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La jungle des recruteurs

23.01.14 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je ne supporte plus cette lie de l'humanité. Je considère qu'un ingénieur qui n'a jamais fait de technique avant de se réorienter dans une carrière commerciale est mauvais. Mais que dire de ceux qui passent directement du côté obscur de la force en devenant des recruteurs tout en affichant dans leur signature de courrier électronique ingénieur diplômé de telle école en telle année comme s'ils avaient quelque chose à prouver ?

Rien. Cela n'en vaut pas la peine. Ils entrent dans la catégorie des imbéciles prétentieux. Un peu comme si je signaix mes courrier Duc de Dantzig et de Pontault-Combault. Ce serait juste ridicule.

Mais ils se permettent de vous juger. Ils se permettent de vous juger alors qu'ils n'en ont ni les compétences ni les moyens intellectuels tout en étant fiers de leurs prérogatives. Ils vous le font bien sentir. Assis sur leur petit pouvoir de nuisance, ils sont maîtres de votre vie.

Je me suis aperçu que plus un cabinet est important, plus les recruteurs qui y travaillent sont médiocres pour ne pas dire au rabais. J'ai même dû discuter avec un psychologue pour déjouer leurs pièges parce que leur but n'est pas de jauger un candidat, ils en sont parfaitement incapables, mais de le déstabiliser, de l'humilier pour voir sa réaction. Sur ce point, j'ai fait d'immenses progrès et j'arrive maintenant à les déstabiliser en les amenant là où je veux. Il faut les voir se débattre lors d'un entretien lorsqu'ils perdent la maîtrise du sujet et que je les emmène exactement où j'en ai envie. C'est particulièrement jouissif même si cela ne fait en rien avancer le problème.

Mais le pire n'est peut-être pas ces cabinet d'abattage, mais les entretiens qui sont menés par des futurs et potentiels supérieurs hiérarchiques. J'ai un CV qui fait peur. Pourtant, tout ce qui y figure est vrai. Je peux en fournir les preuves sans aucune ambiguïté. Je me suis déjà fait traiter de grande gueule. Je pense que le type qui m'a qualifié de la sorte a eu une petite crise de jalousie. Personnellement, je ne tire pas grande gloire de ce que j'ai fait dans ma vie professionnelle et je ne souhaite à personne d'avoir une vie comme la mienne. Je suis ce qu'il est convenu d'appeler un héros au sens militaire du terme, à savoir une personne qui a la malchance d'être au mauvais moment au mauvais endroit et qui est assez bête pour y rester.

Je suis donc devant une alternative étrange. Soit j'édulcore mon CV pour trouver un poste au rabais mais dans ce cas, je ne corresponds jamais de manière optimale (sic) au poste proposé, soit je le laisse complet et je m'entends dire que je suis trop vieux, trop diplômé ou que je vais m'emmerder (sic) au poste en question.

Au début, je répondais que le fait que je m'emmerde ou non était mon problème et non celui de l'employeur à partir du moment où le travail était fait correctement. Aujourd'hui, j'ai compris que le problème n'était pas là.

Les recruteurs partent du principe qu'un candidat avec un CV comme le mien est cher. Effectivement, mon CV a été jugé à 80000 € bruts annuels minimum par des chasseurs de tête. Les recruteurs le savent. Ils ont donc peur qu'en me proposant un poste moins rémunéré que les quitte dès que je trouve mieux. C'est un premier point négatif. Mais il y en a un second, bien plus pervers. J'ai mis un peu de temps avant de le comprendre.

Il existe en effet un principe universel intitulé le principe de Peter. En voici la description :

Ce principe propose de décrire les évolutions de carrière dans les hiérarchies par des règles simples, puis étudie les corollaires qu'impliquent ces postulats.

Principes de base :

  • un employé compétent à un poste donné est promu à un niveau hiérarchique supérieur ;
  • un incompétent à un poste donné n'est pas promu à un niveau supérieur, ni rétrogradé à son ancien poste.

Corollaires (1) :

  • un employé ne restera dans aucun des postes où il est compétent puisqu'il sera promu à des niveaux hiérarchiques supérieurs ;
  • par suite des promotions, l'employé finira (probablement) par atteindre un poste auquel il sera incompétent ;
  • par son incompétence à ce poste, l'employé ne recevra plus de promotion, il restera donc indéfiniment à un poste pour lequel il est incompétent.

Corollaires (2) :

  • à long terme, tous les postes finissent par être occupés par des employés incompétents pour leur fonction ;
  • la majorité du travail est effectuée par des salariés n'ayant pas encore atteint leur « seuil d'incompétence ».

Un supérieur hiérarchique a de grandes chance de subir la stagnation de Peter. Embaucher quelqu'un comme moi est donc dangereux pour lui car il sent que mon niveau d'incompétence sera atteint à un échelon supérieur au sien. En d'autres termes, il a peur que je lui pique sa place.

 

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