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Consignes pour le second tour

22.03.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

Le 19 mars 2015, très récemment donc, les parlementaires ont adopté à l'unanimité un texte de loi prévoyant d'élargir les modalités d'indemnisation et de reclassement des élus en fin de mandat ou battus aux élections. À l'unanimité. Il fallait bien cela. Lorsque qu'un petit patron se retrouve sans aucune indemnité après avoir fait faillite, ce qui semble ne poser problème à aucun de nos chers représentants, il leur paraît tout à fait normal d'être indemnisé en cas de défaite. Pourtant, s'ils sont battus, c'est bien parce qu'ils sont mauvais.

Étrangement, cette nouvelle qui est tombé à point nommé quelques jours avant le premier tour des élections départementales du 22 mars n'a pas fait beaucoup de bruit. À titre personnel, j'estime qu'il s'agit d'un scandale de plus à mettre au crédit de la caste politique qui nous gouverne depuis plus de trente ans, mais il fallait bien parer aux difficultés de reclassement des conseillers généraux sortants qui risquent de se retrouver au chômage technique. Et pour cela, on bidouille entre soit une loi sur le statut de l'élu qui, adoptée à l'unanimité — ce qui signifie gauche comme droite —, prévoit notamment de doubler la durée d'indemnisation des élus après la fin de leur mandat ainsi que l'ouverture de droits à la formation. Il est vrai que tous les élus n'ont pas la chance de l'ancien boursier reclassé numéro 2 de Habitat. D'un autre côté, en politique et depuis Clemenceau, un élu succède toujours à des imbéciles et est précédé par des incapables. Il était temps de leur ouvrir des droits à formation.

Cerise sur le gâteau, le texte prévoit pour les élus déchus la transformation de leur expérience — ratée parce qu'ils ont été battus, rappelez-vous — en diplômes via le système de validation des acquis, une mesure qui vise à faciliter le reclassement en entreprise. Naturellement, les entreprises seront dupes.

Et cette loi est naturellement totalement décorrélée des élections départementales. Elle n'a été votée récemment que par un vilain hasard du calendrier puisqu'officiellement, elle devrait surtout permettre de diversifier le profil des élus, en facilitant l'engagement des salariés du secteur privé et des femmes notamment. Les femmes ont des épaules bien larges, il faut bien justifier par des arguments spécieux une loi indigne d'une démocratie qui se permet de donner des leçons au monde entier. Quant aux anciens employeurs de ces élus, ils seront contraints, puisqu'ils renâcleraient trop souvent à reprendre une personne qui les a quittés durant de longues années de mandat, à réintégrer l'élu en fin de mandat.

La date du vote de cette loi n'a rien à voir avec les élections départementales assure Philippe Doucet, et la loi ne devrait pas bénéficier aux battus de dimanche. « La loi entrera en vigueur au 1er janvier 2016. On voulait initialement qu'elle s'applique aux municipales de 2014 mais le calendrier parlementaire n' a permis de voter le texte que maintenant », précise-t-il. C'est une justification, mais le fait qu'elle ne s'appliquera pas aux sortants des élections actuelles n'en fait pas pour autant une loi admissible. Elle renforce encore la tour d'ivoire de nos élus. Ils votent des lois ineptes qui coulent ce pays depuis plus de trente ans, il serait assez légitime qu'ils en fassent un peu les frais.

Heureusement qu'habitant à Paris, je n'aurai pas à aller voter dimanche prochain. Je pense que j'aurais été insultant.

 

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