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Désinformation

06.02.14 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

Ce matin, sur France Inter, Guillaume Erner lançait un débat sur la sécurité sociale. Un débat. J'ai eu l'impression un instant de revenir à la grande époque de la RTF tant le débat était une absence de débat. Les invités étaient :

  • Colette Bec, professeur de sociologie à l'Université Paris-Descartes, auteur de « La sécurité sociale : une institution de la démocratie », ed. Gallimard ;
  • Alain Villemeur, économiste, professeur à l’Université Paris-Dauphine, auteur de « La protection sociale : un investissement pour votre avenir », ed. Seuil ;
  • Thomas Fatome, directeur de la Sécurité sociale.

Cela commençait bien. Trois invités, trois personnes qui allaient a priori défendre bec et ongles la sécurité sociale. Le résultat était pire encore que mes rêves les plus fous.

Alors rétablissons les faits et signalons au passage que les propos de désinformation qui se sont tenus dans cette émission, surtout ceux de Thomas Fatome, sont punissables pénalement. J'espère qu'un jour, tous ces gens qui colportent autant de contre-vérités seront punis. Cela fait vingt ans que cela dure et je trouve cela un peu long.

Partons donc du début. La sécurité sociale n'est pas un organisme public. Les URSSAF non plus. La preuve en est que leurs salariés ne sont pas des fonctionnaires. Il ne s'agit pas d'une assurance gérant un risque mais d'une caisse fonctionnant sur un système fiscal. Il ne s'agit pas non plus d'un régime obligatoire, mais d'une juxtaposition de régimes professionnels. C'est justement parce que ce sont des régimes d'assurance professionnels qu'il n'y a pas de monopole possible. Ils ne devraient pas relever d'une justice d'exception, le tribunal des affaires sociales, mais de la justice ordinaire, le tribunal de grande instance. Problème, personne ne se souvient d'avoir signé un jour un contrat le liant avec ce magnifique machin que le monde entier ne nous envie pas.

Je ne connais aucune personne qui se soit libérée de la sécurité sociale en faisant les choses dans les règles de l'art et qui ait été condamnée pour s'être assurée ailleurs. En effet, s'il est interdit de ne pas avoir d'assurance, il est tout à fait possible d'avoir une assurance dite au premier euro. Aucun assureur français n'offre une telle assurance car il l'état français fait pression, mais des assureurs européens qui n'ont que faire des pressions le proposent. Pire encore, ces assurances n'ont pas le droit de moduler leurs cotisations en fonction d'un risque individuel ni de résilier un contrat lorsque les primes sont réglées. Prétendre qu'à la première affection de longue durée ces assurés seront radiés est de la désinformation et devrait être punie comme telle !

Certains sont libérés depuis vingt ans. Et depuis vingt ans, les caisses de collecte (URSSAF, RSI, CIPAV) essaient de les user en multipliant les procédures judiciaires qui ont toutes été perdues par ces caisses. Si le droit même français était réellement en faveur de ces caisses, elles n'auraient pas perdu leurs procédures où elles sont en plus juges et parties.

La sécurité sociale est une vaste fumisterie qui s'auto-justifie sur un malentendu. Elle est gérée par des partenaires sociaux qui ne représentent qu'eux et parfois leurs adhérents. Elle ouvre donc des droits à certains français et les refusent à d'autres qui pourtant cotisent bien plus. Typiquement, les trois millions de travailleurs non salariés n'ont pas la sécurité sociale, paient un RSI qui rembourse bon an mal an 60% des affections de longue durée, n'ont pas de prévoyance, n'ont droit à rien s'ils ne peuvent se payer une complémentaire efficace. Pour fixer les idées, j'ai dû payer quatre ans de cotisations de ma complémentaire pour avoir un couverture complète ! Et je n'ai pas les moyens de me payer une prévoyance avec ne seraient-ce que trente jours de carence. La solidarité fonctionne donc à sens unique.

Tant que ce sera le cas et que la sécurité sociale sera aussi mal gérée, le problème perdurera. Mais avec notre carcan d'idéologie crasse, on préfère mettre à l'index ceux qui quittent un navire qui coule et ne leur convient pas, qu'il s'agisse de coût, d'inefficacité chronique, de gestion déplorable et, n'ayons pas peur des mots, de foutage de gueule du cotisant. Non, les gens qui quittent le navire ne sont pas de méchants libéraux qui ne veulent pas être solidaires. Ceux qui quittent le navirent voient qu'une assurance même privée coûte moins cher que la sécurité sociale pour des couvertures supérieures. Il y a donc un problème de fond que personne ne veut régler en France parce qu'il ne faut surtout pas dire que ce système est à bout de souffle et complètement perverti.

Continuez comme cela. Cela ne vous grandit pas. Et ce système à l'agonie va finir par imploser, nous amenant à un système pire que l'épouvantail du système de santé américain que vous brandissez comme un mètre-étalon de ce qu'il ne faut pas faire.

Pauvre France !

 

1 commentaire

Commentaire de:
desperateortho

Vous oubliez dans le lot le “big problem” que représentent les fameuses caisses des étudiants. J’ai cru que j’allais mettre le feu à la LMDE quand mes enfants ont été OBLIGES d’y adhérer. J’ai trois enfants, leur père, fonctionnaire est à une caisse en or massif qui les couvre gratos (M..N, pour ne pas la citer) jusqu’à 27 ans, à condition qu’ils soient glandeurs ou chômeurs.
S’ils décident de se préoccuper un tantinet de leur avenir ils doivent commencer par raquer 500 Euros par an à une caisse qui perd systématiquement les dossiers, ne rembourse jamais et est impossible à joindre au téléphone.
Quand on se penche sur l’utilité et le bien fondé de ces caisses on a de jolies surprises.
En gros elles sont là pour caser les militants et fournir des fonds aux politiques en manque de Rolex (cf DSK, en son temps avec la MNEF).
Il y aurait un sacré ménage à faire…..

12.02.14 @ 09:48


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