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Recruteurs de merdre

29.11.13 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires, Monde de merde

Ce n'est pas une faute d'orthographe, c'est en l'honneur d'Alfred Jarry.

Depuis deux semaines, je suis à nouveau sur le marché de l'emploi. La dure vie de la profession libérale technique. Depuis deux semaines, donc, j'entends tout et le contraire de tout sur mon CV. Et lorsqu'un recruteur n'a rien à dire sur mon CV, je peux tout de même avoir la désagréable l'impression d'être tombé dans une faille de l'hyper-espace lors de certains entretiens.

Sur mon CV, j'ai entendu en deux semaines :

  • pas assez détaillé ;
  • trop détaillé ;
  • trop court, non, trop long ;
  • « grande gueule » (sic), auquel cas je répondrais que vous n'avez qu'à m'essayer ;
  • trop ceci ;
  • pas assez cela.

Or, il n'y a qu'une règle sur un CV. Il ne correspond jamais au format voulu par le recruteur quel que soit ce format et quel que soit ce recruteur. J'ajoute que j'ai montré ce fameux CV à un ancien recruteur qui n'a rien trouvé à y redire (et pourtant, dans le milieu où évoluait cette personne, les CV bidonnés étaient nombreux), sauf, peut-être, que j'étais trop honnête. Il faut dire à ma décharge que cette personne me connaît depuis longtemps et sait de quoi je suis capable.

Lundi dernier, un cabinet de recrutement m'a appelé pour un poste d'ingénieur électronicien en chef pour une entreprise de Benfeld, dans le Bas-Rhin. Vous pouvez chercher, il n'y a pas beaucoup d'entreprises travaillant dans le domaine de l'électronique à Benfeld. Second rendez-vous avec Skype (pourquoi pas après tout, même si le procédé me semble assez hétérodoxe) aujourd'hui à 14h30.

J'arrive à installer l'horreur Skype sur mon NetBSD des familles. Je commence l'entretien, mais sans la webcam qui, si elle fonctionnait parfaitement hier, a déclaré forfait aujourd'hui. Sans doute un signe que j'avais négligé. Au bout du fil, j'avais un type que j'avais déjà eu en ligne mardi dernier. Nous avions discuté une grosse demi-heure et il savait parfaitement à quoi s'attendre. Il me demande de présenter mes réussites et mes échecs. Je joue le jeu. Mais mes réussites et mes échecs sont avant tout techniques. Là, ça partait mal. J'essaie d'être aussi pédagogue que possible, mais rien n'y fait. Pourtant, j'ai une certaine habitude et j'arrive parfaitement à me mettre au niveau de mes interlocuteurs. Encore faut-il qu'ils en aient envie. Je me fais jeter au bout d'un quart d'heure de discussion, ou plutôt de monologue, parce que j'étais trop technique. Être trop technique pour un poste essentiellement technique, voilà quelque chose de surprenant. J'ai déjà essuyé pas mal de critiques, mais j'avoue que celle-ci m'a laissé sans réponse.

J'aimerais savoir sur quels critères sont recrutés ces recruteurs. Dans la signature du type en question, il y avait écrit ingénieur de l'école centrale de Marseille, avec l'année de sortie. Cela ne me viendrait pas à l'idée de mettre cela dans une signature automatique sauf si j'étais complexé ou que j'avais quelque chose à prouver.

Ce poste était le poste idéal pour moi. On aurait dit qu'il avait été fait sur mesure par quelqu'un qui avait eu mon CV en main. Non, un type qui ne me connaît pas, qui ne comprend rien à ce que je peux dire et qui n'a surtout aucune envie d'y comprendre quelque chose, a jugé que je n'étais pas le bon candidat parce que j'étais trop technique.

J'espère que quelqu'un de moins technique que moi pourra concevoir des circuits d'électronique de puissance.

Le cabinet en question est Robert Walters. Osons le citer.

 

4 commentaires

Commentaire de: Jean-Christophe

C’est terrible. Terrible. Et je parle aussi bien du présent billet que de celui où tu relayes une annonce de l’APEC à 20 K Euros/an… brut !

A une certaine époque j’avais RDV tous les 15 jours avec un “conseiller” ANPE (pardon : Pôle Emploi) qui me demandait systématiquement d’amener mon CV (comme si mon CV allait changer alors que j’étais au chômage) et à chaque fois cela n’allait jamais. On me demandait d’ajouter une chose (ce que je faisais) et au RDV suivant on me demandait de supprimer cette même chose. J’ai fait remarquer à mon interlocuteur que si j’avais ajouté ceci c’est uniquement suite à sa propre demande : regard étonné (voire soupçonneux) puis sans répondre ni transition il change vite de sujet. Exemple : “il n’y a pas de photo sur votre CV, il faut en mettre une.” Ok, j’en ajoute une. RDV suivant : “Pourquoi avez-vous mis une photo sur votre CV ?” (… etc., et c’est sans fin).

Je précise que j’étais tenu d’amener mon CV imprimé sur une feuille A4; c’est d’ailleurs la seule fois où je l’ai imprimé car d’habitude j’envoyais aux employeurs potentiels une URL vers un CV en HTML ou un PDF en pièce attachée par email. Bref, le “conseiller” me dit sans rire que mon CV est écrit ‘trop petit’ (sic). Je lui précise qu’il est le seul à demander un CV papier, car les recruteurs correspondent via email ou site web et demandent un document électronique (DOC ou PDF, peu importe), que sur un écran, même un enfant sait agrandir un document, et pour ceux qui en auraient besoin, jusqu’à ce qu’une seule lettre emplisse entièrement l’écran. Réponse du “conseiller” : oui, mais là, c’est écrit trop petit.

Il y a aussi des séances (obligatoires sous peine de radiation) où l’on t’inscrit d’office (sans te demander si tu es disponible : étant chômeur tu n’as bien sur rien à faire de tes journées) et où, petit veinard, on t’apprend à écrire une lettre de motivation, à utiliser internet, et autres rigolades. “Pour ceux qui en ont besoin, pourquoi pas, mais à mon âge et avec le métier que je fais, croyez-vous que je ne sache pas faire cela ?” Bon, il faut bien remplir les salles pour justifier le salaire de ces “formateurs” grâce auxquels je trouverai du travail en un clic.

Bien sûr je ne parle pas des “conseillers” qui ne connaissent rien du tout au métier que je fais et qui prétendent quand même me dire ce que moi je sais faire ou pas. Certains n’hésitaient pas à me suggérer de changer de métier : “Electronicien, programmeur, bientôt 30 ans de métier, c’est bien joli, mais savez-vous qu’on recrute dans le BTP ?”

Au final, le message (à peine) caché est que si je ne trouvais pas de travail c’était uniquement de ma faute, d’une façon ou d’une autre, et à force de fréquenter ces lieux où l’on est sans cesse rabaissé, le moral décline dangereusement si l’on y prend garde. Même après quelques années, reparler de tout cela me fout encore tellement en rogne que je ne sais même pas comment terminer ce texte. Je voulais finir sur une note optimiste, je n’en trouve aucune. Mais je sais que tu es un grand qui sait très bien se défendre tout seul sans avoir besoin qu’on lui tape sur l’épaule ;o)

30.11.13 @ 18:55
Commentaire de: Le Grincheux

C’est gentil. Mais en ce qui me concerne, mon problème est essentiellement financier, n’ayant aucun revenu alternatif.

30.11.13 @ 19:09
Commentaire de: Henri

Tiens, j’ai entendu sur une radio “service public” les conseils de Pôle Emploi. Il faut mettre à jour son CV tous les mois. Ben couillon !
C’est pour les ex-universitaires qui publient 30 papiers par an !

Actuellement sévissent les spécialistes de la com’ fonctionnaires n’ayant jamais connu les entretiens de recrutement à la mode XXIe siècle (il y en a dans les mairies - pour ceux demandant à changer de service ! et qui doivent suivre des cours de CV ! et ailleurs) .

06.12.13 @ 11:28
Commentaire de: Le Grincheux

Ah… Saint Pôle-Emploi… L’organisme qui recrute les anciens chômeurs qui n’ont pas trouvé de travail pour essayer d’en trouver aux autres ?

On me souffle que ce n’est pas le seul. L’APEC est dans le même cas.

06.12.13 @ 11:44


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