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La nuit la plus longue

21.06.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Et voilà, nous sommes le 21 juin, premier jour de l'été. Je hais ce jour. Paradoxalement, le jour le plus long correspond aussi à la nuit la plus longue de l'année parce qu'un certain Jack Lang, ministre éternel de la culture, a décidé au début des années 1980 d'en faire la fête de la musique. Ceux qui se souviennent de cette période auront une larme pour toutes les autres fêtes du même acabit, comme la fête de la photographie, qui n'ont heureusement jamais trouvé leur public.

Le 21 juin est donc le jour béni où tous les musiciens du dimanche, ceux qui repartent deux ou trois fois l'an d'un doigt aventureux à la redécouverte de « Viens Poupoule », imposent à des gens qui n'ont rien demandé leurs interprétations hasardeuses. Parfois, on a presque de la chance, mais la plupart du temps, il s'agit d'un bruit quelconque à la limite de l'inaudible. À Paris, nous sommes même des petits veinards parce qu'il paraît qu'il y en a pour tous les goûts. En effet, entre le groupe de musique indéfinissable qui étrenne une sono de 14000 W et le joueur de guimbarde, le choix est immense. Il y a même des musiciens professionnels qui se produisent dans des endroits improbables sur des instruments parfois rétifs ou simplement fatigués. J'ai un souvenir ému d'une formation baroque, aux Archives Nationales, qui essayait de jouer du Buxtehude avec un groupe de flûtistes et un clavecin accordé en tempérament inégal. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, les flûtes actuelles sont à tempérament égal et le résultat était vraiment baroque pour ne pas dire complètement faux.

Tous les ans, c'est pareil. Pour moi qui ai appris le piano durant de longues années, puis l'orgue — le vrai, avec les tuyaux, pas l'espèce de machin électronique —, cette nuit est un véritable supplice. Je préférais encore les concours de fin d'année de l'école de musique, c'est dire, concours où me jugeait entre autre un vieux monsieur en chaise roulante mais qui était capable de déchiffrer parfaitement du Brahms, du Gershwin ou pire, les transcriptions pour piano par Liszt des œuvres de Wagner ! Les seuls endroits où on peut écouter quelque chose d'intéressant sont bondés et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il faut choisir entre la santé de ses tympans et celle de ses pieds.

À l'heure où j'écris ces lignes, il y a un groupe de percussions qui s'installe sous mes fenêtres. Pourquoi est-ce qu'ils se mettent sous mes fenêtres ? Ils ne pourraient pas aller plus loin ? Heureusement qu'il pleut et qu'il ne fait pas top chaud, je vais pouvoir fermer les fenêtres. J'espère simplement que les doubles vitrages phoniques seront suffisants.

Et encore, je ne parle que de ce que je peux entendre de chez moi. Pensez simplement aux balayeurs qui vont nettoyer l'orgie demain. S'il n'y avait que des papiers à ramasser, cela serait un moindre mal, mais la fête de la musique est aussi salement avinée et il n'y a pas que des papiers à récupérer le lendemain matin. Je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire.

Je hais la fête de la musique. De tout mon cœur et de toute mon âme ! Vivement que ce soit fini !

 

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