« Bienheureux Gilles CarrezDarwinisme élémentaire »

Par delà le bien et le mal ? Nietzsche avait raison

06.12.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires, Je hais les financiers

Cela a dû vous échapper tant cette nouvelle n'a pas fait les gros titres. Dans la presse, il fallait avoir l'œil, cette information capitale ayant juste eu l'honneur d'un entrefilet.

Le lundi 8 novembre dernier, pourtant,a eu lieu un événement d'une importance capitale. L'assureur obligataire américain Ambac Financial s'est inscrit sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux États-Unis. Cela ne vous dit rien, mais l'inscription de cet assureur devant l’U.S. Bankruptcy Court de Manhattan est le signe précurseur d’une catastrophe économique sans précédent à venir car Ambac est un réhausseur de crédit au cœur même des processus de titrisation qui nous ont déjà envoyé dans le mur en 2008 et dont nous n'avons pas encore commencé à payer l'ardoise. Pour les non spécialistes, cet organisme transforme des dettes — les crédits — en produits financiers source d'une cavalerie financière sans précédent et apportent une garantie en cas de défaut de l'émetteur de ces titres. Si cet organisme fait à son tour défaut, tout le reste de système financier va s'effondrer tant les montants en jeu sont importants. Aucun état ne pourra assumer ces pertes.

À titre d'information, Ambac garantirait actuellement 700 milliards d'actifs sous la forme de CDS (credit default swap), soit presque le double de la perte induite par la chute de Lehman Brothers dont la faillite en 2008 a marqué le début de la crise actuelle.

Ce que vous devez savoir, c'est que ce qu'on appelle des produits dérivés sont principalement des CDS — 97% aux USA en 2010 d'après l'office of the Comptroller of the Currency, l’autorité gouvernementale US de tutelle des banques, ce qui représente 3,7 fois le PIB mondial sans que cela ne dérange personne. Les CDS étant des contrats d'assurance cotés sur le marché, ils sont aussi hors bilan, ce qui signifie qu'il n'apparaissent pas dans les livres de comptes des sociétés financières. Personne ne sait qui détient quoi jusqu'au moment où le système implose.

Placer ces produits en dehors des bilans permet aux organismes financiers, selon le bon vieil adage pas vu pas pris, de ne pas constituer de réserves garantissant ces polices d'assurance. En cas de défaillance d'un seul acteur de la pyramide, tous ces produits toxiques devront réapparaître dans les comptes des différents établissements financiers ne serait-ce que pour noter des créances douteuses. À ce moment, tout le château de carte financier ne reposant que sur du vent implosera.

Or les prévisions des organismes internationaux sont pour l'année 2011 ne sont plus pessimistes, elles sont catastrophiques. L'endettement de l'Irlande passera à plus de 90% du PIB, celui de l'Espagne à plus de 70%. Les autres états européens ne seront pas mieux lotis. Les organismes prêteurs en dernier ressort, créés dans l'urgence, ne pourront jamais avoir assez de capitalisation pour éponger les dettes puisque pour la seule Espagne, il faudra plus de 500 milliards d'euros ! Imaginez ce qu'il faudra débourser pour sauver toute la zone euro ou les États-Unis. Et c'est sans compter sur tous les autres pays qui sont dans le même bateau.

Ce problème dépasse de loin la sphère de la finance, voire celle de l'économie. C'est toute notre civilisation qui est en train de s'effondrer devant nos yeux et il risque fort de n'en sortir rien de bon.

 

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