« Cachez ce mademoiselle que je ne saurais voirPour une reconnaissance »

Comment le gouvernement lutte pour l'emploi dans nos belles régions françaises

23.09.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires, Je hais les financiers

J'ai encore entendu cette semaine les membres du gouvernement raconter à qui voulait bien l'entendre ou tout au moins le croire que le but de l'action gouvernementale était de relancer l'économie et de baisser le niveau du chômage en France.

Or, ceux qui me lisent depuis quelque temps savent que je cours depuis maintenant deux ans après des impayés. J'ai quelque cent mille euros en recouvrement judiciaire au moment où j'écris ces lignes, et force est de constater que la justice française n'aide pas vraiment les plaignants à recouvrer leurs créances, les défendeurs utilisant toutes les ficelles de la procédure pour ralentir voire faire échouer les actions judiciaires. Naturellement, j'inclus les faux en écriture et ce qui s'appelle en jargon judiciaire l'extorsion au jugement, qui pour pouvoir être combattus, requièrent des actions parallèles. Passons.

Or l'un de ces impayés est dû à une société qui a pignon sur rue et qui a été plus que largement subventionnée par une grande région française. En effet, en France, on subventionne les grandes entreprises, pas les petites. Les petites doivent aller voir Oséo qui ne met sur la table un euro qu'à partir du moment où une banque pose avant lui au moins un euro sur la table. On se retrouve donc dans une situation ubuesque qui n'est faite que d'annonces parce que, dès que l'on se penche réellement sur le problème, Oséo est un grand machin qui ne sert à rien ou presque puisqu'on ne peut l'utiliser qu'à partir du moment où on n'en a pas vraiment besoin.

Donc j'ai un impayé assez conséquent de la part d'un société qui a touché des subventions, donc de l'argent public venant de vous et de moi, heureux contribuables que nous sommes. L'entreprise en question est plus ou moins en train de déposer le bilan puisque ses dirigeants sont des escrocs notoires qui n'en sont pas à leur premier coup. Le problème est qu'elle risque d'entraîner avec elle tous ses fournisseurs qui sont des petites PME locales qui n'avaient déjà pas accès au crédit avant le dernier plantage de la bourse. Aujourd'hui, je ne vous raconte même pas comment un banquier les reçoit…

Étant dans le lot, j'ai donc pris mon téléphone pour appeler les personnes responsables du développement économique de la région. Je me suis entendu dire que personne ne ferait rien pour ces fournisseurs et que, comprenez-vous, nous sommes désolés pour ce qui vous arrive.

Remettons donc les choses dans l'ordre pour avoir une perspective quelque peu dégagée. La situation est la suivante. Une entreprise est venue chercher des fournisseurs pour développer un projet. Nous avons participé à l'élaboration de ce projet uniquement parce que la région en question était partie prenante de projet. Maintenant que la région s'aperçoit qu'elle a peut-être financé un tonneau sans fond, elle retire sa garantie. Or les fournisseurs n'ont pas été réglés et se retrouvent actuellement tous au tribunal et en difficulté. Si le dépôt de bilan est prononcé, aucune de ces entrerprises ne recouvrera ses créances. Et que fait la région ? Elle s'en lave les mains. Elle a versé plusieurs millions d'euros à une entreprise gérée n'importe comment sans aucune contrepartie mais est aujourd'hui incapable de sortir des petites entreprises d'une situation dans laquelle elle les a plongé, sachant que ces petites entreprises ne demandent pas un don, juste un prêt de trésorerie dont le montant cumulé ne dépasse pas le million d'euros.

Aujourd'hui, il y a deux à trois cents emplois en jeu chez ces fournisseurs et personne pour aider ces entreprises qui n'ont jamais rien demandé à personne et qui ont eu le seul tort de faire confiance à la parole d'une région. La sauvegarde de ces emplois ne coûterait qu'un prêt à court terme, même pas une subvention. Et il ne se trouve personne pour penser que l'attitude de la région est absurde.

Il est déjà difficile de s'entendre dire cela. Mais il est plus difficile encore de se l'entendre dire de la part d'un haut fonctionnaire qui touchera sa rémunération à la fin du mois et qui n'est pas en train de jouer avec ses biens.

Quant aux annonces gouvernementales proclamant partout que le gouvernement fait tout pour sauvegarder l'emploi, je ne vous dis pas ce que j'en pense.

 

1 commentaire

Commentaire de: Atg
Atg

Mes parents m’ont très mal éduqué. Ils m’ont très tôt fait croire que l’Etat était protecteur et qu’il suffisait de faire son travail le mieux possible pour s’en sortir dans la vie. Quelle erreur.

Faire son travail le mieux possible. S’y consacrer entièrement. Le rêve. La réalité, c’est que la plupart du temps, tout le monde s’en fout. Les enjeux sont ailleurs. Ils sont relationnels, financiers, stratégiques mais très rarement touchant le coeur même du travail et du métier.

Si tu as encore cette chance qu’une personne te dise que tu dois mieux faire, tu peux t’estimer verni. Moi, la plupart du temps, c’est moi-même qui vais me reprocher quelque chose. Car, avec l’expérience, tu te rends compte qu’au fond tout ceci n’a aucune importance pour autrui.

Je me souviens du père d’une amie. Il était architecte. Je m’imaginais adolescent qu’un architecte passait ses jours et ses nuits sur une planche à dessin. Que nenni. Le père me racontait qu’il travaillait vraiment la nuit, certes, mais dans des boîtes de nuit : il faisait du relationnel. Le reste, la planche à dessin, c’était surtout pour se détendre. Et tout le monde se foutait de ce qui pouvait sortir de cette planche. Le contrat était signé pour de toutes autres raisons que celles touchant à l’architecture.

Au fils des ans, mon vrai travail, je l’estime à même pas un quart de mon temps. Le reste, c’est le relationnel, la gestion des emmerdements. De temps en temps, il m’arrive de travailler, mais c’est vraiment quand je n’ai rien d’autre à faire.

L’Etat avec ses Conseils de régions, ses Conseils Généraux, je le mets au même rang que les entreprise ultra-libérales les plus sauvages. En pire : l’Etat se vend encore sur une illusion. Je le déteste encore plus comme par réaction d’un amoureux déçu.

Je vis dans le sud de la France. Alors les magouilles des Conseils Généraux, j’en connais un rayon et j’en ai aussi été victime, à moindre frais que toi tout de même. Ce n’est pas que dans le sud ce soit pire. C’est simplement que cela n’est plus caché. C’est poker ouvert.

Je me suis aussi épuisé en recours en justice. Mais l’expérience m’ a aussi montré que c’est un réseau très serré, très dense, complexe. Comprendre pourquoi on ne te rend pas justice, hélas, ne vient pas d’une méconnaissances des lois et des procédures. Ce serait trop beau. Ca tient beaucoup plus de la technique d’entreprise du “Qui baise avec qui” ou “Qui arrose qui ?". Les institutions de l’Etat, c’est un mur. On n’affronte pas un mur.

Je t’admire d’avoir le cran de rester dans le droit. Il faut être quelqu’un de très solide pour tenir ce cap. J’ai vu un ami avoir les mêmes soucis que toi : le Conseil Général avait financé de vastes actions auprès des écoles. L’entreprise bénéficiaire de la manne financière avait quelques sous-traitants qu’elle n’a jamais payé vu qu’elle a détourné la totalité de l’argent du Conseil. Aucune action en justice n’a abouti. Et on pourrait croire, après tout nous sommes des citoyens, que le CR serait très en colère de voir son fric disparaître pour rien. En fait, le CR s’en fout royalement !

Epuisé de procédures, déprimé de voir ce fonctionnaire si hautain se foutre de sa gueule, il a fait une chose très simple mais malheureusement très délictuelle. Il l’a localisé. Et il a pu lui faire comprendre très physiquement le tort causé. En fait, il lui a explosé la gueule contre la grille de sa villa. Plus l’autre disait qu’il allait porter plainte, plus les coups devenaient violents. Le fonctionnaire n’a pas été hautain très longtemps. Il a été de plus en plus d’accord et le problème si techniquement insoluble sur le plan juridique a trouvé, oh miracle, une solution toute aussi juridique auquel on n’avait sans doute pas pensé assez fort.

Je n’ai pas le niveau de problèmes dans lequel tu te bats. Et je prie très fort pour ne pas les avoir. Pas simplement à cause des problèmes. Mais à cause des solutions qui me viendraient maintenant à l’esprit. Car ces solutions si délictuelles m’apparaîtraient je le crains sous le jour de la justice, de la vraie justice. Celle qui consiste à faire payer dans sa chair une fripouille qui te fait violence par voie officielle.

27.09.11 @ 00:25


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