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Voyant rouge

23.11.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers, Je hais les politiciens

Depuis le 13 novembre dernier, nous vivons sous un régime d'informations parcellaires. En effet, les media officiels reprennent en boucle les images des attentats parisiens et tout ce qui touche de près ou de loin le terrorisme malheureusement ordinaire dans lequel nous allons être contraints à vivre. Cela va de l'état d'urgence fort à propos pour aider un gouvernement aux abois et permettant de museler la vindicte populaire (médecins, professions libérales…) à Bruxelles ville morte quadrillée par les forces spéciales en passant par tous les petits coups de canif dans un état pas encore tout à fait policier avec l'acceptation explicite de la majorité de nos concitoyens. Pourtant, Benjamin Franklin signalait déjà

un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour plus de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux.

Cette phrase ne devrait pas faire oublier ces mots de Churchill disant à propos de Daladier et de Chamberlain : ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre ; ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre. La sentence est courte, célèbre, mais il ne faudrait pas oublier l'intégralité de son discours :

[...] Having thus fortified myself by the example of others, I will proceed to emulate them. I will, therefore, begin by saying the most unpopular and most unwelcome thing. I will begin by saying what everybody would like to ignore or forget but which I must nevertheless be stated, namely, that we have sustained a total and unmitigated defeat, and that France has suffered even more than we have [...].

All is over. Silent, mournful, abandoned, broken, Czechoslovakia recedes into the darkness [...].

We are in the presence of a disaster of the first magnitude which has befallen Great Britain and France. Do not let us blind ourselves to that. It must now be accepted that all the countries of Central and Eastern Europe will make the best terms they can with the triumphant Nazi Power. The system of alliances in Central Europe upon which France has relied for her safety has been swept away, and I can see no means by which it can be reconstituted [...].

The road down the Danube Valley to the black Sea, the resources of corn and oil, the road which leads as far as Turkey, has been opened. In fact, if not in form, it seems to me that all those countries of Middle Europe, all those Danubian countries, will, one after another, be drawn into this vast system of power politics - not only power military politics but power economic politics -- radiating from Berlin, and I believe this can be achieved quite smoothly and swiftly and will not necessarily entail the firing of a single shot.

I do not grudge our loyal, brave people, who were ready to do their duty no matter what the cost, who never flinched under the strain of last week. I do not grudge them the natural, spontaneous outburst of joy and relief when they learned that the hard ordeal would no longer be required of them at the moment; but they should know the truth. They should know that there has been gross neglect and deficiency in our defences; they should know that we have sustained a defeat without a war, the consequences of which will travel far with us along our road; they should know that we have passed an awful milestone in our history, when the whole equilibrium of Europe has been deranged, and that the terrible words have for the time being been pronounced against the Western democracies : "Thou are weighed in the balance and found wanting".

And do not suppose that this is the end. This is only the beginning of the reckoning.This is only the first sip, the first foretaste of a bitter cup which will be proffered to us year by year unless by a supreme recovery of moral health and martial vigour, we arise again and take our stand for freedom as in the olden time.

Pour ceux qui ne liraient pas l'anglais dans le texte, je vous en mets une traduction qui vaut ce qu'elle vaut :

[...] Je vais commencer en disant la chose la plus impopulaire et la plus indésirable [...], ce que tout le monde voudrait oublier ou faire semblant de ne pas voir, mais qui doit néanmoins être cité, à savoir que nous avons subi une défaite cinglante et totale, et que la France a à en souffrir peut-être plus que nous [...].

Tout est fini. La Tchécoslovaquie muette, triste, abandonnée et brisée s'enfonce dans les ténèbres [...].

Nous sommes en présence d'un désastre de première grandeur qui s'est abattu sur la Grande-Bretagne et la France. Ne nous laissons pas aveugler. Il faut maintenant se rendre à l'évidence que tous les États d'Europe centrale et orientale vont chercher à s'entendre dans les meilleures conditions possibles avec la puissance nazie triomphante. Le système d'alliances en Europe centrale sur lequel la France a fondé sa sécurité a été balayé, et je ne vois pas par quel moyen il pourrait être restauré [...].

La route qui va du Danube à la Mer Noire, les réserves de céréales et de pétrole, ce chemin qui va jusqu'à la Turquie a été ouvert.. En fait, il me semble que tous les pays d'Europe centrale, tous les pays danubiens vont être attirés dans cette vaste sphère d'influence, dans le cadre d'une stratégie non seulement militaire, mais aussi économique, dirigée par Berlin, et je pense que tout ceci peut être accompli en douceur et de manière discrète, peut-être même sans avoir à tirer un seul coup de feu.

Nos concitoyens dévoués et courageux [...] devraient savoir que nos défenses ont été singulièrement négligées et qu'elles souffrent de faiblesses ; ils devraient savoir que nous avons subi une défaite sans guerre, dont les conséquences nous accompagneront loin sur notre chemin [...], alors que tout l'équilibre de l'Europe a été bousculé, et [ils devraient savoir] que des paroles terribles ont été prononcées jusqu'à présent contre les démocraties occidentales : "Tu ne fais pas le poids".

Ne croyez pas que c'est la fin. C'est seulement le commencement du jugement, la première gorgée, le premier avant-goût d'une coupe amère qui nous sera tendue année après année, à moins que dans un suprême rétablissement de notre santé morale et de notre ardeur guerrière, nous nous relevions et combattions pour la liberté comme par le passé.

Ce désastre, la Russie en a pris la pleine mesure puisqu'elle s'attend à une dépréciation du dollar US à la suite des derniers événements et s'apprête à imprimer en décembre 2015 un trillion de roubles en papier physique, soit la bagatelle de 14,2 milliards d'euros au cours actuel. La banque centrale russe fait cette opération parce que la moitié de la masse monétaire en cirulation en Russie est encore libellée en US$ et que cela risque de coûter plus cher aux Russes de garder cette masse en dollars que de la convertir en roubles malgré une très forte inflation. Certes, ce n'est plus que de la monnaie de singe et il faudra voir à ce que le monde ne termine pas dans une explosion géante de monnaie de singe. Rien n'est malheureusement moins sûr d'autant que les banques américaines sont toujours en faillite et demandent la bagatelle de 1200 milliards de US$ à la FED pour respecter les règles de Bâle III. Pour information, cette somme est peu ou prou le PIB de l'Espagne. Cela commence à se voir, même pour un pays comme les USA. En d'autres termes, cela signifie que même si les banques américaines arrivent à trouver cette somme, la prochaine secousse boursière les emportera comme des fétus de paille. Et cette secousse ne devrait pas trop tarder puisque les entreprises cotées au Dow Jones rachètent sans vergogne leurs propres actions pour qu'elles ne s'effondrent pas. À ce propos, Apple vient de racheter pour 30 milliards US$ ses propres titres, suivie par Microsoft pour 14,2 milliards, Qualcomm pour 9,6 milliards, Gilead Sciences pour 7,5, AIG (déjà responsable d'une partie de la dernière crise) pour 7,0, Oracle pour 6,8, Well Fargo pour 6,7, AbbVie pour 6,3, Pfizer pour 6,2, Boeing pour 6,0… Liste naturellement non exhaustive. L'important, comme l'écrivait si bien Émile Zola, est de maintenir le mensonge au-dessus de la réalité.

Mais ce n'est pas tout. Les bons du trésor allemand offrent maintenant des taux négatifs. Et plus sur sept semaines ou trois mois, non, sur deux ans. Un autre miracle de la planche à billet qui fait qu'à deux ans, ces bons rapporteront un bon -0,39%. Cela signifie que les capitaux qui existent encore ne savent toujours pas où aller et ont décidé, vu le danger imminant de soudaine explosion, de rester en mode parking à long terme à la Bundesbank. Les taux négatifs se généralisent un peu plus tous les jours, ce n'est pas bon signe.

Ce n'est pas bon signe parce que cela signifie que les capitaux envisagent une crise à côté de laquelle la grande dépression de 1929 et la crise des subprimes passeront rétrospectivement pour d'aimables promenades de santé. Cela signifie aussi que toute notre économie va imploser. Pas uniquement les entreprises, mais tout le système social. Aux USA, cela a déjà commencé. Certaines pensions de retraites ont été rognée de 40 à 50%, ce qui fait un sérieux trou dans le budget. Si notre système de retraite par répartition n'est pas viable pour une raison démographique, un système par capitalisation n'est pas non plus sain lorsqu'il n'y a rien à capitaliser.

Ce que je veux donc vous dire ce matin, c'est que dans la situation actuelle, il ne faut plus rien attendre de l'état. Ce sera chacun pour soi. Et seuls ceux qui auront un toit sur la tête (sans avoir de loyer à payer) et un bout de terrain pour jardiner pourront s'en tirer.

Préparez-vous, il est déjà trop tard.

 

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