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L'éléphant dans le salon des cotisations sociales

31.07.15 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Je viens de tomber sur plusieurs articles de presses assez intéressants et qu'il convient de regrouper pour avoir une vue d'ensemble de la situation française. Du premier article, je ne retiendrai qu'un simple graphique daté de septembre 2014 et issu d'un classement des pays de l'OCDE. Ce graphique, le voici :

L'éléphant dans le salon des cotisations sociales

 

Fig. 1 : extravagance des cotisations françaises

L'OCDE annonce que la France est, parmi les trente-quatre pays qui la composent, celui qui consacre la plus grande partie de son PIB aux dépenses sociales. En effet, cette part est en moyenne de 22% contre 32% pour la France, ce qui fait tout de même 50% de dépense en plus que la moyenne de l'OCDE.

À ce point du raisonnement, il faut se rappeller que l'estimation du PIB de 2014 de la France est de 2300 milliards d'euros et qu'à ce titre, la France est encore la troisième puissance de l'organisation en question derrière les États-Unis d'Amérique et l'Allemagne. Il faut se rappeler aussi ce qu'est le PIB. Le PIB, n'en déplaise à certains, n'est pas un indicateur pertinent de la richesse nationale. En effet, contrairement à la production industrielle, il ne s'agit que de l'agrégat grossier des comptes nationaux. Cet indicateur regroupe pour un pays et une année donnée la valeur totale de la production de richesse effectuée par l’ensemble des acteurs économiques résidant sur le territoire (ménages, salariés, entreprises… et administrations). En d'autres termes, l'ensemble des dépenses publiques entrent dans le calcul du PIB et, pour la France, elles représentent grosso-modo 60% du total. Ces dépenses publiques sont ce qu'on appelle pudiquement le PIB non marchand. À un tel niveau, c'est un vériable poison.

À côté de ces 60% du PIB se trouvent les 40% manquants qui représentent le PIB marchand. Ces 40% sont la richesse créée par les entreprises privées. Sans être un grand clerc, il est assez simple de comprendre que lorsque le PIB non marchand est supérieur au PIB marchand et que la situation s'éternise, il y a comme un problème. Lorsque la création réelle de richesse n'excède pas 40% du PIB, elle ne peut financer les 60% constitués de dépense publique contenant toutes les redistributions si généreuses que l'état sait mettre en pratique.

Face à ce problème, il n'y a qu'une seule solution, envisager une refonte complète du système avec des dépenses à la hauteur des recettes, ce qu'aucun gouvernement n'a fait depuis 1974. Et seule une fiscalité raisonnable pour l'investissement privé ne le permettra car il faudra inverser le ratio PIB marchand contre PIB non marchand. Malheureusement, nous n'en prenons pas le chemin. Aucun parti politique actuel n'a pris la mesure réelle de ce qui nous attend dans un avenir proche. La fin du système social français est programmée. Quelles qu'en soient les conséquences, nous n'aurons que ce que nous méritons collectivement. Et je ne suis pas sûr que nous soyons même aussi méritants que les grecs.

Et ce qui me rend encore plus pessimiste, c'est qu'un type comme Cambadélis arrive encore à dire que le gouvernement doit continuer à baisser les impôts. Si, si, il l'a dit. Il a osé ! C'est pourtant étrange, toutes les études ont montré que les impôts en général (cotisations, contributions, taxes et impôts) ont réellement et objectivement augmenté depuis quelques années atteignant un taux délirant qui empêche l'économie de fonctionner normalement puisque le taux réel d'imposition est devenu confiscatoire. Mais il est vrai que le Parti Socialiste a supprimé la première tranche d'impôt sur le revenu pour des raisons électoraliste, rejeté sur les collectivités locales des tas de dépenses non budgétisées et augmenté des cotisations sociales en catimini. Et pour être sûr que les gentils électeurs soient bien averti des baisses d'impôts, pour l'occasion, Bercy a prévu une grande opération de communication : en septembre, une lettre d'information sera ainsi envoyée à près de 8 millions de contribuables ayant obtenu une baisse d'impôt supérieure à 100 euros. La lettre, signée par le secrétaire d'état au budget Christian Eckert, précisera, à la demande de François Hollande lui-même, la somme que vous auriez dû payer si le gouvernement n'avait pas baissé les impôts et le montant de pouvoir d'achat que vous allez récupérer. Le coût de cette campagne n'a, lui, pas encore été communiqué.

C'est beau, la communication. Ce serait risible si ce n'était pas fait une fois de plus avec l'argent du contribuable.

Et ce ne serait pas pathétique si le gouvernement n'avait pas bidouillé les dernières statistiques du chômage pour que la hausse du mois de juin ne soit que d'un peu plus de dix mille nouveaux chômeurs. Assez étrangement, le chômage baisse partout en Europe sauf en France. Pire, nous n'avons pas un peu plus de 10% de chômeurs, nous en avons plus de 21% à partir du moment où l'on prend la peine de cumuler tous les demandeurs d'emploi (y compris ceux qui ont travaillé quelques heures dans le mois, ceux qui ont quitté les statistiques de Pôle Emploi faute de s'être réenregistré et ceux qui les ont quitté en allant en préretraite). En retirant de la population active les fonctionnaires qui n'ont pas d'assurance chômage puisque le risque de chômage est pour eux inexistant, nous arrivons presque à 30% de chômage dans la population active non fonctionnarisée ! Et nous nous demandons pourquoi le pays va si mal.

Ce pays n'est plus réformable. Il va droit à la révolution. Cela risque de faire mal.

 

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