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SNCF, à nous de vous faire préférer la route

22.06.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je suis un heureux usagé (sic) de la SNCF, de ces gens qu'elle qualifie de manière assez guillerette de grand voyageur plus avec palmes et fourragères. Je parle d'usagé car j'ai pu constater une fois encore la qualité de service exceptionnelle que cette grande entreprise fournit à ses clients qui sont à bien y regarder de près et au mieux que de vulgaires usagers prisonniers d'une machine infernale dans laquelle personne ne prendra d'initiative.

Je m'explique.

Toutes les semaines, j'ai la chance d'utiliser ce que la SNCF appelle des trains Intercités sur la fameuse ligne POLT. Pas un rapide ni un express, non, simplement un Intercité. Cela évite de trop appuyer sur sa lenteur. Cerise sur le gâteau, je commence mon trajet par 1h15 d'omnibus et une correspondance d'une demi-heure.

Donc hier au soir, en arrivant à la gare de Limoges-Bénédictins, j'entends le contrôleur annoncer que la correspondance pour Paris aurait 2h00 de retard. C'était compréhensible, quelqu'un avait décidé de se suicider en gare de Pierre-Buffière vers 18h45. Pierre-Buffière se trouve à 17 km au sud de Limoges sur la ligne principale venant de Toulouse. Je n'imputerai pas ce suicide à la SNCF, non, mais je mets au crédit de cette magnifique entreprise l'absence de réaction et de prise de décision de la part de sa hiérarchie encore en week-end ayant abouti à la soirée mémorable du 21 juin 2015.

En effet, seuls trois trains de voyageurs devaient circuler ce soir-là sur cette ligne. Le premier, accidenté, était bloqué en gare de Pierre-Buffière. Un deuxième en provenance de Paris devait aller jusqu'à Toulouse et un troisième train en provenance de Toulouse cherchait à se rendre à Paris.

Lorsque l'accident a eu lieu, aucun des deux derniers trains ne se situait entre Limoges et Brive-la-Gaillarde. Il aurait été tout à fait possible, les villes de Limoges et de Brive étant reliées par deux voies SNCF, de faire passer les trains en traction diesel sur la ligne passant par Saint-Yrieix plutôt que de les engager sur la ligne passant par Uzerche. Les gares étaient fermées, mais avec un seul canton entre Nexon et Brive, cela aurait tout à fait été possible. Il suffisait de le vouloir ou d'en avoir l'idée. Comme il aurait été tout à fait possible de constituer un train au départ de Limoges et à destination de Paris pour décharger l'aval de la ligne. Cela aurait été possible. Mais pour cela, encore eut-il fallu que quelqu'un à la SNCF, un dimanche soir, en prenne la décision. Au lieu de cela, le train accidenté fut terminus à Limoges et tous les autres voyageurs se sont entassé dans le train suivant, initialement au départ à 20h06 de Limoges et parti effectivement à minuit et demi.

Ce train qu'on aurait anciennement appelé rapide fut transformé en express et nous sommes arrivés à 3h45 en gare de Paris-Orléans, pardon de Paris-Austerlitz. Là, rien n'avait été prévu. Fête de la musique oblige, l'accueil SNCF nous demande de prendre les transports en commun qui étaient censés être ouverts toute la nuit. Certes, mais seules quelques lignes de métropolitain fonctionnaient et ce n'était le cas ni de le 5 ni de la 10 passant à la gare d'Austerlitz. La SNCF naturellement et contrairement à ce qui a été dit dans le train ne prenait pas en charge les frais de taxi. Au bout du quai, les esprits se sont échauffés et j'ai pu finalement obtenir un chèque taxi de 20€. Il y a encore quelque temps, ces chèques faisaient 30€, il n'y a pas de petites économies.

Et la bataille pour trouver un taxi a commencé. Une véritable bataille car la SNCF ne voulant pas payer les taxis n'avait pas prévenu les compagnies. Imaginez les passagers de quatorze voitures bondées attendant à 4h00 du matin des taxis en maraude. J'ai eu de la chance, une personne allait dans la même direction que moi et nous avons fait taxi commun. Arrivée chez moi à 4h30. J'ai hésité à me coucher avant de partir travailler.

Ce n'est pas la première fois que je vis une pareille mésaventure. Encore une fois, la SNCF n'est pas responsable de l'incident initial mais elle est parfaitement responsable de la gestion de cet imprévu et de la cascade d'événements. Dans n'importe quelle entreprise normalement constituée, le nécessaire aurait été fait pour ne pas laisser autant de monde sur le carreau. Là, rien de tel. Le seul souci des employés de la SNCF de Limoges était de savoir comment allaient être payées leurs heures supplémentaires et comment ils pourraient rentrer chez eux. S'interroger de la sorte devant des voyageurs qui désespéraient de pouvoir rentrer chez eux était du plus mauvais goût.

Vivement que ce machin soit soumis à la concurrence. Cela ne pourra être que bénéfique !

 

5 commentaires

Commentaire de: Bruno
Bruno

Bonjour ,
Je me permet de réagir en connaissance de cause concernant l’incident du 21 juin car je suis le conducteur du train qui était bloqué à Brive et est passé à Limoges vers 0h30 ( train 3690 ).

Vos proposition de détourner le train par la ligne Brive Limoges par St yrieix, mais si elle peut paraître faisable est tout bonnement impossible… Une raison simple, la charge à l’essieux… Un train intercité de 14 voitures machine comprise (que l’on met elle aussi en “véhicule” car ligne non électrifiée) pese 750 tonnes …
De plus, pour tractionner un train de cette masse, et vu le profil, il faudrait deux engins thermiques qui n’existent plus depuis longtemps sur Brive…

À cela s’ajouterait la recherche d’un agent “autorisé” à cette ligne (denrée rare) et ce n’est pas mon cas (et oui, conduire un train, ce n’est pas conduire un bus…). Je pense que ce qui a été fait était dans la gestion des circulations est proche du maximum !…

Là où je vous rejoint, c’est que les effectifs de nos hauts responsables SNCF (les pontes qui prennent les décisions en haut quand vous vous faites engueuler en bas…) n’etaient pas au plus haut (un dimanche et fête de la musique , nos cadres avaient sans doute autre choses à faire… ).

La gestion des taxis sur Paris me paraît également scandaleuse, ok avec vous …

Pour votre info, la durée légale de l’amplitude de travail d.une journée conduite est de 11h. Ce jour là ma journée a été de 15h et j’ai du touché un supplément de salaire astronomique de… 9€.

Ne croyez pas que ce genre de situation amuse le personnel SNCF, sur le terrain du moins… Des centaines de personnes a gérer, ce n’est pas si simple et beaucoup d’agent font ce qu’ils peuvent avec le peu de réactivité que leur donne notre entreprise, vu son état de détérioration…

Un dernier point, la concurrence ne règlera en rien le problème et la qualité de prise en charge en cas d’alea sera déplorable car il n’y aura aucune obligation légale (je pense que vous avez déjà dû prendre un vol EasyJet ou autre).

Si vous avez des questions techniques et règlementaires sur les questions ferroviaires, j’y répondrai dans la limite déontologique…

23.06.15 @ 22:24
Commentaire de: Le Grincheux

Je n’ai pas le temps de vous faire une réponse argumentée ce soir, mais sans passer par Saint-Yrieix, il restait la possibilité de passer ou par Périgueux (dont la ligne supporte un train de 14 voitures) ou de simplement former un train à Limoges. J’ai voyagé dans beaucoup de pays pour raisons professionnelles, j’avoue ne jamais avoir vu autant de pagaille que lorsqu’un imprévu survient à la SNCF.

J’ai d’ailleurs un souvenir assez ému d’un certain accident à Brétigny. Pas de l’accident lui-même, mais de sa gestion. Mais j’ai aussi d’autres souvenirs moins douloureux où la SNCF découvre tous les hivers qu’il gèle dans l’est. Il y a quelques années, lorsque je prenais les trains internationaux qui passaient par Strasbourg, qu’il gèle ou qu’il vente, la DB s’arrangeait pour les faire arriver à l’heure quitte à ce qu’ils soient en traction diesel. Après, ça
se corsait…

Quant à la concurrence, elle ne viendra jamais puisque la SNCF fait tout pour faire mourir les lignes les unes après les autres avec des politiques aberrantes (bien aidée je dois le dire par le conseil régional du Limousin dans le cas qui nous intéresse).

Mais je vous promets une réponse plus complète.

23.06.15 @ 23:20
Commentaire de: Bruno
Bruno

Je suis d’accord avec vous sur la gestion des imprévus…

Je roule depuis 20 ans maintenant et je n’ai jamais connu une telle désorganisation au niveau des services… Lorsque j’ai débuté, l’entreprise était intégrée et les décisions étaient prisent par un seul gestionnaire. Ce n’était pas parfait mais la réactivité était là…

Depuis que la gestion par activité est apparue (intercité, TGV, TER, fret, combiné…), celles ci sont cloisonnée et c’est “chacun sa merde” ! Plus de réactivité et on multiplie les décideurs, pour le plus grand désagrément des voyageurs et souvent l’incompréhension du personnel…

Et ce que le public a du mal à comprendre, c’est que la réforme ferroviaire va aggraver les choses… Et j’en suis profondément désolé car j’aime mon métier et je ne le conseillerais pas (plus…).

25.06.15 @ 17:43
Commentaire de: Le Grincheux

Le problème principal est que l’usager doit faire le grand écart entre une désorganisation voulue du service sur certaines lignes (suppression de lignes, absence de traitement des imprévus, réponses du service client surréalistes…), les différents conflits sociaux internes de l’entreprise (défendables ou non pour le public) et les différents avantages de la profession de cheminot qui passent de plus en plus mal dans la conjoncture actuelle.

Du point de vu de l’usager, prendre un train (hors TGV) est aussi de plus en plus faire un pari car il ne sait jamais s’il atteindra sa destination. Je ne parle même pas de l’heure d’arrivée, mais simplement d’atteindre sa destination. Sur la ligne POLT, pour peu qu’on ait comme moi une correspondance, c’est une gageure et un risque à chaque départ.

Encore une fois, un imprévu est toujours possible, mais il doit être géré au mieux des intérêts des usagers et de la SNCF. J’ai un souvenir ému d’un arbre qui est tombé sur la voie entre Brive et Pompadour, le chenapan, un dimanche vers 14h30. Si cela vous intéresse, c’est par là : http://grincheux.de-charybde-en-scylla.fr/?p=556&more=1&c=1&tb=1&pb=1

Pour la petite histoire, la SNCF a utilisé des taxis pour aller de Brive à Pompadour. Ils ont juste oublié le conducteur qui mettait consciencieusement son automotrice au dépôt.

25.06.15 @ 18:19
Commentaire de: Le Grincheux

Et paf ! Mouvement social interprofessionnel national demain… Il y avait longtemps.

25.06.15 @ 19:41


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