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Facebook

28.09.12 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit

Il était temps de faire chauffer le clavier en m'attaquant à ce monstre informe et inutile qu'est Facebook. C'est dans l'actualité, des utilisateurs viennent de se plaindre d'un certain manque de confidentialité.

Je ne sais pas si vous avez un jour pensé à ce qu'était Facebook. En tout cas, force est de constater que beaucoup d'utilisateurs de ce service indispensable à toute bonne socialisation ne se sont jamais posés cette question.

Qu'est-ce que Facebook ?

Oui, c'est vrai, qu'est-ce que Facebook ? Quelle est son utilité réelle et profonde ? J'ai peine à imaginer qu'on ne puisse plus vivre sans un outil pareil. Et l'on va me dire qu'il est totalement irremplaçable. Sans lui, comment les pays arabes auraient-ils pu mener à bien leurs révolutions pour transformer leurs horribles dictatures en riantes théocraties ? Sans lui, comment notre petit ami de l'autre bout du monde pourrait-il savoir qu'on a enfin réussi à soigner sa verrue plantaire ? Sans lui, comment inviter des milliers d'inconnus à son anniversaire ? Sans lui, comment publier au monde entier des photographies où on apparaît dans le plus simple appareil ? Et c'est sans compter avec les photographies de vacances de l'oncle Bernard ou les essais de tricot de tante Berthe.

Facebook semble recueillir un échantillon de la plus parfaite et vile médiocrité qui se puissent rencontrer chez des bipèdes normalement constitués lorsqu'il ne provoque pas, beaucoup plus prosaïquement, un vertige provoqué par un vide infini. En effet, lorsque je passe par hasard sur Facebook, je me rappelle cette grande vérité statistique stipulant que la moitié de la population est plus bête que la médiane. Ça fait réellement peur, c'est mon cauchemar à moi. Pour être tout à fait honnête, chaque passage involontaire sur Facebook m'incite à reprendre un rendez-vous onéreux chez mon thérapeute tant je me sens inutile et inadapté au monde dans lequel je vis.

Ne hurlons tout de même pas avec les loups, cet outil permet à des gens d'avoir la sensation d'exister en abreuvant le monde entier de leurs petits faits et gestes dont, il faut bien convenir, nous nous passerions bien.

Comment Facebook paie-t-il ses serveurs ?

Un serveur, ça coûte cher et je suis bien placé pour le savoir. Et je ne vous parle pas du mètre-carré en salle d'hébergement qui est devenu hors de prix puisque pour le prix mensuel d'une baie dans un centre d'hébergement moyen, je pourrais louer sans encombre un studio dans l'un des plus beaux quartiers de Paris. Vu la cohorte d'abonnés à ce service irremplaçable sans lequel il était humainement impossible de vivre pleinement, il faut un bon nombre de puissantes machines disséminées de par le monde, des administrateurs système effectuant des astreintes, des ingénieurs logiciel pour les développement et du petit personnel pour nettoyer les locaux, livrer les pizzas aux développeurs et garnir les distributeurs automatiques de denrées prérancies pour les dures nuits de labeur acharné. Tout cela en proposant un service gratuit ou prétendu tel. Pourtant, ma grand'mère disait avec son bon sens campagnard que tout ce qui est gratuit se paie un jour. N'importe qui trouverait en effet louche qu'on lui propose un produit gratuit dans un magasin, mais personne ne semble trouver bizarre qu'un service coûtant aussi cher soit proposé gratuitement. Peut-être après tout Facebook est-il un service fourni par une association philanthropique ? On me souffle pourtant à l'oreille que la maison-mère est coté en bourse et semble donc plus commerciale que philanthropique. Encore des mauvaises langues !

L'utilisateur d'un tel service ne devrait jamais perdre de vue que la richesse de Facebook est son nombre d'abonnés et le contenu apporté par ces mêmes abonnés, contenu trié, indexé et mouliné jusqu'à ce qu'il puisse être transformé d'une manière ou d'une autre en monnaie sonnante et trébuchante. Non seulement ce service n'est pas gratuit, mais pire encore, c'est l'utilisateur qui donne de sa personne pour l'utiliser.

Et les moutons vont à la tonte…

Le but ultime de Facebook est de parvenir à ce que ses utilisateurs mettent de plus en plus de données personnelles sur leurs murs et que ces données soient accessibles au plus de monde possible. Plus il y aura de données, plus il se trouvera d'informations intéressantes dans le bruit de fond de l'inanité absolue, de la vacuité insondable, et plus les dirigeants de Facebook auront de choses à vendre. Il n'y a aucune garantie que les données personnelles soient protégées puisque cela va à l'encontre du modèle économique de ce service. Entendre les utilisateurs hurler comme nous l'avons entendu cette semaine parce que des vieux messages soi-disant privés apparaissaient au vu et au su de tout le monde sur les murs Facebook est donc du plus bel effet comique. Si vous voulez que vos messages restent privés, utilisez donc le courrier électronique et non un tel service.

 

2 commentaires

Commentaire de:
atg

Selon le vieux principe : “Vous utiliserez demain la technologie que vos enfants utilisent aujourd’hui", je crois que pour Facebook, si on a des enfants, c’est mort !

Facebook ne devrait pas concerner les adultes. Ou alors, ils sont vraiment trop cons et le darwinisme doit jouer son rôle. Certains adultes l’utilisent pour ne pas se faire larguer socialement et sont assez conscients des dangers. D’autres l’utilisent pour se divertir. Ils sont à une année-lumière de ce genre de considérations.

Il serait en fait assez intéressant de mesurer sur le plan économique ce que fait gagner Facebook au quidam et ce qu’il peut perdre. Avec différents niveaux de sécurité, selon les informations engrangées sur la bête.

Si Facebook me vole mes photos de chats, me piste sur mes principaux fournisseurs de bouffe à chats, je perds quoi ? Si il fusille mes photos de chats, la perte économique est de combien ? En revanche, si je n’ai pas l’information confidentielle qu’un amateur de chat va me filer sur Facebook, je perds combien ? Il y a peut-être un travail à faire sur la rationalité économique des comportements liés à Facebook…

Dans tout un fil de conversation oiseuse, un contributeur Facebook peut vous glisser : “Au fait, toi qui t’intéresses à ça, tu sais que le décret machin vient d’être signé ?". Facebook peut avoir la même valeur stratégique et marchande qu’une sauterie autour d’un vernissage, d’une corvée de Conservatoire ou d’une sardinade. Quelles sont les pertes ? Quels sont les profits ?

Pour les enfants et adolescents, il me semble que la guerre est vraiment finie. Ils ont adopté massivement Facebook. C’est cuit. Il y a trop à leur apprendre pour qu’ils envisagent simplement d’y renoncer.

Peut-être que la seule solution est d’aller dans le sens de Facebook en apprenant aux adolescents à développer des applications sur cette plateforme. Là, peut-être se rendront-ils compte qu’il y a vraiment quelque chose qui ne va pas.

C’est comme affirmer à un adolescent qu’une IDE ne sert à rien voire est dangereuse et que Vim + gcc suffisent. On part de trop loin ! Alors qu’en allant au fond de Xcode et en les poussant en ce sens, ils vont finir par comprendre leur douleur.

J’ai essayé pour ma gamine de 14 ans sur un logiciel de dessin qu’elle affectionnait particulièrement. Je lui ai bien entendu fait une conférence sur le caractère totalement propriétaire du logiciel et surtout du format. Ca n’a servi à rien !

J’ai donc fait l’inverse. Je l’ai poussé à utiliser à fond ce logiciel. Puis est venu le moment où il n’était plus suffisant et qu’il a fallu passer par un soft plus lourd et plus complexe. Et là, elle a compris qu’on ne pouvait pas récupérer son travail passé à cause du format propriétaire.

Exceptés quelques adolescents lucides ou plus simplement névrosés, seuls et donc inévitablement contestataires sur tout ce qui ressemble à une norme, je crains que le discours ne servent à rien.

Adoration de Linux ou haine de Facebook, je serais tenté de demander : “Combien de lucidité technologique ? Combien de comportements banalement névrotiques ?".

30.09.12 @ 12:43
Commentaire de: Le Grincheux

Je vous rappelle que je suis le trésorier en titre du “club des vieux cons” et qu’il ne me semble pas avoir vu passer votre cotisation pour l’année en cours…

30.09.12 @ 12:47


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