« Pauvre Edison...Mais que fait l'administration ? »

Septante ans déjà

18.06.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Les journalistes ne devraient jamais faire de l'histoire. Ce matin, sur Radio Paris, pardon Paris Inter, non France Inter, nous avons eu une matinale spéciale de commémoration de l'appel du 18 juin avec force témoins.

Je n'arrive pas à imaginer que ces témoins, étant eux-même à Londres, aient pu oublier l'attitude qu'avait alors le gouvernement de sa très gracieuse majesté envers De Gaulle, général de brigade à titre provisoire depuis le 6 mai 1940, déserteur et sous-secrétaire d'état à la guerre et à la défense nationale du défunt cabinet Reynaud. Le cabinet britannique supportant Mandel, à ses yeux plus légitime et moins sulfureux, cet appel n'a pu être envoyé sur les ondes que grâce à l'intervention de Churchill qui en fera modifier les premières lignes dans un sens moins dur pour le gouvernement français.

Le 18 juin 1940, le seul homme politique qui soutenait De Gaulle à titre personnel était Churchill et il le soutenait contre l'avis de son propre gouvernement. On oublie un peu vite ce point. Ce n'est que bien plus tard, après qu'il a été déchu de ses droits, de sa nationalité, de son grade et condamné à mort par contumace et le gouvernement de Vichy le 2 août 1940 que l'opinion britannique et le parlement se mettent à le soutenir et que sa légitimité s'est peu à peu affirmée. Mais ce n'était pas parce qu'il était devenu légitime qu'il n'était pas embarrassant pour les alliés, principalement pour Roosevelt qui tenait absolument à faire de l'Europe en général et de la France en particulier un état faible et vaincu. L'administration de l'AMGOT voulait en effet aller très loin en ce sens et il ne faut pas oublier que Roosevelt s'est toujours arrangé pour limiter la place de De Gaulle et de la France Libre dans les diverses conférences ou opérations militaires sensibles.

Faire de l'appel du 18 juin 1940 l'acte fondateur de la France Libre est donc un peu court. Cet acte n'est que le prolongement logique d'une démarche beaucoup plus ancienne, d'une réflexion complexe sur ce qu'est la France. L'acte fondateur n'est pas cet appel du 18 juin, entendu par à peine une poignée d'auditeurs, ni même celui du 22 juin. L'acte fondateur est le retournement de l'opinion et du parlement britanniques à la suite de la condamnation d'un général français pour acte de résistance. C'est l'État Français lui-même qui, par la condamnation de Clermont-Ferrand, a donné sa légitimité à son plus farouche ennemi et a forcé la main des alliés qui, contraints et forcés, ont dû accepter De Gaulle et faire avec lui.

Par ailleurs, j'aimerais connaître la légitimité qu'a le professeur Jacquard à parler de ce sujet. Il me fait souvent penser à Yves Montand qui donnait son avis sur la Pologne lorsqu'on lui demandait de chanter Barbara alors qu'il se chauffait avec le gaz acheté aux russes.

 

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