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Stabilité fiscale

06.01.14 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

François Hollande veut rendre la France attractive et fiscalement stable. Il a profité de son voyage en Arabie Saoudite pour le faire savoir.

C'est assez amusant. Ce que perçoit sans aucune ambiguïté n'importe quel chef d'entreprise ou n'importe quel travailleur non salarié, toutes couleurs politiques confondues, n'était jusqu'à présent même pas envisagé par notre président de la république. Pourtant, il doit être intelligent puisqu'il est sorti diplômé de l'ENA. Remarquez, Marie-Ségolène Royal aussi, ce n'est donc pas un critère absolu !

Deux choses sont assez étranges dans cette déclaration. Comment se fait-il qu'un responsable politique ne puisse imaginer les conséquence d'une valse fiscale avant de la lancer ? Il n'a même pas l'excuse de ne pas savoir tant les modifications fiscales ont été légions depuis quelques années. Et surtout, pourquoi faire cette annonce en Arabie Saoudite ?

La réponse est peut-être simple. Il ne s'agit pas de rassurer la majorité de la population française mais d'envoyer un message à tous ceux qui comme moi surveillent les nouvelles de l'étranger et envisagent de s'expatrier, le climat fiscal devenant par trop irrespirable. Il s'agit sans doute aussi d'envoyer un signal fort à tous les étrangers qui pourraient investir en France. Et il y en a un paquet au Moyen-Orient.

Sauf qu'il faut plus que du vinaigre pour attraper des mouches. Si l'illusion peut perdurer pour des investisseurs étrangers qui ne sont pas directement touchés par la fiscalité française, il faudra un peu plus que des annonces pour retenir les candidats français à l'exil.

Pour rassurer ces candidats à l'exil qui fournissent une bonne part de la richesse nationale et qui sont confrontés quotidiennement à l'absurdité du système français, il convient non pas de leur parler de stabilité fiscale mais de réforme de l'état. En effet, ils savent que la stabilité fiscale est impossible sans une réforme profonde de l'état pour en limiter les dépenses, cette fameuse réforme que l'on attend depuis vingt ans, dont tout le monde parle mais qu'on ne voit jamais poindre.

Cela passe par une réforme du mille-feuille administratif. La multiplication des échelons administratifs depuis les premières lois de décentralisation a un coût énorme pour la collectivité et a abouti à une explosition des impôts locaux. Mais comment imaginer qu'un élu local ira voter pour la disparition de son pré carré ? Sans une réelle volonté politique, rien ne changera.

Cela passe aussi par une diminution du chômage, donc par une modification du droit du travail. Une diminution du chômage signifie des dépenses d'indemnisation en moins et des recettes en plus. Partout, on entend que les entreprises n'embauchent pas. Mais elles n'embauchent pas parce qu'elles n'en ont pas les moyens, même si leurs carnets de commandes sont pleins. La protection du salarié est bien trop importante vis à vis de tous les autres travailleurs. En effet, en cas de baisse d'activité, il faut savoir qu'un licenciement économique coûte peu ou prou l'équivalent d'un an de salaire chargé du salarié licencié à son employeur. En d'autres termes, lorsqu'un petit patron n'a pas un an de visibilité devant lui, il n'embauche pas. Il serait même enclin à débaucher.

Trop de protection du salarié tue l'emploi. Mais comme une grande partie de ces protections ont été voulues par des syndicats qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et qui commandent à la France, ce n'est pas demain que cette situation changera.

Quant au grand machin qu'est la sécurité sociale, vivement qu'elle soit gérée correctement. On devrait commencer par gérer cela comme une assurance, c'est-à-dire en gérant un risque, et non comme un impôt ouvrant des droits. Et si on pouvait aussi virer une bonne fois pour toute les syndicats qui y font la loi, ce ne serait pas un mal non plus. À ce propos, la sécurité sociale française n'est plus un monopole depuis vingt ans et rien n'interdit un travailleur non salarié voire un salarié de prendre une assurance privée européenne contrairement à ce qu'affirme haut et fort la sécurité sociale sur son site internet depuis la dernière condamnation de l'état français en novembre dernier pour non respect d'une directive européenne intégrée au droit français depuis 1999. L'état français a peur que les travailleurs quittent sa belle sécurité sociale que personne au monde ne nous envie, sauf peut-être Michael Moore qui n'a pas tout compris, de peur qu'elle n'implose en vol sans que jamais il ne se pose la question de savoir pourquoi les travailleurs auraient intérêt à aller prendre une assurance privée.

Le travailleur non salarié et le chef d'entreprise sont pris en otage en France par les syndicats des salariés qui prennent toutes les décisions sur la vie sociale et qui commandent au gouvernement pour avoir toujours plus de fonds à distribuer aux pauvres salariés. Jamais la question de savoir pourquoi le salarié est si pauvre ne leur traverse l'esprit. Au lieu de tous ramer dans le même sens pour le bien commun, il y a de plus en plus de distance entre ceux qui fournissent l'emploi et les employés, les premiers payant de plus en plus pour les autres alors que leurs recettes ne sont pas extensibles. Lorsque la pression devient trop grande, ils partent sous d'autres cieux.

La question est alors de savoir qui sera assez fou pour les remplacer et fournir de l'emploi aux salariés pour alimenter la machine. Et surtout, la stabilité fiscale sans réforme de l'état sera-t-elle suffisante ?

 

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