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Recherche asile fiscal

09.09.13 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

Je viens de recevoir mon avis d'imposition de 2013 sur les revenus de 2012. Je savais déjà que cela augmenterait sérieusement aux dires de mon expert-comptable, mais je n'imaginais pas que ce serait à ce point. Lui non plus d'ailleurs.

Je ne suis pas contre l'impôt. Il faut bien financer les dépenses publiques. Encore faut-il que ces dépenses soient justifiées et réellement utiles. Payer pour une nouvelle place de la République à Paris qui ne fait qu'entraver la circulation, causant des embouteillages monstres ainsi que des nuisances sonores puisqu'elle est depuis sa rénovation un terrain de jeu pour la mairie qui la meuble le soir de camions sonorisés, cracher au bassinet pour des projets absurdes à seule fin qu'un élu quelconque laisse une trace de son passage sous la forme d'un bâtiment que n'aurait pas renié le petit père des peuples ou le génie des Carpates, donner son écot pour payer des fonctionnaires dont nous ne savons que faire alors qu'il en faudrait dans les hôpitaux (et qu'il faudrait un peu s'occuper de l'éducation nationale autrement qu'en mettant toujours plus d'enseignants, il y a des réformes de fond à faire), bref, casquer, raquer de plus en plus commence à m'énerver au plus haut point.

Je suis un heureux contribuable de la tranche marginale des 30%. De surcroît, je suis profession libérale et mon foyer fiscal semble, aux dires de l'INSEE, être dans les 5% des foyers fiscaux les plus aisés de France. Je veux bien le croire mais sans doute n'est-il pas assez riche puisque je viens de calculer qu'avec les augmentations d'impôts et de prélèvements concoctées par les socialistes depuis plus d'un an, tout mon chiffre d'affaire — et non mes revenus, je parle bien de mon chiffre d'affaire — ne suffira pas à régler mes rattrapages d'impôt sur le revenu pourtant mensualisé, d'URSSAF et de RSI eux aussi mensualisés et, cerise sur le gâteau fiscal, de taxe professionnelle pardon de contribution foncière des entreprises. De là à parler de racket ou de hold'up fiscal, il y a un pas que je franchis allègrement.

Je suis donc dans la situation aberrante de devoir soit manger des nouilles et des œufs jusqu'à la fin de l'année, soit d'envisager un emprunt bancaire ou de gré à gré pour payer mes impôts. Vous allez pourtant me dire qu'en étant imposable dans la tranche marginale des 30%, je devrais pouvoir m'en sortir. Pourtant, non. Étant profession libérale, je n'ai droit à rien tout en payant scrupuleusement l'URSSAF et le RSI me donnant royalement le droit pour des cotisations totalement démentes à une sécurité sociale de base. Il me faut rajouter à cela une mutuelle spécifique payée au taux plein parce que la majorité des mutuelles ne veulent pas des professions libérales et surtout pas d'un contrat de couple dès que le conjoint rentre dans la case des salariés (pourquoi ?), une caisse de retraite complémentaire et obligatoire qui se moque du monde (850 euros bruts par mois, base plus complémentaire, si je continue à cotiser comme je le fais jusqu'à mes 68 ans !), des assurances dont une RC Pro, un comptable, un expert-comptable, un organisme agréé pour ne pas être imposé à 125% de mes revenus, la CGS, la CRDS, la CFE et j'en passe. Une fois que l'état s'est copieusement servi sur mes comptes, ce qu'il fait tous les 15 du mois sans vergogne, une fois que j'ai payé mes échéances de prêts immobiliers pourtant dans une fourchette basse (25% des revenus) et que j'ai mis de côté quelques piécettes pour rêver d'un jour terminer la restauration d'une petite maison à la campagne pour quitter Paris, il ne me reste rien. Même pas de quoi envisager une défiscalisation sous la forme d'une retraite Madelin ou une simple assurance prévoyance carrément hors de prix tout en offrant royalement quatre-vingt-dix jours de carence. Et encore, je ne vais ni au restaurant, ni au cinéma, encore moins au théâtre, je ne voyage pas, je n'ai pas l'occasion de réellement partir en vacances et, outre l'état, je ne me souviens pas entretenir une quelconque danseuse. L'âge sans doute. À moins qu'on ne la retrouve un jour enterrée à la cave, il faut dire que l'on m'avait laissé tout petit avec un seau et une pelle en plastique et que tout le monde sait que cela devait arriver…

J'en ai assez. L'heureux contribuable que je suis en a plus que marre et en a d'autant plus marre que même lorsqu'il était dans une situation très difficile à la suite de la faillite frauduleuse de l'un de ses clients avec une belle ardoise passée par pertes et profits, surtout par pertes, il n'a pu bénéficier d'aucune aide, même pas d'un délai pour régler ses impôts. Motif invoqué : « mais monsieur, vous payez des impôts. En plus, vous êtes propriétaire de votre appartement. Vous n'avez donc droit à rien ! ». J'avais beau rétorquer que c'était ma banque qui était propriétaire de mon appartement, cela n'a rien changé. Pourtant, à ce moment, la différence entre les impôts prélevés, mes frais de logement et l'ensemble des revenus de mon foyer fiscal était de plus de mille euros mensuels. En d'autres termes, il me fallait trouver plus de mille euros supplémentaires par mois pour ne serait-ce que payer mes impôts et avoir un toit au-dessus de la tête. Et je n'avais pas encore mangé. Être dans une telle situation apprend la débrouillardise et accentue le sentiment d'iniquité du système social français que soi-disant le monde entier nous envie. Ce fameux modèle social m'a même contraint à travailler au noir. Je peux le dire, il y a maintenant prescription.

En France, donc, il faut soit être smicard et ne pas payer d'impôt ou à la limite rester dans les tranches des 5 ou 14%. En étant non imposable, cela ouvre même droit à tout un tas d'aides. Ou alors, il faut être dans le haut du panier, dans la tranche des 43%, parce que là, même une fois que l'état s'est servi, il reste toujours des sous pour faire de la défiscalisation. En revanche, dans la tranche des 30%, c'est plus litigieux, il ne reste aucune marche de manœuvre une fois que l'état s'est servi. Et il se sert copieusement, grassement et sans jamais dire merci. Dire qu'il y a encore des gens qui se demandent pourquoi le taux effectif d'impôt diminue à mesure que le revenu augmente est pour moi un mystère complet. La tranche des 30% est justement dans le haut de cette imposition effective.

Travaillant une bonne cinquantaine d'heures par semaine (journées de travail durant lesquelles j'essaie de faire mon vrai métier, plus paperasse administrative le soir parce là aussi, en France, nous sommes de gros gâtés ; nous semons des impôts et il pousse des fonctionnaires, à moins que ce ne soit le contraire, et il faut bien occuper ces fonctionnaires), je commence à être fatigué de devoir toujours penser aux autres, surtout à mon percepteur, qui ne voit en moi qu'une vache à lait. Je suis fatigué de me faire traiter de nanti dès que je suis obligé de sortir mon avis d'imposition alors même que je me demande comment terminer les fins de mois. Je vais donc penser un peu à moi. C'est décidé, à la première occasion qui se présente, je m'exile. Il y a assez de pays européens qui veuillent bien accueillir des gens qui veulent travailler. J'en ai assez des règles fiscales qui changent chaque trimestre. J'en ai plus que marre d'être corvéable à merci sous prétexte que je me tue au boulot ne serait-ce que pour en trouver. Subséquemment, comment expliquer à un jeune qu'il doit aller travailler alors qu'en vivant aux crochets d'autrui, il peut en avoir plus à rester chez lui ?

Et qu'on ne me traite pas d'égoïste. Un égoïste est quelqu'un qui pense d'abord à lui avant de penser à tous les autres égoïstes.

Et si je n'étais pas mensualisé, je crois que je me serais inspiré de la missive suivante :

Monsieur l'agent du Trésor Public.

Mon colis a pu vous étonner au départ. Alors voilà quelques explications.

Je vous joins à cette lettre une photocopie de l'article du Nouvel Observateur intitulé « Les vraies dépenses de l'état ». Vous noterez que dans le quatrième paragraphe, il est précisé que l'Élysée a l’habitude de payer des brouettes 5200 EUR, des escabeaux 2300 EUR  et des marteaux 550 EUR pièce.

Par ailleurs, un très intéressant article du Canard Enchaîné dont la bonne foi est bien connue (copie également jointe) rapporte que le prix des sièges WC du nouveau Ministère des Finances est de 3750 EUR pièces.

Vous devant la somme exacte de 13816 EUR pour l'année fiscale qui s'achève, je vous adresse donc dans ce colis quatre sièges WC neufs et cinq marteaux, le tout représentant une valeur de 14000 EUR. Je vous engage par ailleurs à conserver le trop perçu pour vos bonnes œuvres ou bien à utiliser les 184 EUR restants pour que notre Président de la République puisse compléter sa boîte à outils.

Ce fut un plaisir de payer mes impôts cette année, n'hésitez pas, à l'avenir à me communiquer la liste des tarifs usuels pratiqués par les principaux fournisseurs de l'état.

Un contribuable heureux.

Mais je doute que les services de l'état aient le sens de l'humour.

 

7 commentaires

Commentaire de: Jean-Christophe

Bonjour,

Je me permets de copier/coller la prose du “contribuable heureux” vers un newsgroup d’humour.

Jean-Christophe

22.09.13 @ 12:06
Commentaire de: Le Grincheux

Mais je vous en prie.

22.09.13 @ 12:11
Commentaire de: Jean-Christophe

A propos d’exil, est-il possible que d’ici peu tu puisses titrer un nouveau billet : “Ich bin ein Berliner” ?

22.09.13 @ 13:07
Commentaire de: Le Grincheux

Mon allemand est un peu rouillé, mais c’est du domaine du possible.

22.09.13 @ 23:50
Commentaire de: Le Grincheux

Ce billet m’a valu un commentaire particulièrement haineux. Mon cher Jean-Daniel, tu te reconnaîtras certainement. J’ai censuré ton commentaire tant pour le fond que pour sa forme. Ton orthographe est d’une indigence à peine imaginable que ne pardonne même pas le fait que tu sois à peine majeur puisque tu te permets d’indiquer que tu n’as pu voter pour la première fois que lors de la dernière élection présidentielle.

Je sais au moins grâce à ta prose que tout l’argent que la France a investi dans ton éducation l’a été en pure perte.

Tu me traites de profiteur et d’ingrat parce que d’après toi, j’ai bénéficié du système social français et que sans lui, je n’aurais pu accumuler les richesses qui doivent absolument être taxées pour bénéficier à d’autres. Je simplifie un peu ta pensée tant elle est alambiquée et fumeuse.

Je vais donc ici te mettre les points sur les “i” en ne regardant que les quinze dernières années. Je n’ai pas le courage d’aller plus loin en ce qui me concerne. Lors des quinze dernières années, j’ai payé en impôts directs (ndlr. impôt sur le revenu, ISF, CSG, CRDS, taxes locales, taxe professionnelle, CFE, taxes d’apprentissages au pluriel car j’en paie deux, charges sociales) un peu plus de cinq cent mille euros. Je parle naturellement en euros constants, sinon, cela n’a aucun intérêt. Si tu ne sais pas ce que sont des euros constants, je te propose de te rapprocher de ton professeur d’économie. Je ne compte naturellement pas les taxes indirectes que sont la TVA, la TIPP et toutes les autres joyeusetés et spécificités fiscales françaises, sinon, à la louche, il faudrait plus que doubler ce montant.

Or, le même système social français que tout le monde nous envie et dont j’ai d’après toi été l’heureux bénéficiaire n’a investi pour moi que deux années de formation (classes de mathématiques supérieures et spéciales), ayant fait tout le reste soit dans le privé, soit dans des écoles publiques ou assimilées où il m’a fallu payer l’intégralité des frais. En d’autres termes, j’ai emprunté pour faire mes études. J’ai donné seize mois de labeur à l’armée d’un travail d’ingénieur de recherche pour une solde d’à peine plus de cinq cents francs par mois en étant juste logé (même pas nourri), je n’ai pas coûté grand’chose à la sécurité sociale. Je n’ai pas les moyens d’être malade et je vais travailler même avec quarante de fièvre en tenant à peine debout.

Lorsque j’ai été licencié, il y a dix ans, d’une entreprise pour raisons économiques (litote pour dire que le patron était parti avec la caisse), j’ai racheté le fonds de commerce. Ce qui m’a retiré le droit de toucher mon droit pourtant chèrement acquis au chômage et qui m’a retiré du même coup la garantie des salaires pour régler ma carence avant de toucher une quelconque indemnité de la part des ASSEDICS. Dans le même temps, j’ai été déclaré mort par la sécurité sociale (deux ans pour récupérer mes droits alors que je réglais consciencieusement tous mes appels de charges du RSI). Depuis, je travaille dur, c’est-à-dire une quarantaine d’heures par semaine auxquelles s’ajoutent quelques heures de paperasserie parce qu’en France, nous sommes des champions hors catégorie en ce qui concerne la paperasserie. Et mon travail dur ne me donne même pas le droit à une couverture sociale de base puisque je cotise au RSI, que je n’ai aucune prévoyance et que je n’ai pas les moyens de me payer ne serait-ce qu’une prévoyance avec quarante-cinq jours de carence.

La seule fois où j’ai été dans une misère totale à la suite des carences une fois de plus du système français, je me suis abaissé à demander de l’aide aux services sociaux de la ville de Paris. Je ne pense pas que tu l’aies déjà fait. Je me suis fait jeter parce que j’étais imposable dans la tranche des 14%. Notre beau système social français n’en avait rien à faire. Ce qu’il faut dire, c’est que c’est ce beau système social auquel j’ai tant donné qui m’avait mis lui-même dans cette situation. Je ne développerai pas plus, tu risquerais, mon cher Jean-Daniel, de ne pas comprendre.

Oui, mon cher Jean-Daniel, tu lis bien. Je n’ai pas les moyens de rester en France, tout en étant imposé sur le revenu dans la tranche des 30%. Sur les quelques 8000 euros hors taxe que je facture tous les mois, après passage de l’URSSAF et du RSI, après déduction de mes frais professionnels qui ne restent pas dans ma poche, après déduction aussi de mes frais immobiliers (loyers, charges de copropriété, assurances…), il me reste à peine plus d’un SMIC. Mille trois cents euros exactement, soit un tarif horaire de moins de 6,5 € net pour un bac+8 et l’impossibilité de retourner dans un statut de salarié à moins de trouver une entreprise capable de me donner un salaire net de soixante-cinq mille euros annuels sur douze mois. Irréaliste dans la conjoncture actuelle.

Et encore, je ne sors pas, ne pars pas en vacances, je n’en ai pas les moyens. Et mon appartement n’est pas immense.

Alors ta réaction de jeune imbécile me traitant de profiteur est totalement déplacée. Lorsque tu seras autant ponctionné que moi et que tu auras été autant dans la merde que moi, tu pourras me jeter la première pierre.

Pas avant !

23.09.13 @ 10:57
Commentaire de: Henri

Puis-je copier sur mon blog votre encadré, bien sûr en citant la source ?

Merci pour votre blog qui occupe depuis quelque temps mes journées et soirée !

PS Je suis retraité, inquiet pour ses enfants

10.12.13 @ 18:40
Commentaire de: Le Grincheux

Mais faites donc.

10.12.13 @ 20:35


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