour obtenir la carte musique mise en place par le gouvernement français !

J'ai déjà tiqué lorsqu'on nous a parlé de licence globale permettant de télécharger tout et n'importe quoi sur internet. Personnellement, je n'ai jamais téléchargé d'œuvres soumises à droit d'auteur et je ne vois pas par quel tour de passe-passe je serais obligé de verser une taxe supplémentaire à la SACEM pour m'octroyer généreusement un droit que je n'utiliserai jamais.

J'ai aussi eu beaucoup de mal à accepter la taxe sur les supports numériques (CD ou DVD à graver, cartes mémoire, disques durs) car les miens ne comportent que des programmes et non la bouille infâme sortie du gosier d'un décérébré en mal de reconnaissance artistique ou prétendue telle.

Là, on nous invente la carte musique. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, la carte musique est destinée à amener les jeunes à découvrir l'offre de musique légale sur internet. Elle permet aux internautes de 12 à 25 ans d'acheter jusqu'à 50 euros de musique sur une sélection de plates-formes d'écoute ou de téléchargement de musique sur internet. Ils ne paient toutefois que 25 euros, le solde étant apporté par l'état. Ce dernier va consacrer 25 millions d'euros par an pendant deux ans à ce projet.

Donc, si j'ai bien compris, le jeune — qui grâce à Mitterrand, celui de l'observatoire, pas celui de la villa Medicis, ne payait déjà pas de vignette moto, il faut le comprendre, le jeune a des problèmes à sa taille — a obtenu un rabais de 50% sur le coût de sa musique de jeune, les 50% restants étant généreusement offerts par l'état, c'est-à-dire par vous et moi, heureux contribuables que nous sommes.

Et à qui va profiter cette subvention ? Aux plates-formes de téléchargement, principalement à iTunes et donc à Apple qui occupe 70% du marché français. En d'autres termes, le gouvernement français est en train, sous couvert de rester cohérent avec le grand machin HADOPI, de subventionner les plates-formes de téléchargements hébergées à l'autre bout du monde et détenues par des groupes qui n'en demandaient pas tant.

Vous allez me rétorquer que 25 millions d'euros, ce n'est pas beaucoup. Effectivement. Mais ces 25 millions d'euros auraient certainement été mieux utilisés ailleurs, en tout cas auraient pu être utilisées plus judicieusement qu'à fond perdu.

Et tout ce bruit pour quoi ? Parce que les majors ou prétendues telles ont peur. Leurs chiffres d'affaire diminuent d'année en année. Globalement, c'est vrai, mais il faut regarder ces chiffres en détail. Seule la musique dite de variété est un marché en retrait et il y a certainement une explication rationnelle d'autant que les petits labels de qualité ne semble pas souffrir de la même désaffection. Il y a quarante ans, la variété était portée par des gens comme Brel, Brassens, Aznavour, des artistes qui ont marqué et qui sont restés dans les mémoires. Ces chanteurs ont mis longtemps avant de percer et d'enregistrer leur premier disque. Aujourd'hui, le métier de directeur artistique n'existe plus et il est beaucoup plus facile pour n'importe qui d'enregistrer un premier album qui reste généralement son dernier. La qualité globale baisse et il ne faut pas s'étonner que le public se détourne de cette production médiocre.

Lorsque j'entends les membres de la SACEM déclarer péremptoirement qu'internet est la source de tous leurs maux, j'ai peine à contenir une certaine tétanisation crispée de mes zygomatiques. Philips a inventé la compact cassette en 1963 et il était très facile d'enregistrer ce qui passait à la radio dans l'émission Salut les copains qui passait tous les soirs sur Europe 1 puis de copier cette cassette. Si le premier enregistrement était bon, la qualité des copies était supérieure à l'horrible MP3 qu'on arrive à télécharger actuellement en offre légale. Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est la formule de Friis bien connue des traiteurs de signal. Certes, les technologies numériques en général et le réseau internet en particulier permettent des échanges de fichiers piratés plus aisés que ce que les pirates pouvaient faire par le passé avec des cassettes audio, mais je suis convaincu que la raison profonde de ce piratage ne provient pas de la capacité d'échange inégalée.

D'une part, la qualité des fichiers disponibles légalement est déplorable, ce qui fait que l'utilisateur qui n'est pas encore sourd va finir par acheter le disque, et d'autre part, internet n'est qu'un outil. Et jusqu'à présent, l'outil ne crée pas un besoin. La fonction crée l'organe, mais on n'a encore jamais vu l'organe créer la fonction.

Quant à la musique dite classique, elle se porte admirablement. Merci pour elle.

 

1 commentaire

Commentaire de: Atg  
Atg

Mais c’est du lamarckisme cette fonction créant l’organe! Ça ne se fait plus. Sinon, vive les mp3 ou ogg, et vive les ebooks. Quelle place gagnée, quelle liberté. On se ballade avec, on fait partager (aheum), tout ça sur un iPhone, les mains dans les poches. Jamais pu supporter la chierie des meubles, objets, bagages. Ça me fait toujours penser aux scènes de l’exode : l’armoire normande sur la charette et les stukas en piqué en train de mitrailler. De toute façon, n’importe qui de censé ayant eu une crise amoureuse sait qu’on abandonne tout. Les objets, les photos, les films de vacance, tout! Surtout ce qu’on craignait de perdre. Toutes ces choses n’ont en fait aucune importance. Un crash des disques durs ? Un incendie, une inondation ? Aucune réelle importance. Alors vive l’informatique qui désencombre bien des choses. Et au pire, il nous reste le cerveau.

09.11.10 @ 20:18


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