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Quand les lémuriens attaquent...

21.03.14 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

J'espère que Brian G. Hutton me pardonnera, mais les temps sont durs et je suis un peu fatigué.

En effet, depuis deux jours, je suis attaqué, que dis-je, harcelé par un lémurien. Lorsque je parle de lémurien, je ne pense pas au primate à pouce préhenseur mais au bipède à l'index glisseur et aux yeux globuleux.

Hier, coup de téléphone paniqué de la part d'une assistante dentaire du modèle de celle qui n'aurait pas pu inventer la poudre de peur de sauter avec la solution. Description laconique du problème : « Monsieur Le Grincheux, ça imprime pas ! »

J'ai failli dire que ce n'était pas étonnant mais je me suis abstenu, sa détresse étant manifeste. Ce n'était pas étonnant parce que les membres de ce cabinet ont été éduqués par les encarts publicitaires des vendeurs d'antivirus dans la presse spécialisée informatique. Je peux en confirmer la réussite car sous prétexte d'une peur panique des virus, au demeurant bien compréhensible vu le battage médiatique fait autour de ces machins, tous les outils fonctionnant sous Windows tournent en fait dans un Windows XP familial virtualisé sur MacOS X ou sous un unix quelconque. Notez bien le familial et le fonctionnement de ces outils en réseau. Il est parfaitement incompréhensible qu'avec un tel empilage de logiciels et de tels utilisateurs, cela ne dysfonctionne que tous les deux mois.

Mais revenons à notre problème d'impression.

Hier, donc, coup de téléphone sur le mode de la panique. J'essaie d'aider la personne par téléphone en tentant vainement de lui faire trouver le bouton permettant d'imprimer une page de test sur l'imprimante en question. Peine perdue, j'ai réussi à lui faire trouver le bouton démarrer de Windows 7 en une demi-heure… Mais jamais au grand jamais je n'ai réussi à lui faire trouver le menu périphériques et imprimantes. Je conviens donc de passer non pas hier jeudi soir mais ce soir. Je lui demande en revanche de me tenir informé de l'évolution du problème.

Ce matin, dans le métro entre les stations Concorde et Invalides, coup de téléphone. Toujours le même mode panique. Mais cette fois-ci, il est possible d'imprimer depuis un progiciel dentaire mais pas depuis Word et l'assistante me demande sans rire qu'il me faut réinstaller l'imprimante. C'est cela, on peut imprimer à partir d'un outil et pas d'un autre mais c'est la faute de l'imprimante. Je sais bien que Windows est un système quantique au fonctionnement erratique, mais il ne faut pas exagérer.

J'ai tout de même osé une question. Je voulais savoir si par hasard elle n'avait pas touché un peu à tout partout en raison d'un autre problème aussi bête qu'un défaut d'impression en raison d'une absence de papier. Elle me jure que non, jamais. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai eu comme la désagréable impression de me faire prendre pour une truffe.

Ce n'est pas grave, je vais me déplacer. Je vais me déplacer et facturer.

Mais j'ai été assez charitable, j'ai évité de lui dire qu'il lui fallait bidouiller les câbles parce qu'un virus d'internet a été introduit dans sa machine.

 

1 commentaire

Commentaire de:
atg

Je me souviens d’une thèse d’un brave psychiatre, B. Jacobi, qui s’était attelé au difficile problème des soins dentaires. Le brave homme constatait que l’essentiel des pathologies était lié au laxisme des patients.

Laxisme d’autant plus étonnant que l’entretien de la dentition ne demande pas de compétence particulière et d’efforts insurmontables et qu’un manquement aboutit toujours à une douleur féroce au moins sur le plan financier.

Alors, notre brave psychiatre s’était attaché à débusquer le fameux bénéfice secondaire, ce bénéfice caché qui emporte tout sur son passage, en premier lieu, l’intelligence.

Le fantasme dominant : “Tout au fond est réparable". Et qui répare ? Le bâton de colle, le rouleau de chatterton, l’institutrice, le médecin, dieu et la maintenance informatique cela va de soi. Et bien au-dessus de tout ça : les parents.

Après tout, qui n’a pas vu un cancéreux en stade terminal se réfugier chez maman qui saura, elle, le guérir, à force de soupes et de tisanes au thym ? Le fantasme associé est donc l’immortalité des parents. Et si ils deviennent immortels, dans une triste fonction de maintenance il est vrai, ce serait tout de même un monde de mourir avant eux !

Jacobi prenait l’exemple du gars qui flingue encore une fois son frigo le dégivrant à grands coups de couteau. Postulant que ce brave homme n’est pas totalement idiot ou inutilement dépensier, il faut que le bénéfice caché soit du genre costaud. Donc, psychanalytique.

Notre secrétaire médicale a donc peut-être la trouille, en s’intéressant deux secondes à cet outil, qui pourtant lui crée quotidiennement du souci, de découvrir que le dispositif est compliqué, bancal et que donc il porte déjà en lui ses défaillances pour ne pas dire sa mort.

François Jacob en avait déjà démoralisé plus d’un en montrant que l’évolution ressemble davantage à un travail de bricolage qu’à une sage construction horlogère, si en plus il en va de même en informatique, qui viendra réparer ce qui est intrinsèquement corrompu ?

P.K Dick affirmait que, à notre époque, dieu ne pourrait apparaître que sur une boîte de corn-flakes. C’est pas faux. Il apparaît au moins sur les annonces publicitaire de la presse informatique. “Plantez, nous ferons le reste !"…

26.03.14 @ 09:32


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