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Liberté de la presse

05.11.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

Cela sent la fin de règne dans les palais gouvernementaux. Tout est bon actuellement pour brosser l'électeur dans le sens du poil tant la défaite aux élections régionales risque, pour la gauche, de ressembler à la déroute du XV de France contre les All Black il y a quelque jours.

Et lorsqu'il devient difficile d'encore devenir plus populiste, plus clientéliste, on s'arrange pour que la presse s'auto-censure. Dire que la gauche, dans les années 1970, râlait contre le ministre de l'information et l'ORTF alors que jamais les media n'ont été plus censurés est assez étrange. Certains ont la mémoire décidément très courte.

Depuis longtemps, les journalistes bénéficient d'un abattement fiscal. J'avoue ne jamais en avoir compris l'utilité sauf peut-être pour qu'un journaliste ne morde pas trop fort la main qui le nourrit. Depuis tout aussi longtemps, la presse française est subventionnée. Subventionnée indirectement parce que la TVA qu'elle reverse sur les ventes est de 2,1% alors que celle qu'elle se fait rembourser sur ses achats est de 20%. Subventionnées directement parce que l'état dans sa grande bonté arrose certains media généreusement pour diffuser la bonne parole comme à la grande époque de la Pravda moscovite.

Jusqu'à présent, toute la presse bénéficiait des largesses de l'état pour, officiellement, avoir une presse pluraliste. Alors que la ministre de la Culture souhaite élargir l'attribution de fonds publics à de nouveaux journaux, elle semble avoir trouvé le moyen pour que les titres se situant clairement dans l'opposition n'en bénéficient pas. En effet, déplorant que les aides publiques versées aux journaux pour le pluralisme de la presse et qui s'élèvent à 9 millions d'euros sont selon elle inéquitables, Fleur Pellerin a décidé de revoir les critères d'attribution. Le but ? Que des journaux et magazines tels que Le Monde diplomatique et évidemment Charlie Hebdo puissent en bénéficier au même titre que de grands quotidiens comme Libération ou l'Humanité. À moins qu'il ne s'agisse que de simples torchons qui ne puissent que se parcourir d'un postérieur distrait comme aurait pu le signaler le fils de Lucien Guitry.

Mais revenons à ces aides payées par vos impôts. Il s'agit en fait, d'aides directes attribuées aux journaux « à faibles ressources publicitaires ». Notez bien l'excellent maniement de la litote par nos législateurs puisqu'un journal à faible ressource publicitaire est un journal à faible audience. Or, comme l'explique l'hebdomadaire Marianne, « seuls les quotidiens en bénéficient jusqu'alors », ce qui explique pourquoi un magazine comme Charlie Hebdo n'y a pas droit. Le ministre souhaite donc aider la presse en élargissant les aides. Personnellement, je serais plutôt d'avis qu'on les supprime et que les journaux vivent de leur audience. Peut-être seraient-ils enfin contraints à publier des articles de qualité. La presse régionale est pathétique, utile seulement pour connaître la date de la prochaine réunion de l'amicale bouliste du village d'à-côté. Quant à la presse nationale, elle est indigne d'un pays qui prétend encore vouloir jouer un rôle international. Le Figaro n'est plus que l'ombre de lui-même, le Monde n'est qu'un torchon pétri d'idéologie crasse dans lequel l'encart le plus intéressant est le dessin de Plantu. Les autres quotidiens sont inexistants. Mais tous s'accordent sur un point, être médiocres face au Wall Street Journal, au Washington Post ou au Times que l'on trouve dans tous les aéroports du monde et qui servent de référence.

Comme l'argent des autres est quelque chose de gratuit en Socialie, le ministre va donc en distribuer un peu plus. Un peu plus, oui, mais pas pour tout le monde ! Il faudrait tout de même voir à ne pas exagérer.

Car lorsqu'il s'agit de verser ces aides à des médias se plaçant idéologiquement clairement dans l'opposition — comprendre : à droite de l'échiquier politique —, le ministre semble avoir voulu installer des barrières filtrantes. Ainsi, des journaux tels que Valeurs Actuelles ou encore l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol n'auront pas le droit à leur part du gâteau. L'égalité à la mode socialiste est tout de même un machin à géométrie variable qui m'étonnera toujours et qui devrait plaire aux ingénieurs de Dassault.

Devant la commission des Affaires Culturelles de l'Assemblée Nationale, Fleur Pellerin a expliqué comment elle comptait s'y prendre. L'extension des aides au pluralisme de la presse permettra à plus de périodiques d'avoir accès à ce soutien financier. Une seule condition : que le média en question n'ait jamais été condamné par la loi pour « incitation à la haine raciale ». Encore plein de bons sentiments, d'autant qu'il est assez facile de se faire condamner pour « incitation à la haine raciale » lorsqu'on est un journal et que l'on publie des papiers qui ne sont pas du goût de certaines associations elles-aussi grassement subventionnées au motif d'un vivrensemble grassouillet et sirupeux. Oublié donc Valeurs actuelles, qui avait en août 2013 sorti sa une intitulée « Roms : l'overdose » qui avait fair pâlir et s'indigner la gauche et avait coûté en mars dernier à son patron, Yves de Kerdrel, une condamnation à 3 000 euros d'amende pour « provocation à la discrimination, à la haine ou la violence » ainsi que pour diffamation. Il en va de même pour le quotidien d'extrême-droite Minute, qui avait affiché une caricature de Christiane Taubira, comparant la garde-des-sceaux à un singe, ce qui lui avait valu une amende de 10 000 euros pour « injure à caractère racial », condamnation qui avait été confirmée en septembre dernier par la cour d'appel de Paris. Et l'hebdomadaire Rivarol, d'extrême-droite également, mais entretenant depuis plusieurs années un conflit ouvert avec le Front national dont il juge les positions pas assez radicales et désormais « trop proches du système », n'échappera pas non plus à la punition, si la mesure du ministre de la communication venait à entrer réellement en vigueur.

Je ne cautionne pas ces journaux. Mais la pluralité de la presse devrait se référer à Voltaire qui déclarait combattre certaines idées tout en battant à mort pour quelles puissent exister. Là, il s'agit juste de distribuer de l'argent public à une presse diffusant la bonne parole, nécessairement de gauche.

 

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