« PignoufferiesLe jour d'après »

La démocratie meurt sous un tonnerre d'applaudissements

17.11.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Monde de merde, Je hais les politiciens

Voilà, c'est dit. Manuel Valls a déclaré ce matin, confirmant la déclaration devant le congrès de François Hollande, qu'il allait demander une prolongation de l'état d'urgence pour une durée de trois mois.

L'état d'urgence est un dispositif qui permet aux forces de l'ordre d'entrer chez vous n'importe quand et pour n'importe quel motif. Et si c'est très efficace sur le plan de la communication, cela l'est nettement d'un point de vue opérationnel puisque sur les quelques centaines de perquisitions effectuées depuis samedi dernier, seules quelques unes se sont avérées fructueuses. Toutes les autres ont été des coups d'épée dans l'eau mobilisant tout de même les forces de l'ordre qui n'ont vraiment rien d'autre à faire actuellement.

Dans ce contexte, j'ai pu entendre sur France Inter ce matin vers 7h50 Laurent Wauquiez déclarer abruptement :

Je ne prends plus le risque de laisser dans la nature ces individus, principe de protection.

Et d'en rajouter une couche en répondant aux déclarations de Bernard Squarcini indiquant qu'« on est complétement à côté de la plaque à propos des fiches S. Quand on fait une fiche S c’est qu’on a aucune preuve » :

On n’est plus dans l’Etat de droit où il faut un jugement pour être enfermé.

Ainsi, le numéro 3 des Républicains indique d'une part qu'il ne comprend rien aux mécanismes du renseignement et d'autre part que cela ne le dérange absolument pas d'institutionaliser des arrestations arbitraires dont il reste à prouver qu'elles soient efficaces. En effet, les forces de l'ordre seraient peut-être bien plus efficaces à faire d'autres actions moins médiatiques. Quant à l'avis de Bernard Squarcini qui sait, lui, tout de même de quoi il parle, il l'évacue d'un revers de main.

Aujourd'hui, et j'ai conscience que je vais choquer, nous avons presque eu de la chance. Les attentats parisiens ont été commis avec des armes conventionnelles. Il ne faudrait surtout pas oublier que les « gentils djihadistes » ont pris possession en Syrie de stocks de gaz de combat suffisamment importants pour faire suffoquer quelques milliers de Français. Nous l'avons oublié, mais ils se sont servis dans une usine chimique de Mossoul lorsque la ville est tombée entre leurs mains. Il ne faut pas oublier non plus qu'ils ont aussi fait main basse sur quelques 40 kilos d’uranium radioactifs de l’université de la même ville et que cet uranium se promène toujours dans la nature.

C'est donc dans cet état d'esprit qu'un arrêté a été pris dans l'urgence le 14 novembre 2015, publié au journal officiel de la république française le 15, et autorisant l'utilisation de sulfate d'atropine. Cette information est lourde de sens. Elle signifie que l'état prend cette menace au sérieux puisque l'utilisation de sulfate d’atropine, solution injectable 40 mg/20 mL PCA est un antidote aux neurotoxiques organophosphorés.

À cet instant du raisonnement, il faut tout de même observer le décalage entre la gesticulation d'une part — l'imposition de l'état d'urgence et sa prorogation demandée pour trois mois avec tout ce que cela implique — et les manœuvres en sous-main d'un état en panique, n'ayant pas depuis 2011 pris la mesure de la catastrophe annoncée.

Le pire dans la situation actuelle est que tous les partis politiques appellent à cet état d'urgence. Tous, sans exception. Cela signifie aussi que toute démocratie est morte ce 13 novembre puisque, sous couvert de l'état d'urgence, tous les rassemblements, toutes les manifestations seront interdites. En particulier, la sinistre loi de santé passera, avec quelques dizaines de députés dans l'hémicycle malgré l'opposition de toute une profession qui ne pourra se rendre devant l'assemblée comme prévu. La loi sur le renseignement et ses fumeuses boîtes noires ne trouvera plus aucune opposition. Gageons que d'autres textes seront proposés, votés unanimement ou presque par l'assemblée et que ces textes ne feront que restreindre les libertés fondamentales pour un résultat au mieux incertain.

En effet, nous étions déjà sous le couvert du plan Vigipirate rouge, avec des contrôles aux frontières en raison de la future COP21 et des forces de l'ordre aux aguets. Et cela n'a rien empêché parce qu'il est illusoire de combattre des hommes prêts à mourir pour une cause avec des forces dont les membres réchignent à terminer en martyrs.

Des attentats, il y en aura encore, malheureusement. Et ce n'est pas en rajoutant des textes de loi à un corpus législatif suffisant que l'on pourra régler le problème.

 

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