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Culture

09.10.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Vieux con

« Le Roland Barthesse a claqué comme une fausse note à Pleyel » a déclaré Philippe Sollers.

Souvenez-vous des paroles qu'a tenues notre président bien aimé — je dis bien aimé parce qu'il y a peut-être des agents des renseignements généraux qui me lisent — alors qu'il n'était encore que ministre de l'intérieur :

Dans la fonction publique, il faut en finir avec la pression des concours et des examens. L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! En tout cas, je l’ai lu il y a tellement longtemps qu’il y a de fortes chances que j’aie raté l’examen !

On peut n'avoir aucune forme de culture d'aucune sorte. Pierre Desproges signalait déjà qu'il était possible comme Georges Marchais de faire une très belle carrière politique en restant persuadé toute sa vie que Berthier, Marceau et Périphérique étaient des maréchaux d'empire.

Mais Georges Marchais, à l'inverse de Nicolas Sarkozy, était passé après l'adoption du programme commun du rôle de premier ennemi de la droite française à celui de premier humoriste politique. Jamais il n'a eu de réelle influence dans les salons feutrés de la république. On ne peut pas en dire autant de notre président actuel.

On peut ne jamais avoir lu la Princesse de Clèves, mais personne n'irait prononcer la Princesse de Clèvesse. En revanche Roland Barthes est un penseur moderne qu'on ne peut ne pas connaître, au moins de nom. Il ne s'agit pas de l'avoir forcément lu, ni compris, ni même apprécié, mais de savoir qu'il a existé et que sa principale œuvre s'intitule Mythologies. Ne pas le savoir n'est que la preuve d'une inculture crasse et d'un mépris ou d'un dédain pour les penseurs de son époque. Il est vrai que lorsqu'on a Bernard-Henry Lévy dans son entourage, pourquoi s'embêter à lire Barthes.

Jusque là, c'est du domaine du privé et cela ne me regarde pas. En revanche, prononcer lors d'un discours de remise de décorations à des personnalités du monde la culture Barthes en « Barthesse » revient à avouer publiquement qu'il ne connaît pas ce penseur. Pour le commun des mortels, ce n'est pas très grave. Pour un président de la république française, c'est un peu plus embêtant. C'est d'autant plus embêtant que, contrairement à ses prédécesseurs, il utilise des fiches, et que, visiblement, ses plumes lui concoctent des bouts de discours truffés de gens dont il ignore jusqu'à l'existence.

Et après la bourde, nous assistons à un contre-feu. Certains signalent aimablement que dans le sud-ouest, on peut prononcer le s final. Pourtant, notre président actuel est né à Paris, d'un père hongrois — peut-être prononce-t-on le s final à Budapest ? — et d'une mère née à Salonique, et n'a jamais eu l'occasion de prendre l'accent du sud-ouest. Nul besoin d'allumer un contre-feu qui sera contre-productif. Il ne connaît pas Barthes, passons à autre chose.

Mais non. Ne passons pas à autre chose parce qu'il ne s'agit pas de sa première faute. C'est un habitué qui les accumule. En 2009, déjà, il parlait des « Roujon-Macquart » de Zola à la place des « Rougon-Macquart ». En 2010, il a donné en Inde du Pandit Nehru avec un u et non un ou.

Ça commence cà faire beaucoup pour quelqu'un qui dit haut et fort à qui veut bien l'entendre qu'il adore toutes les formes de cultures, de la plus populaire à la plus élitiste.

La prochaine fois, parlons lui de Pif gadget. Avec un peu de chance…

 

6 commentaires

Commentaire de: Atg
Atg

R. Barthes, pour la génération correspondant à la tranche d’âge de Sarkozy, a été cité quelques milliards de fois à la radio ou à la tv (comme Lacan, Baudrillard, Althusser etc.). C’est impossible de ne pas connaître la prononciation. Il a du confondre avec le footballer.

Il n’a donc aucun intérêt pour ce pauvre Roland (qu’il ne faut pas confondre non plus avec le Thierry de sinistre réputation).

09.10.11 @ 16:52
Commentaire de: Jean-Christophe

« Il a du confondre avec le footballer. »

Ou écouter la prononciation d’après un fichier audio sur un WikiPédia Anglo-Saxon.

09.10.11 @ 21:48
Commentaire de: Le Grincheux

Le problème est qu’il remettait l’insigne de commandeur dans l’ordre du mérite à la spécialiste de Roland Barthes. Ça fait tache !

10.10.11 @ 09:28
Commentaire de: Bertrand
Bertrand

Le titre n’est pas “Les Mythologies” mais “Mythologies".

Et toc !

10.10.11 @ 09:50
Commentaire de: Jean-Christophe

Et, dans la foulée :

« c’est un peut plus embêtant »
« c’est un peu plus embêtant »

« contrairement à ces prédécesseurs »
« contrairement à ses prédécesseurs »

« Ça commenceà faire »
« Ça commence à faire »

« un peu de chance »
« un peu de chançe »

10.10.11 @ 19:23
Commentaire de: Le Grincheux

J’avoue (sauf allusion cryptique à Boby Lapointe) que je ne comprends pas la dernière correction…

10.10.11 @ 19:31


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