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Rapports avec l'archevêché de Paris

10.07.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Mon curé de paroisse est quelqu'un de spécial. Il faut dire à sa décharge que ma paroisse étant l'une des plus petites de Paris, elle est considérée par l'archevêché comme une paroisse d'exil où l'on peut envoyer tous les curés qu'il serait impossible de mettre ailleurs. La conséquence immédiate, c'est qu'on se retrouve toujours avec des curés très particuliers. Et c'est un euphémisme.

Il paraît que les paroissiens de cette communauté ont toujours quelque chose à reprocher à leur curé. Sachant que l'archevêché colle chez nous des curés à problème dont il ne sait que faire, l'explication est pour le moins bancale. J'ai pratiqué plusieurs communautés paroissiales et celle-ci est la meilleure que j'ai pu cotoyer. Elle fonctionne même tellement bien que plusieurs piliers viennent des paroisses environnantes.

Nous avons donc chez nous une succession de curés bizarres. Le dernier en date et non des moindres, prétend être diplômé de l'UTC en 1992 ou 1993 alors qu'il est diplômé de l'ESTP en 1989. Je me suis mis à douter de ces dates lorsque j'ai eu connaissance de sa date d'ordination. Comme je suis membre du CNISF, le reste des informations a été facile à trouver. Pourquoi prétendre avoir été diplômé par une école de seconde zone à une date ultérieure ? Ce n'est pas grave en soi, mais cela montre déjà un côté du personnage et j'aimerais assez savoir quel est l'intérêt pour lui de raconter pareille chose.

Lorsque j'aurai ajouté qu'il tient absolument à sa messe des anges que personne de l'assemblée ne sait plus chanter et à sa soutane lorsque les dignitaires de l'église le visitent, le tableau sera complet. Ce qui m'amuse personnellement et ferait retourner dans sa tombe mon vieux professeur de latin, c'est le fait qu'il ne comprend pas un traitre mot à ce qu'il peut scander en latin. Il est capable de faire des césures et des respirations à des endroits totalement baroques — par exemple entre un substantif et son adjectif qualificatif épithète —, ce qui est vous l'admettrez sans doute une faute de goût dans une église classique.

Donc, ce curé est là parce qu'il fallait bien le mettre quelque part et que, quitte à ce qu'il fasse des dégâts, autant que ces dégâts soient circonscrits à une petite paroisse. Ça fera moins de mal, c'est déjà ça de pris. Au bout de six ans, il sera muté dans une autre paroisse et on aura peut-être quelqu'un de plus sain. Peut-être…

Entre temps, il faut bien faire avec ce personnage. En dehors de deux punaises de sacristie et de trois grenouilles de bénitier, plus personne ne peut le voir. Entre les diffamations qu'il fait circuler — même à l'égard de son ancien vicaire qu'il a fini par faire partir —, ses prises de position sur des sujets historiques alors même qu'il n'a aucune espèce de culture générale, son attitude vis à vis des paroissiens allant jusqu'à l'agression verbale en habits liturgiques à la fin de la messe dominicale, l'ambiance est devenue lourde, très lourde.

Pour parachever le tableau, je dois dire que j'étais membre du conseil pastoral et chef de chœur. Je m'occupais de la chorale — qui avait entre nous atteint en quelques années un assez bon niveau puisque France Culture avait décidé de nous enregistrer — et j'avais été nommé au conseil pastoral par ce curé. Du jour au lendemain, je n'étais plus qualifié pour m'occuper de cette chorale. J'ai juste quatre premiers prix de piano et un premier prix d'orgue, fait quelques années de chant, mais ce n'est pas grave, ça me permet de récupérer deux soirées de répétition par semaine et de me lever une demi-heure plus tard le dimanche. À partir de ce moment, les arguments ont volé tellement bas à l'encontre du noyau paroissial, qui s'occupait de presque tout, qu'il a bien fallu en référer à sa hiérarchie.

Aucune réponse de l'archevêché. Enfin, si, une confirmation du curé en tant que tel parce que, comprenez-vous, c'est une charge canonique et que de toute façon, on n'a personne à mettre à sa place. Je veux bien qu'un évêque d'un diocèse de province me dise ça. Il y a dix ans, un curé de l'évêché de Saint-Claude avait déjà en moyenne plus de dix clochers de campagne. Mais qu'un responsable de l'archêché de Paris puisse dire une telle chose alors que dans certaines paroisses parisiennes, on compte cinq ou six prêtres, c'est incompréhensible.

Nous avons donc dû continuer à faire avec ce curé. Couvert par sa hiérarchie, il s'est senti beaucoup plus fort et l'ambiance n'a cessé de se dégrader. Le conseil pastoral a envoyé un second appel au secours à l'archévêque. La réponse a été complètement surréaliste. Ce dernier nous a demandé de faire cesser les rumeurs, ragots et diffamations — tout de même, ne l'oublions pas, émis principalement par le curé actuel —, les médisances et surtout de faire bloc autour du curé pour le défendre contre vents et marées parce que la paroisse ne nous appartenait pas (sic).

Que la paroisse ne nous appartienne pas, je n'en disconviens pas. Cependant, elle appartient encore moins au curé qui n'est là que pour six ans (règle édictée par Monseigneur Lustiger). Au bout de six ans, lorsque tout est détruit, les paroissiens se retrouvent avec un nouveau curé et doivent reconstruite une unité. Qu'il faille, d'après l'évêque, défendre le curé contre vents et marées est proprement scandaleux. C'est avec ce genre de pratique qu'on arrive à toutes les affaires qui ont éclaboussé l'église. Lorsqu'une paroisse a des problèmes bien identifiés avec son curé, que tous les paroissiens ont été témoins un jour ou l'autre de ses incartades, on n'enfouit pas ces problèmes. On les regarde en face et on essaie de trouver une solution. Personne ne prétendait dans cette histoire vouloir faire partir ce curé, simplement trouver une solution pour l'aider et faire que la paix revienne.

Dans notre cas, l'évêque a dissous le conseil pastoral. Le curé est toujours en place et continue son travail de sape. Il lui reste deux ans pour parfaire son œuvre de destruction systématique. Je ne suis pas vraiment sûr que l'église ait besoin de ça.

 

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