« Faites ce que je dis, pas ce que je fais !Tranches marginales d'imposition »

Le changement, c'est maintenant

21.09.14 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

En cette période d'universités d'été voire de rentrée des différents partis politiques, j'en étais à fureter sur le net en cherchant quelles étaient les nouvelles idées nocives des différents partis. J'écris bien nocives puisqu'il paraît que Nicolas Sarkozy a décidé en fin de semaine dernière de revenir dans l'arène politique. Lui qui jurait sur le cœur qu'on ne l'y reprendrait plus et qu'il se retirait de la vie politique à la suite de son échec de 2012, le voici qui revient sans prétention aucune puisqu'il pronostique déjà la défaite de tous ses concurrents. Si la droite française ne se reconnaît plus que dans ce triste sire poursuivi par une brochette de juges d'instruction qu'il voulut en son temps supprimer, elle n'aura en définitive que ce qu'elle mérite. La France avec elle.

Il revient, avec toute sa clique juste recouverte d'un petit vernis de respectabilité. Pourtant, il aurait bien fait, en 2012, de définitivement quitter le milieu politique. Comme l'opposition de l'époque aurait été avisée comprendre que son candidat, François Hollande n'avait pas gagné. Seul Nicolas Sarkozy, et non la droite, avait perdu. Mais les socialistes n'ont pas de mémoire et ont réussi à se faire encore plus haïr que l'ancien président.

Donc, disais-je, j'ai fini par tomber sur le site internet du Parti Socialiste français. Et ce que j'y ai découvert m'a fait lever un sourcil dubitatif.

Fig. 1 : le capitalisme, c'est maintenant

Il y a donc une boutique du Parti Socialiste. Et encore, je n'avais pas vu le pire que je vous épargne puisqu'il y a des T-shirts permettant d'arborer fièrement le portrait de Jaurès revu et corrigé à la sauce Andy Warhol. De quoi se retourner dans sa tombe plus sûrement que lorsque Nicolas Sarkozy avait invoqué ses mânes en d'autres temps.

Nous avons donc pour les prochaines échéances électorales, d'un côté un homme qui se veut providentiel, organisateur de sarkothons, et d'un autre un parti politique qui en est réduit à jouer les marchands du temple sur le dos des grands anciens. Je ne sais pas vous mais moi, autant des porte-clefs UMP ne me dérangeraient pas plus que cela, autant que les socialistes cherchent à se faire de l'argent avec la tête de Jaurès… Passons, nous vivons une époque moderne.

Heureusement, certains sont plus dignes et moins myopes que d'autres. Voici quelques extraits du discours de François Bayrou en clôture de l'université d'été du Mouvement Démocrate. Il faut la peine d'être lu.

On peut changer les choses avec le monde de l'éducation. J'ai beaucoup d'estime pour lui. Il y a en France une légende qui veut que ce soit un monde maudit. Moi je me porte en faux. Je crois que c'est une communauté humaine avec une haute conscience, avec quelques défauts, quelques travers et quelques réflexes, notamment lorsqu'il s'agit d'avoir des moyens pour créer des postes. Mais on peut discuter avec eux.

Nous avons trois chantiers immédiats devant nous.

Le premier, ce sont les fondamentaux : lecture, écriture, calcul. D'ailleurs, beaucoup de Français, d'ouvriers, de femmes et d'hommes humbles ont été choqués d'entendre le ministre de l'économie dire que les ouvriers de Gad étaient probablement illettrés. Mais il y a beaucoup de bac+2 dans cette entreprise, qui se sont  tournés vers le matériel, en fonction du marché du travail. Le mot "illettré" peut traduire un certain nombre de difficultés. J'ai présidé le groupe permanent de lutte contre l'illettrisme. Mais ce n'est pas la même chose de dire qu'il y a un problème d'illettrisme en France et de traiter quelqu'un d'illettré. La responsabilité du malaise d'un certain nombre d'entreprises ne vient pas de la situation des employés des salariés ou employés. Ce n'est pas juste. Nous avons un grand problème de transmission des fondamentaux. 30% des élèves sont en grande difficulté devant la lecture et l'écriture. Il faut faire de cette transmission une priorité absolue. Il existe des outils numériques pour multiplier les exercices pour aller de la lettre au son et au sens. Beaucoup d'outils ne sont pas utilisés. Le travail sur la transmission doit être un impératif pour ceux qui veulent aller à la reconquête de l'éducation nationale.

Deuxièmement, on a un problème de culture générale. Alors on me dit qu'il y a internet, mais non : google est certes un outil admirable, mais c'est une jungle, et si vous n'avez pas la culture générale qui est à la fois la carte et la boussole de cette jungle, vous ne pouvez pas vous en sortir. La clé d'internet, ce n'est pas le numérique, c'est la culture générale. Si on veut être progressiste, alors il faut être du côté des acquis, et vous avez même le droit d'être un peu réac, comme ils vous en accuseront sur ce sujet, parce que cette réaction-là, c'est le vrai progrès de l'humanité.

Troisième sujet, non technocratique, et qui ne dépend pas des moyens : il faut que les enseignants, et spécialement les jeunes enseignants, puissent faire cours dans leurs classes sans être chahutés ni insultés, sans avoir en face d'eux le chaos absolu. Ecoutez-moi bien : ils s'en vont ! Ils passent les concours, et ils s'en vont ! Parce qu'ils n'osent pas dire que c'est impossible pour eux, la situation dans leurs classes ! Avec ces élèves qui sont plongés dans un tel chaos psychologique et culturel qu'il n'y a qu'agressivité, désespoir et chahut. Personne n'en parle. Moi je considère que le calme dans la classe et le respect des enseignants, fût-ce un jeune enseignant face à une classe difficile, fût-ce une jeune fille gracile devant des costauds graciles, c'est une priorité. Les enseignants doivent pouvoir faire cours dans le calme : il faut prendre les décisions nécessaires en discipline, mais aussi en éducation civique, à la vie de tous les jours, en persuasion. Nous sommes en train d'abandonner à leur sort nos enfants les plus fragiles, et cette non-assistance à enfant en danger devrait donner lieu envers nous aux sanctions civiques les plus lourdes !

Les enseignants abandonnés, ce sont des enfants abandonnés. Nous voulons restaurer les enseignants pour instaurer les enfants.

Reconquête pour reconstruire la formation professionnelle. Ca fonctionne très mal ! J'ai un souvenir formidable qui date du gouvernement Balladur. Tout le monde, tous les ministres étaient là : Balladur, Sarkozy, moi-même, etc. Il y avait antagonisme entre les différents organismes de représentation, chcun défendait son point de vue. Edouard Balladur, dans son style britannique, a ouvert le sujet de la formation professionnelle. Et là, il y a eu un climat d'unanimité irénique de paix sociale absolue ! Les syndicats et toutes les représentations se sont mises à dire que la formation professionnelle, ça allait très bien, et qu'il n'y avait rien à changer ! Vingt ans après, la formation professionnelle ne va toujours pas bien : elle ne va pas en direction des chômeurs, elle n'est pas une réalité constante et quotidienne de la vie du travail. La reconquête du travail et de l'emploi passe par une reconquête de la formation professionnelle, qui doit être offerte à ceux qui en ont le plus besoin ; c'est une nécessité.

Que dire de plus ? À la lecture de ce discours et à la vue des autres candidats potentiels pour 2017, je me demande encore pourquoi nous n'irions pas tous voter comme un seul homme pour Bayrou.

Pourtant, je ne sais pas pourquoi, mais nous allons encore avoir un duel entre un éléphant du Parti Socialiste, un candidat de droite qui devra avoir l'aval de Nicolas Sarkozy, le tout arbitré par des chemises brunes reteintes en bleu marine.

 

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