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Alliance entre PSA et General Motors

28.02.12 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les financiers

Sauf si vous avez passé récemment quelques jours sur la planète Mars, il n'a pas pu vous échapper que des rumeurs circulent sur un éventuel mariage entre PSA et General Motors. De ce que j'entends ici et là, PSA est trop petit, n'est pas assez performant et est voué à la disparition s'il ne fait rien. Pourtant, en 2011, le bénéfice de PSA n'est que de la moitié de celui de General Motors, ce qui au vu de la différence de taille des deux entreprises est un résultat qui n'est pas si mal que cela. Par ailleurs, General Motors est un colosse au pieds d'argile qui a été sauvé in extremis de la faillite il y a seulement trois ans.

Pire que tout, je lis que PSA construit des automobiles de petite et moyenne gammes. Pourtant, si je regarde ce qui a été fabriqué ces vingt dernières années par PSA, je vois tout de même chez Peugeot les 605, 607 et 508 et chez Citroën les XM et C6. En allant un peu plus loin, je trouve les Talbot Tagora, 604 et CX. Ce n'est pas si mal. Dire que ces voitures entrent dans la catégorie des voitures moyennes relève de la contre-vérité. Prétendre qu'elles auraient pu mieux se vendre est une lapalissade tant les économies de bout de chandelles demandées par Jacques Calvet sur les 605, XM et plus tard 607 ont durablement terni l'image de ces excellentes routières. Pensez simplement que la XM a été la voiture française qui s'est le mieux vendu en Allemagne et que si le bureau d'étude de PSA n'avait pas utilisé des connecteurs électriques inadaptés, les premières séries n'auraient pas eu l'image catastrophique et injustifiée qu'elle a traînée jusqu'à son retrait du catalogue.

Donc PSA cherche une alliance avec GM. Très bien. Que voyons-nous chez GM ? Une marque européenne, Opel, qui pour le coup ne fait que des automobiles entrant dans les catégories petites et moyennes et dont la fiabilité mécanique laisse à désirer. PSA risque donc de se retrouver en concurrence frontale avec une marque du même groupe — si l'alliance se fait — sur son propre territoire.

Souvenez-vous aussi que PSA a, dans les années 1970, tenté de tuer Citroën. Les véhicules étudiés entre 1974 et le début des années 1980 par Citroën étaient soit des Peugeot rebadgées (LN, LNA), soit des véhicules bas de gamme (Visa). La CX a failli être tuée en lui greffant un moteur d'origine Renault plus que calamiteux alors que le moteur issue de la DS donnait toute satisfaction. Citroën qui venait juste de fabriquer la SM et la CX s'est vu transformé en vendeur de boîtes à savon et il a fallu attendre l'arrivée de la BX puis de la XM pour qu'il y ait un début de renaissance. Et cette renaissance n'a été possible que parce que les clients de la marque attendaient un véhicule à l'identité forte, c'est-à-dire avec une suspension hydropneumatique et un système de frein à haute pression.

Dans le même temps, et après l'échec de sa 604, Peugeot tente de ressusciter la marque anglaise de prestige Talbot rachetée à grands frais. Il y a eu quelques réussites comme la Tagora, mais assez rapidement, Peugeot n'a pu assurer l'avenir de la marque et le dernier véhicule Talbot s'est vu affublé d'une calandre de 205 pour donner naissance à la 309, un numéro hors série chez Peugeot et un enterrement sans fleurs ni couronnes pour Talbot. Et la marque de prestige de PSA ayant disparu, Peugeot décide de relancer sous sa marque propre des véhicules de prestige avec les résultats que l'on connaît.

Il y a donc aujourd'hui dans le giron de PSA deux marques, l'une, Peugeot, construisant principalement des véhicules des classes inférieures et moyennes, et l'autre, Citroën, plus diversifié, mais avec une clientèle assez spécifique. Les deux marques produisent aussi quelques véhicules haut de gamme. Que serait l'avantage de GM dans une telle alliance ? Tirer Peugeot vers le haut en concurrençant Open ? Certainement pas. Quant à voir un jour un véhicule issu de GM avec une suspension hydropneumatique, je n'ose même pas y croire.

PSA a beaucoup à perdre avec une telle alliance. Je ne pense pourtant pas que la finance reine se satisfera de ces arguments. Puisse la famille Peugeot détentrice d'encore plus de 30% du capital (et plus de 40% des droits de votes) être raisonnable !

 

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