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Pignoufferies des dessinateurs de presse

27.01.16 | par Le Grincheux | Catégories: Haines ordinaires

Cela ne vous a pas échappé. Le président iranien Rohani a déambulé dans les salles du musée du Capitole à Rome et, lors de cette visite, aucune des statues antiques dénudées n'était visibles, cachées qu'elles étaient par des paravents. La presse s'en est donné à cœur joie, en particulier les dessinateurs de presse, toujours ravis de faire un bon dessin comme d'autres courent après un bon mot.

Pignoufferies des dessinateurs de presse

Fig. 1 : débilité profonde d'un dessinateur ignorant tout de la politique italienne.

Cela prête à rire. Ou à pleurer, c'est selon. Quoi qu'il en soit, le dessinateur en question n'a aucune idée du courage qu'il faut au président iranien, celui-ci étant continuellement sur la corde raide.

Je suis parfaitement d'accord avec le ridicule de cette mesure car il aurait été possible de lui faire visiter un autre musée. Mais parler d'une bêtise crasse de la part de Hassan Rohani est particulièrement malvenu et quelque peu exagéré. En effet, que l'on aime ou que l'on n'aime pas la politique iranienne, l'homme a réussi à faire lever un ambargo de plus de trente ans. Cette levée offre à sa population un espoir de jours meilleurs. Je concède qu'il a été un peu aidé involontairement par la politique saoudienne, mais le résultat est là.

Dans ses autres faits d'arme, il a réussi à imposer une femme, Elham Aminzadeh, vice-présidente chargée des Affaires juridiques et des relations avec le parlement. De la même manière, il a réussi à faire rouvrir la maison du cinéma à Téhéran et à libérer des opposants politiques. Ce faisant, il marche systématiquement sur le fil du rasoir car le pouvoir du président en Iran est très limité. En effet, tout est soumis à l'approbation d'un conseil de religieux, dirigé par l'ayatollah Khamenei, guide suprême de la révolution islamique, lequel est sur son lit de mort des suites d'un cancer généralisé mais malheureusement toujours un peu vivant à l'heure où j'écris ces lignes, et d'un parlement conservateur car les iraniens, dégoûtés des bidouillages électoraux invalidant les candidatures réformatrices, n'ont au grand désespoir de Rohani que très peu voté aux dernières élections législatives.

Aujourd'hui, les élections approchent en Iran, les conservateurs jettent toutes leurs forces dans la bataille et il est naturel que Rohani évite de prêter le flanc à des critiques conservatrices surtout sur une question d'image.

Le problème n'est donc pas la diplomatie iranienne, mais l'attitude de l'Italie. Lorsqu'on invite un président iranien, on évite de le mettre en porte-à-faux avec son opposition surtout lorsqu'on connaît son pouvoir. On va éviter de saboter son image en lui servant du vin à table et on va aussi éviter de le promener dans un musée dans lequel il pourrait se faire photographier avec un nu féminin alangui en arrière plan. Et d'autant plus qu'on est très content de pouvoir maintenant signer des contrats bien juteux avec l'Iran.

 

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