« IngratitudeSouvent le beau varie »

Librairies catholiques, suite et pas fin

14.07.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les tradis, Haines ordinaires

J'ai déjà déversé ma haine envers les librairies catholiques dispendieuses de publicités par courrier électronique. Il y a quelques jours, je me suis désabonné de leur liste de diffusion, liste à laquelle je ne m'étais d'ailleurs jamais abonné. Autant souffler dans une contrebasse pour faire de la musique.

Cette semaine, je reçois encore un message de cette enseigne que je ne peux m'empêcher de partager. Cette librarie me propose les choix suivants :

Je passe sous silence les sempiternelles biographies de Saint Thomas d'Aquin, les « Pensées sur l'Eucharistie », les « Métiers de Dieu » et les traités sur l'influence néfaste de l'anglais sur l'amitié franco-allemande sous couvert de biographies de grands hommes et d'histoire en général. En revanche, je ne peux résister à vous faire connaître les cahiers de vacances en vente sur le site en question :

et dont les descriptions, telles qu'elles ont été écrites par leur éditeur Transmettre, sont les suivantes :

Redécouvrir la foi catholique en s'amusant : c'est le but de ce Cahier de vacances pour enfants de 7 à 77 ans et même davantage. Pour les enfants qui ne connaissent pas encore les devoirs de vacances ou pour les adultes qui s'en souviennent, voici un moyen humoristique et ludique d'apprendre ou de réviser le b a ba du caté. Quarante exercices et jeux permettent de passer en revue les fondamentaux du christianisme : le Credo, les sacrements, la vie dans le Christ, la prière, ainsi que les éléments principaux de la culture religieuse: la Vierge Marie, les saints, la Bible et l'art chrétien. Tout pour évaluer seul ou – mieux encore – en famille son niveau de connaissances religieuses !

Après le succès du Cahier de vacances catho, Transmettre récidive avec un nouveau cahier pour enfants, jeunes et adultes : Le Cahier de vacances avec la Bible. Avec encore plus de pages et – autre nouveauté – un classement par niveaux de difficulté. Redécouvrir la Bible tout en s'amusant : une quarantaine de jeux très variés permettent de mieux connaître l'Ancien testament comme le Nouveau. Et de tester votre culture biblique en famille !

Édifiant, non ? Donc, disais-je, pour me cultiver cet été, j'ai le choix entre :

  • Le prêtre, ouvrage de 132 pages pour le prix modique de 9,90 € ;
  • Tolérance intolérante ? Petite histoire de l'objection de conscience ;
  • Pourquoi prier ? Comment prier ?
  • Néron, monstre sanguinaire ou empereur visionnaire ?
  • Amour et silence et autres textes ;
  • et deux cahiers de vacances risibles.

Néron, l'incendie de Rome, les persécutions des chrétiens, les martyrs… Tous les poncifs de la pensée catholique bornée sont résumés en quelques mots. S'il ne fait aucun doute que ces persécutions, dans leur diversité, vont jouer un rôle crucial — c'est le cas de le dire — dans le développement du christianisme et de sa doctrine, l'historiographie chrétienne et donc la très grande majorité des sources, qui s'est développée en même temps que le culte des martyrs, a présenté ces persécutions comme une « politique d'intolérance religieuse, cohérente et systématique ».

Plus préciséement, au cours des Ie et IIe siècles, le christianisme est persécuté de façon sporadique et non systématique dans le temps et l'espace par l'état romain. En dépit de leur dénomination traditionnelle (« persécutions de Domitien, de Trajan, de Marc Aurèle, de Septime Sévère »), depuis la fin du règne de Néron et jusqu'à la fin du deuxième siècle, aucun empereur romain n'a été à l'initiative des condamnations et répressions (Marie-Françoise Baslez, Les persécutions dans l'Antiquité - Victimes, héros, martyrs, Fayard, 2007) et les motivations religieuses de ces persécutions se retrouvent souvent au second plan tout en étant assez imprécises. Par ailleurs, dans le Dictionnaire de l'Antiquité grecque et romaine dirigé par Jean-Paul Thuillier, on peut lire à l'article « persécutions » que « le nombre des martyrs a été largement exagéré par la propagande chrétienne : la persécution de Néron, par exemple, a fait moins de trois cents morts ».

Il faudrait rapporter ce nombre à la population chrétienne de Rome lors de la persécution ainsi qu'à la population de la ville qui atteignait un million de personnes. Lorsqu'on sait que la communauté chrétienne de Rome s'est implantée grâce à la communauté juive et que cette dernière était importante et bien intégrée, ces trois cents victimes prêteraient à sourire tant ce nombre est insignifiant par rapport à la population paléochrétienne.

J'aimerais donc que ces points soient relativisés. Loin de moi l'idée de prétendre qu'il n'y a pas eu de victimes, mais de là à en faire une montagne, il y a un pas que je ne franchirais pas. Qu'une frange de la population cherche à en faire un drame absolu, et n'ayons pas peur des mots un génocide, prouve juste sa peur et le fait que cette population ne peut exister qu'en prenant une posture de victime. Avoir un ennemi commun fédère et donne une consistance à un groupe.

Paul Valéry avait donc raison lorsqu'il écrivait que « Dieu a créé l'homme à son image et l'homme le lui rend bien ».

 

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