« Procès ChiracDans la peau de Joseph K. »

L'écureuil me casse les noisettes

05.03.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers

Je partais d'un principe idiot, celui qui me disait que l'incompétence était équitablement répartie dans tous les établissements bancaires et que ce qui faisait qu'une banque était bonne ou mauvaise, du point de vue du client, n'était que la compétence ou non de son chargé de clientèle. C'est même pour cela que depuis une grosse vingtaine d'années, je suis resté dans la même banque, suivant mon banquier d'agence en agence, au cours de ses trop nombreuses mutations.

Je faisais simplement fi du principe de Peter, une erreur impardonnable. Je vois que ce n'est pas très clair pour vous. Je vais donc tenter de vous expliquer en peu de mots ce qu'est le principe de Peter.

L'axiome de base du principe de Peter est qu'un employé compétent à un poste donné est promu à un niveau hiérarchique supérieur. Lorsque l'employé n'est plus compétent, sa progression cesse, mais sans être réaffecté à des tâches subalternes.

Il s'ensuit plusieurs corollaires :

  • un employé ne restera dans aucun des postes où il est compétent puisqu'il sera promu à des niveaux hiérarchiques supérieurs ;
  • par suite des promotions, l'employé finira (peut-être) par atteindre un poste auquel il sera incompétent ;
  • par son incompétence à ce poste, l'employé ne recevra plus de promotion, il restera donc indéfiniment à un poste pour lequel il est incompétent ;
  • à long terme, tous les postes finissent par être occupés par des employés incompétents pour leur fonction ;
  • la majorité du travail est effectuée par des employés n'ayant pas encore atteint leur « seuil d'incompétence », le tout étant de s'arranger pour que ces employés restent assez nombreux pour effectuer le travail attendu.

Une fois que le pourcentage d'empoyés incompétents a atteint une certaine valeur critique, le principe de Peter s'entretient lui-même et il est impossible de revenir en arrière sauf à faire des coupes franches dans les rangs. Pire, les derniers employés compétents (et j'en ai rencontré quelques uns, même dans cette banque) s'évertuent à régler des problèmes qui n'auraient jamais dû survenir si tout le monde avait daigné faire son travail, et juste son travail, en temps et en heure.

Donc, depuis huit ans, je n'ai en dehors d'une brève période plus eu de chargé de clientèle compétent. J'en étais même venu à me dire que le jour où je retrouverais un chargé de clientèle juste acceptable dans cette banque, je le ferai empailler. Ou noyer dans le formol, il paraît que ça conserve aussi. Après les derniers tours pendables et très profitables pour cette banque, j'ai pris la seule décision qui s'imposait, changer de banque, quitte à changer de banque avec pertes et fracas. Au point où j'en étais…

J'ai donc ouvert un compte professionnel dans un autre établissement d'une autre banque. Chose amusante, ce qui avait mis trois ans à mettre en place dans ma première banque n'a mis que trois semaines dans la seconde. Et il s'agissait de quelque chose d'assez compliqué puisqu'il s'agissait de mettre en place un numéro national d'émetteur auprès de la banque de France.

Le fruit de mes prestations tombe sur ce nouveau compte. L'agence bancaire est à deux rues de chez moi et pour l'instant, j'ai trouvé que les employés y faisaient correctement leur travail. Tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf que ce n'est pas aussi simple. La direction générale des impôts a trouvé le moyen de me perdre mon numéro de déclaration de TVA. En 2007, l'URSSAF a bien envoyé un papier au joli nom de P2 au centre des impôts à la suite d'un changement de siège social et là-bas, personne n'a jugé bon de traiter le dossier. Sans doute est-ce encore dû au principe de Peter. Je devrais faire pareil avec mes déclarations de revenus ! Passons. Donc, disais-je avant d'être assez grossièrement interrompu par moi-même, je suis en attente pour une durée indéterminée de la réaffectation de mon numéro de TVA, ce qui m'empêche d'encaisser mes piges depuis le 20 janvier de l'année courante. Il y en a tout de même pour un peu plus de dix mille euros hors taxe, une paille sur laquelle je ne peux m'asseoir.

J'ai donc demandé à ma première banque, chez qui j'avais encore mes comptes personnels, une autorisation exceptionnelle de découvert en attendant que les impôts daignent me redonner mon numéro de TVA qu'ils avaient malencontreusement perdu. Trois semaines après ma demande, rien, aucune réponse. Ni oui, ni non, simplement un silence méprisant. Que de l'habituel et du connu, bref, c'est tout à fait normal. Coup de téléphone au directeur d'agence pour m'entendre dire que ce sera impossible parce que j'avais ouvert un compte professionnel dans une autre banque.

C'est tout de même se moquer du monde. Depuis huit ans, je paie les pots cassés d'une incompétence quasi généralisée qui me contraint à ouvrir un compte dans une autre banque pour essayer enfin de travailler normalement. Je demande simplement une dernière chose qui, de plus, leur fera gagner de l'argent puisque je vais leur verser des intérêts et que le peu que je demandais était déjà couvert par un chèque en attente d'encaissement et leur seule réponse est que c'est impossible parce que mes prestations tombent à la concurrence ?

Déjà, le banquier en question devrait savoir qu'on doit avoir un compte professionnel à fins de comptabilité et qu'il est interdit de recevoir une rémunération directement sur son compte privé. Une histoire de déclaration de bénéfices non commerciaux et de contrôles fiscaux. Passons. La banque et le droit, je sais depuis longtemps que ça fait largement plus que deux ! Mais empêcher un client patient et mécontent de partir, c'est assez cocasse. En fait, j'aurais dû ouvrir chez eux un nouveau compte professionnel, géré par les mêmes incompétents qui m'ont déjà fait perdre quelque dix millions d'euros en huit ans, un joli score, et dire merci avec le petit doigt sur la couture du pantalon ? Il faudrait tout de même voir à ne pas exagérer.

Ceux-là, je leur ferai une publicité exceptionnelle et totalement gratuite. Ils peuvent compter sur moi de la même façon que je n'ai pas pu compter sur eux.

 

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