« Va donc voir à Colombey s'il y a deux églises !Chasse d'eau »

L'obsession de l'andouillette, saison 2

08.11.13 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

La France a perdu cette nuit sa note AA+ et vient d'être rétrogradée à AA selon Standard & Poor's. Pierre Moscovici regrette les jugements critiques et inexacts. Jean-Marc Ayrault déclare avec aplomb que cette dégradation ne changera rien parce que la perspective donnée par l'agence est stable.

Certes, aujourd'hui, cette perspective est stable. Mais pour combien de temps encore ?

Pierre Moscovici défend avec aplomb l'action du gouvernement en parlant des réformes d'envergure qui ont été menées depuis dix-huit mois, réformes faites dans le but de redresser l'économie du pays, ses finances publiques et sa compétitivité. Certes, le gouvernement Ayrault a appelé plus d'impôts que le précédent, mais il a encore plus augmenté les dépenses. La différence entre les nouveaux impôts collectés et les dépenses est actuellement de plus de cinq milliards d'euros en faveur des dépenses. Ce n'est pas très exactement ce que l'on peut appeler un redressement, tout au plus une décroissance de la hausse. Et s'il est possible d'enfumer un électeur, il est beaucoup plus difficle de faire la même chose avec des spécialistes.

Pour faire passer la pilule, Pierre Moscovici fait observer que la nouvelle notation demeure parmi les plus élevées puisqu'elle est précisément la troisième meilleure possible dans la classification de S&P et qu'elle témoigne des atouts reconnus de la France. Parmi ces atouts, le ministre énumère ses perspectives démographiques, la qualité de ses infrastructures, le haut niveau d'éducation et de productivité de sa main-d'œuvre, le niveau d'épargne élevé du secteur privé et son statut d'émetteur de référence au sein de la zone euro. Certes. Mais nous continuons à endetter nos enfants pour conserver un train de vie que nous ne sommes plus en mesure de nous payer et je vois assez mal le gouvernement continuer à lever longtemps de nouveaux impôts. La fronde n'est pas loin et de plus en plus de cadres et de professions libérales vont voir à l'étranger si par hasard le régime fiscal ne serait pas plus intéressant qu'en France où il change quatre fois par an.

Quant à la perspective stable, elle signifie d'après le ministre que l'agence n'envisage pas de la modifier à court ou moyen terme. Il traduit cela par le fait que Standard & Poor's croit en l'engagement du gouvernement à contenir la dette publique. J'aimerais bien avoir cet optimisme. La dette continue à s'accroître, donc parler d'une contention de la dette est un argument assez spécieux. L'avis du ministre est même infirmé par les explications de l'agence accompagnant la dégradation de la note puisqu'elle indique que la France a perdu de sa marge de manœuvre financière et qu'elle n'est plus en mesure de se réformer davantage du fait du maintien d'un chômage élevé et de taux de prélèvements devenus insupportables.

La politique actuelle revient donc à mettre la tête dans le sable en déclarant haut et fort « après nous le déluge ! », puisque le seul problème du gouvernement est de pouvoir continuer à emprunter à des taux intéressants pour payer les fins de mois. Depuis trente ans, tous les gouvernements ont agi de la sorte et notre dette publique atteint bientôt les 100% du PIB, ce qui sera très vite intolérable. Le pire est qu'une partie de cette dette pourrait être évitée, je pense à la partie concernant la sécurité sociale (toutes branches confondues) qui est un système cher, inefficace et qui fournit des prestations bien inférieures à tout ce qu'il est possible de trouver dans les autres pays européens contrairement à ce qui est affirmé haut et fort et à une croyance populaire bien répandue. Il est d'ailleurs possible maintenant de s'assurer à l'étranger pour les prévoyances, assurances maladies et retraites, que l'on soit salarié ou TNS.

La dette actuelle est le fruit de la cavalerie des assurances sociales et de la charge de cette dette dans le budget. Continuer à emprunter pour payer des prestations indues ou au-dessus de notre capacité propre de financement est un choix que tous ces gouvernements successifs sans exception doivent assumer. In fine, ce sera un choix que l'électeur et ses enfants devront assumer un jour ou l'autre.

La question n'est donc pas de casser le thermomètre, mais de s'attaquer à la maladie. S'en prendre aux décisions de Standard & Poor's revient à mélanger les causes et les conséquences de ses actes.

 

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