« La réalité dépasse l'afflictionIl l'a dit ! »

La France coule, la majorité délire, l’opposition dort

01.01.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Monde de merde, Je hais les politiciens

Vous vous en doutez même si vous ne voulez pas encore en entendre parler, la situation économique du pays se dégrade semaine après semaine. Le chômage empire, les chiffres du pouvoir d’achat sont désastreux, le mal logement s’amplifie et, pire encore, aucune perspective crédible d’inversion ne se dessine malgré les annonces faites hier soir par notre président national.

Ce tableau général du marasme ambiant est largement corroboré par mes contacts avec la société civile. Rien de statistique, mais les dépôts de bilan, fermetures d’activités et de petits commerces se poursuivent à rythme soutenu. Les ventes immobilières sont atones car de plus en plus de gens sont contraints à vendre leurs biens immobiliers pour aller trouver de l'emploi là où ils se figurent qu'il en reste encore ou pour tout simplement avoir de l'argent pour vivre alors que plus personne n'a réellement les moyens d'acheter. Les petits employeurs affirment avoir dû comprimer leurs effectifs pourtant pas tout à fait pléthoriques.

Or que propose aujourd'hui la majorité ? A-t-elle seulment pris la mesure de ce qui se présente à nous et que nous devrons affronter cette année ? Je vous laisse seuls juges.

Le gouvernement vient d'annoncer un recours accru aux contrats aidés. Pour l'année 2015, le chiffre avancé est de quatre-vingt mille contrats aidés de plus sans jamais n'évoquer leur financement. Il est vrai que conformément au dogme de François Hollande, cela ne coûte rien, c'est gratuit puisque c'est l'état qui paie (sic). Pourtant, ce qui est réellement dérangeant n'est pas le recours à ces contrats aidés, mais le fait qu'aucun ministre, aucun député ne semble vouloir tenir compte du fait qu'aucun plan antérieur de contrats subventionnés n'a produit la moindre baisse du chômage. Pourtant, depuis le début des années 1980, il y en eut et la moindre des choses que l'on puisse dire est que nous avons aujourd'hui un certain recul sur l'inefficacité de cette mesure.

Mais il y a plus absurde encore. Fleur Pellerin, qui n’a pas plus lu Bastiat que Modiano, annonce une taxe fantastiquement intelligente sur les cartouches d’encre pour financer un conseil national du livre. Personnellement, j'en ignorais presque l'existence. Mais gageons que sans ce conseil national du livre, plus aucun livre ne se vendrait plus dans notre beau pays.

Deux députés PS, Sylviane Bulteau et Jean Cresta, demandent « subtilement » au ministre des finances s’il envisage de « réguler » les ventes immobilières de particulier à particulier en ligne, argüant que ces ventes qui échappent aux réseaux traditionnels, engendreraient un « manque à gagner » de 312 millions d’euros en taxes. Au passage, ils oublient sans doute inconsciement — vous savez que je vois le mal partout — de se demander ce que ces usagers du boncoin.fr font de ces 312 millions qui ne sont pas perdus pour eux.

Dans les nouveautés, car nos gouvernants ne sont pas avares en imagination, n’oublions surtout pas pas le petit amendement chafouin obligeant les entreprises voulant engager des stagiaires à obtenir un certificat auprès de l’inspection du travail. Je vous laisse entrevoir les conséquences. Et c'est sans compter naturellement la mise en œuvre à partir d'aujourd'hui de l'usine à gaz avec des fuites qu'est l'introduction du compte pénibilité simplifié — notez bien le simplifié —dans la gestion du personnel des entreprises et la clause de la loi Hamon obligeant toute entreprise cherchant un repreneur à en avertir les salariés préalablement.

Un nouvel amendement du PLFSS 2015 renforce la répression contre tous ceux qui prétendent s’affranchir du monopole public le plus dispendieux et inefficient qui soit, l’assurance maladie connue sous le sobriquet de sécu. Personnellement, je me suis dénoncé moi-même et j'attends les gendarmes depuis deux mois. En toute objectivité, il vaut bien mieux cambrioler des maisons, faire du trafic en tout genre plutôt que de militer pour la liberté de choix des assurances sociales dans ce pays.

Dernière chose sans quoi ma liste serait très longue encore, un certain Gérard Bapt, député PS, a fait passer un amendement conduisant à assujettir les dividendes de SA/SAS versés aux dirigeants et créateurs aux charges sociales. Je ne sais trop où en est cet amendement lorsque j'écris ces lignes, mais s'il était appliqué, cela reviendrait à emputer de plus de 60% de taxes une masse qui subit déjà un des impôts sur les sociétés parmi les plus élevés du monde.

Et on voudrait avec tout cela qu'il reste encore des gens pour travailler en France. Ce qui est somme toute étonnant, c'est qu'il en reste encore quelques uns.

Bref, on oscille entre gesticulation ridicule et taxation mortifère, laquelle achèvera de tuer toute velléité d’investissement productif à moyen et long terme dans notre pays. Pourtant, alors que notre pays aurait besoin d'entrepreneurs, tout semble fait pour les étouffer. Le gouvernement ne sait que répéter à l'envi l’acronyme « CICE » dont les 40 milliards qu’il représentera, dit-on, dans trois ans, ne sont encore qu’une promesse. L’ambition réformatrice du gouvernement paraît bien pâle malgré les promesses de François Hollande. Quant à sa majorité même amputée de ses frondeurs, elle semble prête à multiplier toutes les imbécillités pour rendre son travail encore plus ardu.

Manuel Valls dit aimer les entreprises ? Il n'a pas empêché l'amendement Bapt de passer alors que la droite, une fois de plus dormait. En effet, ce n'est que cinq jours après le vote de cet amendement qu'un député UDI, Jean-Christophe Fromantin, s'est aperçu de cette absurdité. Il faut lui savoir gré d'avoir essayé de sonner le réveil même si les dirigeants de l'UMP dorment encore profondément. Au moins aura-t-il tenté de faire, un peu tard, quelque chose. Chose assez étrange, si l'UMP a été prompte à mobiliser ses troupes contre le mariage pour tous, force est de constater qu'elle a été incapable d'alerter les foules contre un assasinat délibéré de l'économie française par des idéologues aux abois. Je fais ici exactement le même reproche aux organisations patronales qui auront tout de même attendu six jours après le vote de cet amendement pour se rendre compte qu'il y avait peut-être comme un léger problème. 

Nous sommes donc dans la situation suivante : la majorité n'est conduite que par une idéologie crasse qui utilise principalement des paradigmes issus des travaux de Keynes. Elle cherche à appliquer directement les conlusions de Keynes en en oubliant fortuitement le contexte. Les États-Unis d'Amérique des années 1920 ne sont pas l'Europe des années 2010. Quant à l'opposition, celle-ci est d'un niveau tellement faible qu'elle n'arrive même plus à réagir aux hérésies nées dans les délires néogothiques de l'assemblage dément et hétéroclite des rangs de la majorité. Je ne vois pas comment un changement positif de politique pourrait émerger de la fin du quinquennat désastreux de François Hollande qui n'a toujours pas compris qu'il n'avait pas gagné en 2012, mais que son adversaire avait perdu, et qu'il serait temps d'en tenir compte.

L'attitude de la majorité et de l'opposition ne concourra qu'à un renforcement des partis populistes que sont le Front de Gauche d'une part et le Front National d'autre part. Les deux ont un programme économique d'extrême gauche et nous conduiront encore plus promptement vers le déclin que la traditionnelle alternance UMP et PS. Le seul point positif en ce début d'année est l'annonce d'élections anticipées en Grèce avec un parti d'extrême gauche donné grand vainqueur. La Grèce étant ruinée non pas en raison de l'Europe mais en raison des seuls gouvernements successifs grecs depuis quarante ans, je parie que donner le pouvoir à ces gens-là va remettre les choses dans une juste perpective même si je ne le souhaite pas aux grecs. Pensez juste au fait que l'état grec avait promis en 2008 d'instaurer un cadastre pour récolter efficacement les taxes foncières et que rien n'a été fait depuis cette date alors que l'Union Européenne et le Fonds Monétaire International continue à financer l'état grec !

Pauvre France. Pauvre Grèce.

Mais bonne année 2015 à tous.

 

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