L'idéal de la sécu

02.10.25 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Pignoufferies de presse

Je n'en peux plus, on n'entend plus depuis quelques jours que parler des quatre-vingts ans de la sécurité sociale française et de son prétendu idéal.

Je vais être franc, il n'y a pas et il n'y a jamais eu d'idéal de la sécu sauf, peut-être, pour les partenaires sociaux. Ceux qui n'en sont pas convaincus n'ont qu'à aller aux Archives Nationales de France regarder ce qu'on trouve — de mémoire — à la cote X04 ou lire les Journaux Officiels de la République Française entre octobre 1945 et juillet 1946 pour se faire un petite idée d'un mythe qui a la vie dure et qui sert exclusivement des intérêts politiques et syndicaux.

Dans un premier temps, il faut savoir, et je suis sûr que beaucoup l'ignorent, qu'il existait un système obligatoire pour les salariés avant 1940. Ce système, les assurances sociales, couvrait a minima les risques de maladie, de prévoyance et de retraite. Les caisses étaient des caisses patronales. À ce propos, la retraite qui était alors par capitalisation, pouvait être prise à l'âge de soixante ans. Nous y reviendrons.

En 1939 éclate la seconde guerre mondiale. Outre la ligne de Dédé Maginot, l'armée française était récipiendaire d'un secret militaire bien gardé : tout le monde en France savait que le généralissime Gamelin était un con sauf les militaires. En 1940, la déroute amène au pouvoir un certain Pétain dans des conditions troubles qu'un certain Hans Kelsen a étudiée pour mettre au point une vision synthétique du droit que j'ai déjà évoqué dans ces pages, trouvant anormal qu'une constitution ait été abrogée par un simple décret. Et comme à son habitude, le sauveur de la France s'est couché. Il n'a pas fait autre chose que de la communication pour obtenir le pouvoir, il avait déjà fait cela à Verdun avec un certain succès. Oui, parce que Pétain n'a jamais été non plus le vainqueur de Verdun, ça aussi, c'est une réécriture de l'histoire. La bataille de Verdun fut gagnée huit mois après son départ du commandement par Nivelle, Mangin et des militaires d'exception comme le commandant Raynal.

En 1941, selon les conditions de l'armistice, il fallait payer des indemnités d'occupation. Il fallait donc trouver de l'argent et les caisses étaient vides parce que l'activité économique s'était drastiquement réduite. Un certain René Belin a proposé de remplacer le système de retraite par capitalisation par un système par répartition, ce qui permettait de spolier les caisses des assurances sociales de toutes leurs réserves pour donner le magot à l'occupant. Cela permettait aussi d'assurer un revenu aux travailleurs d'avant-guerre (commerçants, artisans…) qui n'avaient pas l'obligation de cotiser à une caisse de retraite et qui se sont retrouvés sans activité. On parle d'un million de personnes.

René Belin était le numéro 2 de la CGT, ce qui ne l'a pas empêché non plus de (co)signer la loi du 3 octobre 1940 portant statut des juifs et le décret du 9 novembre 1940 dissolvant les confédérations patronales et syndicales. Ce sale type (je pèse mes mots, regardez sa biographie) a institué le 11 octobre 1940 un fonds national de chômage, le 14 mars 1941 la retraite des vieux travailleurs, le salaire unique, le renforcement de l'inspection du travail et j'en passe. Il aide aussi par la propagande à l'instauration du Service du Travail Obligatoire (STO). Chose surprenante, Belin qui après s'être caché à Paris de 1945 à 1947, fit de même en Suisse jusqu'en 1949. Traduit en justice, il bénéficie d'un non-lieu le 29 janvier 1949 sans avoir à comparaître eu égard, je cite, à « son attitude d'opposition aux demandes des Allemands » et son souci d'assurer la défense des intérêts français. Vous m'en direz tant.

Donc Belin crée un système par répartition en retirant des caisses d'avant-guerre leurs fonds pour payer les indemnités d'occupation. En 1945, si la situation militaire s'est améliorée, on ne peut pas réellement dire qu'il en fut de même pour la situation économique. Les caisses étaient toujours vides et il était impossible de repasser à un système par capitalisation. Incidemment, beaucoup d'archives qui étaient à l'époque papier ont été détruites, ce qui fait que nombre de salariés ayant cotisé aux assurances sociales se sont retrouvés au minimum vieillesse ne pouvant prouver leurs cotisations. Si j'avais mauvais esprit, je dirais que cela arrangeait bien les caisses de retraites.

Le GPRF n'a fait qu'acter cette impossibilité de retour immédiat à la capitalisation pour créer un système par répartition temporaire. L'idée était de repasser progressivement à la capitalisation sur une génération. C'est dans ce sens et ce sens seulement que De Gaulle a produit deux ordonnances. La première, celle du 4 octobre 1945, porte la création de la sécurité sociale et entre en vigueur le 1er juillet 1946. Elle n'est d'ailleurs pas signée De Gaulle, preuve qu'elle devait être publiée rapidement. Et pour cause, une seconde ordonnance datée du 19 octobre 1945, signée elle par De Gaulle, instaure les sociétés mutualistes en abrogeant par extinction les sociétés de secours mutuels.

Je récapitule :

  • 4 octobre 1945 : instauration du principe de la sécurité sociale, entrée en vigueur le 1er juillet 1946. Cette ordonnance stipule que les caisses fonctionnent selon la loi de 1898 portant le statut des sociétés de secours mutuels ;
  • 19 octobre 1945 : abrogation de la loi de 1898 sur les sociétés de secours mutuels. Les sociétés de secours mutuels existantes ont deux ans pour se conformer à cette ordonnance, soit jusqu'au 21 octobre 1947. Il n'est plus possible de créer une société de secours mutuels.

Vous pouvez prendre le truc dans tous les sens, il est impossible de créer à partir du 20 octobre 1945 une société de secours mutuels, il est tout aussi impossible de créer une caisse de sécurité sociale avant le 1er juillet 1946. Et vous pouvez tout aussi lire entre les lignes, s'il existe bien un monopole de régime (ce que vous payez, ce que vous recevez en échange), il n'existe aucun monopole de caisse. Et ce monopole n'existe pas plus aujourd'hui.

Tant que De Gaulle était au pouvoir, ces deux ordonnances ont été respectées. Mais il a démissionné le 20 janvier 1946. À partir de cette date, les Journaux Officiels de la République Française contiennent des pages et des pages de caisses de sécurité sociale créées ex nihilo par absorption de sociétés de secours mutuels. En fusionnant deux sociétés de secours mutuels, on peut imaginer obtenir une autre société de secours mutuels, mais en absorbant, il faudrait déjà que l'entité finale préexiste. Là, rien. On crée par décret des caisses de droit public (les caisses mère gérant les régimes) et des caisses de droit privé (les caisses de prestation) qui sont laissées dans la main des syndicats de l'époque.

Premier écueil : des entités de droit privé ont été créées par la loi, ce qui devrait normalement faire sourire n'importe quel étudiant de droit de première année.

Deuxième écueil : ces caisses ont été créées comme des sociétés de secours mutuels invoquant l'ordonnance du 4 octobre 1945 avant l'entrée en vigueur de celle-ci et après le 20 octobre 1945. Caramba !

Troisième écueil : ces caisses se sont mises à fonctionner avant le 1er juillet 1946. À cette date, tous les salariés étaient assurés contre leur gré aux caisses des syndicats et plus personne n'est entré dans la danse. Il faut savoir qu'à l'heure actuelle des assureurs font en France de l'assurance santé ou assurance retraite (régime obligatoire et complémentaire) mais que ces services ne sont accessibles qu'aux français résidant à l'étranger s'ils ne veulent pas cotiser à la Caisse des Français de l'Étranger (CFE). Pour ceux qui résident et travaillent en France, la confusion entre les caisses de collecte (URSSAF) et les caisses de prestation (CPAM, CAF et autres) rend ce choix impossible.

Bref, nous avons un empilement de caisses en majorité de droit privé créées dans l'illégalité la plus crasse et qui perdure parce qu'elles ont le bénéfice d'une juridiction d'exception que sont les pôles sociaux des tribunaux judiciaires. Rares sont les caisses qui peuvent justifier de leurs créations conformément aux textes en vigueur qui sont toujours ceux de 1945 malgré deux codifications du code de la sécurité sociale parce que le décret de codification dispose que cette codification est faite à droit constant.

En 1948, le gouvernement pousse les droits à la retraite par une série de lois. Sont créées les caisses pour les travailleurs non salariés et le principe d'un régime unique pour tout le monde. Sauf que non, ça ne passe pas. Les assurances sociales d'avant-guerre permettaient de partir à la retraite à soixante ans. En 1948, ce sera soixante-cinq avec des pensions réduites par rapport à 1940. Les syndicats qui sont devenus à la même époque des partenaires sociaux ont refusé cela pour leurs ouailles et leurs bastions syndicaux. Mais c'était bon pour tous les autres qui n'étaient pas ou étaient mal syndiqués. Le régime universel avait dès lors du plomb dans l'aile puisqu'il y avait un régime pour les salariés communs et des régimes spéciaux dans les bastions syndicaux (EDF, RATP, SNCF, GDF, Air France et j'en passe), régimes qui n'étaient que les anciens régimes des assurances sociales bien plus avantageux.

Dès 1948, la cour des comptes alerte sur les comptes de la sécurité sociale. Elle le fera régulièrement jusqu'à nos jours.

En mai 1958, De Gaulle revient au pouvoir comme président du conseil. Il se penche entre autres sur la sécurité sociale qui n'arrive pas à faire rentrer des cotisations correctement. Dans tout ce joyeux foutoir, sa première réaction est d'écrire un courrier au ministre de la santé — courrier qui se trouve aux Archives Nationales — dans lequel il indique qu'il faut abroger la sécurité sociale en tant que son principe a été dévoyé (sic). Rien que ça, mais c'est toujours vrai parce que les caisses actuelles servent avant tout au financement des syndicats. Pour cela, lire attentivement les bilans des caisses disponibles publiquement sur le cite internet de l'ACOSS (un EPA qui chapeaute les URSSAF qui sont de droit privé), surtout le passage d'une année à la suivante. Et mettre cela en regard du code de la sécurité sociale et du code de la mutualité, en particulier le L110, qui imposent outs deux que ces caisses sont des sociétés mutualistes

Sauf qu'il n'a pu constater que le fait que la sécurité sociale pesait déjà plus lourd que l'état. Il s'est alors contenté de faire rentrer efficacement l'argent dans les caisses en créant un service de recouvrement départemental par fusion des services de recouvrement des CPAM et CAF qu'il a appelé URSSAF en 1960 ainsi que l'EN3S (École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale, si, si, il y a une école spécialisée, vous ne pouvez pas comprendre le truc en passant par ailleurs). Certaines caisses ont essayé de faire tellement n'importe quoi que leurs statuts ont été abrogés par le gouvernement, ce qui ne leur a pas empêcher de fonctionner sans statut durant cinquante ans (Corrèze : abrogation des statuts en 1962, fusion en 2012, documents aux Archives Nationales, Pierrefite-sur-Seine. Même remarque pour le Haut-Rhin qui s'est permis le luxe de demander un permis de construire à la ville de Mulhouse en 1959 alors que ses premières traces légales en tant qu'entité juridique constituée date de septembre 1974.).

Venons-en à la cerise sur le gâteau. Contrairement à une idée répandue, toutes ces caisses sont excédentaires. Elles dégagent des bénéfices et paient de l'impôt sur les sociétés à taux réduit au titre des sociétés mutualistes, ce qu'elles affirment pourtant pas être. Oui, parce qu'elles ont une activité, elles gèrent pour le compte de l'état un flux d'argent et se rémunèrent sur ce flux au travers des remises de gestion. Si les régimes sont déficitaires, les caisses, elles, ont une belle rentabilité. Et là, il faut vous poser une question : où va cet argent puisque ces caisses n'ont pas besoin d'investir ? Elles n'ont pas de bâtiments, ceux-ci étant fournis par les départements, pas de matériel délirant à financer, normalement pas d'actionnaires. Les comptes étant séparés, elles n'ont pas besoin de faire des réserves.

Les caisses de sécurité sociale sont en fait un moyen de financement des partenaires sociaux sur le dos des heureux cotisants. Raison pour laquelle les syndicats qui ne sont pas sur la liste des partenaires sociaux font des yeux doux aux différents gouvernements pour en être et avoir une part du gâteau.

Ça fait quatre-vingts ans que c'est comme ça, que rien ne change parce ceux qui pourraient le faire changer n'ont pas le courage de le faire (coucou les magistrats qui violent le CPC à chaque audience des TJPS et qui ne sont même pas fichus de s'accorder sur les formes juridiques des mêmes caisses donc sur les textes de loi qui leur sont applicables !) et que cela plombe l'activité économique de la France avec des cotisations délirantes pour de moins ne moins de prise en charge et l'absence de fonds de pension qui pourraient investir l'argent dans l'économie réelle plutôt que de le répartir immédiatement.

 

Clap de fin

29.05.25 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les marketeux

Entendu sur France Culture ce matin : Aldébaran sera mise en liquidation judiciaire dans les heures qui viennent.

C'est dommage pour les salariés de ce qui aurait pu être une belle entreprise. Mais tout était écrit. J'ai fait des piges dans cette entreprise en 2014, à l'époque, il y avait cinq cents employés, une centaine de salariés directs et quatre cents prestataires externes. Le coût de fabrication de Nao était estimé à largement plus de 3000 € HT alors que le coût de vente cible était de 1200 € TTC et que son MTBF était de… 50 heures. Pour Roméo, 8 heures. Quant à Juliette, mieux vaut ne pas en parler.

Rien n'allait. Mécaniquement, c'était une catastrophe. Les jeux étaient inexistants à telle enseigne que lorsque les vis de montage étaient à la cote maximale, il a fallu payer un chinois à l'usine pour limer les vis ! Électroniquement, ce n'était guère mieux. Les ponts en H des commandes moteur étaient sous-dimensionnés, claquaient les uns après les autres, et s'ils ne claquaient pas, l'effet dynamo des moteurs chargeaient les condensateurs de filtrage jusqu'à dépasser leur tension maximale. Comme il s'agissait de condensateurs au tantale, ils arrivaient à prendre feu. Le problème n'a pas été corrigé par une diode Zener mais par l'utilisation de condensateurs qui ne prenaient pas feu en cas de surtension.

Tout ceci n'était pas très sérieux et comme les postes clefs étaient tenus par des gens qui avaient fondé l'entreprise et qui, à l'époque, n'avaient pas trente ans tout en ne pouvant pas se tromper, il était déjà écrit que cette entreprise irait au tapis.

Lorsque j'essayais vainement de mettre de l'ordre dans la conception électronique, le PDG de l'époque nous avait annoncé que Softbank allait injecter plusieurs millions d'euros dans l'entreprise « sans en prendre le contrôle ». Tu l'as dit bouffi ! Lorsqu'un client décide d'investir une telle somme, c'est de peur de perdre ses acomptes. Et ça n'a pas raté, le contrôle de l'entreprise fut pris. Il y a même eu un japonais nommé pour mettre de l'ordre, japonais qui a lui aussi jeté l'éponge. Dix ans plus tard, force est de constater que Softbank n'a pas pu redresser la barre et que personne n'a voulu racheter l'entreprise puisqu'il n'y a eu que deux offres :

  • une offre canadienne proposant de reprendre une partie des salariés mais qui n'a pas réussi à trouver le financement pour cela ;
  • une offre suisse pour… 1 € symbolique sans reprendre les salariés, offre qui a été rejetée par le mandataire.

Sauf que cette entreprise ne vaut pas plus que l'euro symbolique. Tout est à refaire, le marché est quasiment inexistant tout en étant soumis à rude concurrence et l'image des trois robots de la société particulièrement mauvaise.

Lorsque les financiers crachent au bassinet, ce genre d'entreprise peut faire illusion, quitte à accumuler les pertes sur de très longues années. Mais lorsque le robinet se ferme, les coûts de fonctionnement sont tellement énormes vis à vis du résultat que la faillite est inévitable.

Une entreprise, quelle qu'elle soit, doit pouvoir se financer elle-même, sur ses fonds propres. Elle peut, à la limite, avoir deux ou trois exercices déficitaires si elle doit investir sur un gros chantier, mais pas plus. Si au bout de deux ou trois ans d'investissement, elle n'arrive pas à redevenir profitable, elle ne le sera jamais. Et tous les startupeurs devraient afficher cela en gros au-dessus de leur bureau.

 

L'avant-guerre, c'est maintenant

18.02.25 | par Le Grincheux | Catégories: Monde de merde, Je hais les politiciens

J'ai honte. Vous n'imaginez pas à quel point.

J'ai honte pour moi aujourd'hui, pour notre classe politique qui n'est absolument pas à la hauteur des événements et pour l'image que nous laisseront dans les livres d'histoire.

Pourtant, c'était écrit. Les États-Unis — surtout les abstentionnistes — ont élu à la Maison Blanche un repris de justice qui devrait être au séchoir pour le restant de ses jours. Son programme était clair : démagogie à tous les étages, anti-wokisme (sans toutefois ne jamais prendre la peine de définir ce qui était woke et ce qui ne l'était pas) et j'en passe. Il fallait flatter les plus bas instincts du bas peuple parce que c'était cela ou la taule et qu'on est tout de même mieux dans le bureau ovale qu'à Sing Sing.

Comprenez-moi bien, je me fiche de ce que son électeur de base va se prendre dans la figure durant quatre ans vu qu'il a la mémoire courte et qu'il a visiblement oublié pourquoi il avait filé un coup de pied au cul bien mérité à l'Agent Orange en 2020. Ce qui me dérange, c'est que ce sale type a déjà semé un chaos certain entre 2016 et 2020 sans être préparé (l'état de l'Afghanistan actuel, c'est Trump, les bruits de bottes du côté de Taïwan, c'est lui aussi. La liste est longue.). Aujourd'hui, le bougre s'est préparé, entouré d'une équipe encore pire que lui et qui ne cache même pas ses accointances fascisantes.

Tout était écrit. Il suffisait d'écouter ses discours ou de lire le Project 2025. Personne ne pourra dire lorsqu'on fera les comptes qu'il ne savait pas. Il ne voulait pas savoir, ce qui n'est pas exactement la même chose.

Ces gars sous prétexte de défendre la liberté d'expression — mais chez les autres, surtout pas chez eux, il suffit de regarder le nombre de comptes pro-Ukrainien qui ne faisait que de l'information qui se sont fait bannir de X depuis un mois — se permettent de faire de l'ingérence dans tous les pays démocratiques en soutenant ouvertement les candidats d'extrême droite. En Allemagne, en soutenant ouvertement l'AfD (Musk, Vance), en Roumanie (en condamnant le fait que la juridiction suprême a annulé les élections en raison d'une ingérence russe avérée), en Ukraine (la constitution interdit les élections en période de guerre), au Royaume-Uni, en France…

Et qu'avons-nous fait de notre côté ? Rien. Nous n'avons pas bougé un pouce en 2008 pour la Géorgie. Nous avons laissé faire Poutine une nouvelle fois en 2014. Nous n'avons pas bougé en 2022 alors que lorsque l'armée russe était en panne sèche nous aurions pu lancer un signal fort en détruisant tous les convois sans même envoyer un seul fantassin au sol. Et nous n'avons pas fait suffisamment depuis 2022. Entre l'interdiction durant des mois pour l'Ukraine de frapper des cibles en territoire russe, le refus de livrer des missiles capables d'effacer une bonne fois pour toute le pont de Crimée pour désorganiser la logistique russe, les tergiversations dans tous les sens en raison des lignes prétendument rouges du salopard du Kremlin, on a laissé l'Ukraine se défendre avec une main dans le dos pour défendre nos « valeurs ».

Ah, elle sont belles nos valeurs. On peut même dire que lorsqu'elles sortent du chaos actuel, on ne les reconnaît plus qu'à ses godasses !

Nos valeurs aujourd'hui, c'est laisser un pays qui veut être occidental se faire agresser par un dictateur pour on ne sait quelle raison. Sans doute une raison de politique intérieure, il lui faut bien cela pour rester en place. Nos valeurs, c'est interdire à un pays de réellement se défendre. Nos valeurs, c'est discuter avec l'agresseur pour ne pas le fâcher alors qu'il est à bout de souffle et qu'il n'arrive plus à progresser.

Mais il y a pire. On se rend aujourd'hui compte que les pays qui ont acheté de l'armement US ne peuvent pas l'utiliser comme ils le veulent. Il est donc temps de virer tout ce qui est armement US ainsi, d'ailleurs, que les bases OTAN ou US en Europe puisque nous savons aujourd'hui que jamais ces gens ne lèveront le petit doigt pour nous. L'immonde orange a même rappelé que l'article 5 de l'OTAN n'est pas une obligation. Ce qui signifie que l'OTAN n'est pas un parapluie et n'empêchera aucune attaque future. Il est d'ailleurs assez curieux de constater que cet article 5 n'a été utilisé qu'une seule fois. Et par les USA après le 11 septembre 2001.

Ne vous leurrez surtout pas, les prochains sur la liste sont les pays baltes et la Pologne parce que le problème de Koenigsberg n'est pas réglé. Nous avons donc besoin d'avoir une puissance pour nous défendre. Et cette puissance passe forcément par la France (puissance nucléaire), malheureusement par le Royaume-Uni qui n'est plus dans l'UE en raison d'une ingérence russe et par quelques autres pays qui ont encore une armée prête à intervenir.

Et qu'avons-nous fait depuis 2022 ? Rien ou presque. À peine a-t-on timidement relancé la production d'obus en Tchéquie. La position de l'Allemagne par Scholz fut honteuse de bout en bout. Celles de l'Espagne et du Portugal juste risibles. L'Italie veut bien y aller, mais avec la réassurance des USA alors qu'on voit aujourd'hui la valeur de sa parole et qu'il est urgent de couper les ponts. Les USA, qui sont passés de l'époque Reagan et Bush père d'amis de l'Europe à une position neutre depuis Obama, sont aujourd'hui une puissance hostile. Et il serait temps d'ouvrir les yeux.

Ce jour, l'immonde orange a convoqué l'alcoolique de Moscou à Ryad pour discuter de l'avenir de l'Ukraine en absence des Ukrainiens qui n'ont rien à dire sur l'avenir de leur pays — alors que ce sont eux qui contiennent les Russes depuis plus de trois ans — et des Européens. Après avoir essayé d'extorquer des terres rares aux Ukrainiens pour 500 milliards de $US (alors que la totalité de l'aide US n'était que de 180 milliards dont une grande partie a directement fini dans les poches des industriels de l'armement américain), ce salopard — désolé, je n'ai pas d'autre mot — se permet de dépecer un pays souverain pour faire plaisir à son copain Poutine.

L'avant-guerre, c'est maintenant
Notre homme à Washington

Ce que la plupart des gens ignore, c'est que l'aide européenne à l'Ukraine a été supérieure à celle des USA, ce qui devrait intimer à ce sale type de fermer sa grande gueule. Non, au lieu de cela, il fraye avec les Russes qui devraient être devant la Cour Pénale Internationale, bafoue le droit international avec une désinvolture assez exceptionnelle et se pavane.

Nous assistons aujourd'hui à la fin d'un monde. La fin de l'hémisphère occidental au profit du retour de l'impérialisme le plus sombre. D'un côté les USA qui traitent les autres pays comme des vassaux corvéables à merci, la Russie qui rêve de l'empire soviétique passé et la Chine. Si l'Union Européenne ne se réveille pas tout de suite, dans moins de cinq ans, nous seront en guerre à moins que tous les « patriotes » de carton qui sont en fait des collabos en puissance ne nous contraignent à nous coucher devant l'envahisseur.

Nous avons immédiatement besoin d'une fédéralisation de l'Union Européenne. Pour plusieurs raisons :

  • pour remettre de l'ordre dans son fonctionnement qui est actuellement déficient parce qu'une partie des pays envoient à Bruxelles et Strasbourg des seconds couteaux ;
  • pour ne plus avoir des gouvernements nationaux qui utilisent l'Union pour faire passer des décisions internes qu'ils ne veulent pas assumer ;
  • pour avoir un organe permettant de prendre des décisions rapidement et des orientations à long terme sans entrer dans des palabres dignes des discussions sur le sexe des anges à Constantinople et 1450 ;
  • pour ne pas être bloqué par l'unanimité.

Si nous ne faisons pas cela, si nous ne sommes pas capables alors que nous sommes plus nombreux que les USA et les russes réunis d'aider l'Ukraine, nous méritons de disparaître.

Tous les souverainistes en papier mâché seront contents. Sauf que si nous ne sommes pas capables de peser à 450 millions, nous ne le ferons pas à 65. Et n'oubliez pas que le seul homme politique au-dessus du lot depuis 2022 est un certain Zelensky. Le rigolo de télévision a une stature d'homme d'état, sans doute plus grande même qu'un Churchill parce qu'il est seul, dramatiquement seul, alors que toute la classe politique professionnelle est aux abonnés absents. Le président ukrainien est aujourd'hui la seule boussole morale de l'occident. Vous pouvez chercher, il n'y en a pas d'autre.

J'ai honte, mais j'ai honte pour nous tous.

 

Naufrage cérébral

05.12.24 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Nous y sommes. Les populistes de tous poils ont gagné et le gouvernement Barnier est censuré. Contrairement à ce qui a pu être dit et écrit ici ou là, c'est une première au visa de l'alinéa 3 de l'article 49 de la constitution de la Ve république. La censure de 1962 de Pompidou fut au visa de l'alinéa 2.

La situation est inédite puisque si la gauche noyauté par l'extrême gauche s'est alliée avec l'extrême droite noyauté par Le Pen — qui a prouvé hier sur TF1 devant Gilles Bouleau qu'elle n'a strictement rien compris à la constitution française ni à l'élaboration d'un budget, mais comme ses ouailles comprennent encore moins qu'elle, ça passe sans problème —, ce n'est qu'un assemblage de bras cassés qui n'a qu'un seul objectif, la démission d'Emmanuel Macron quitte à passer par un chaos généralisé.

L'Arsouille avait tort sur presque tout, mais dans le cas de Mélenchon, il avait parfaitement raison en traitant cet individu de petit monsieur minable et dangereux. Il ne pouvait pas trop s'épancher sur la dynastie Le Pen qu'il a tout de même contribué à installer pour diviser la droite. Et avec quel résultat.

Bref, les deux extrêmes se sont alliés, ont censuré le gouvernement qui est tombé. Michel Barnier savait qu'il était en sursis avec une assemblée pareille dans laquelle la démagogie la plus crasse, celle qui nous envoie dans le mur depuis plus de quarante ans à grands coups de budgets insincères et immanquablement en déficits chroniques. Au lieu de proposer un budget de rupture coupant dans toutes les dépenses inutiles, il a essayé de discuter avec ses deux ennemis déclarés. Avec un magnifique résultat.

Le Parti Socialiste qui a vendu son droit d'aînesse contre un plat de lentilles électorales a entonné avec La Faillite Intellectuelle, pardon La France Insoumise, que ce sera tout le programme du Nouveau Front Populaire et rien que le programme du Nouveau Front Populaire. Dans ces conditions, quelle est la marge de négociation avec la gauche ? Les cuistres caciques du Parti Socialiste ont tout de même eu l'outrecuidance de regretté l'absence de négociation avec le Nouveau Front Populaire. Mais lorsque ce front a refusé à ses membres de participer à un éventuel gouvernement, on ne peut pas réellement dire qu'il a brillé par son ouverture.

Le Rassemblement National a fait du chantage. Il y excelle. Barnier a cédé sur les retraites (alors que c'était le dernier point sur lequel il fallait leur céder). Et une fois cette chose acquise la raclure servant de fille au borgne a poussé le bouchon encore plus loin. Sa position est aussi le programme du Rassemblement National, tout le programme et rien que le programme lui aussi totalement délirant financièrement parlant.

Dans ces conditions, comment établir un budget ? D'autant qu'il devient urgent de faire des coupes budgétaires dans tout ce qui est superflu. Sans compter le problème des montants des retraites qui sont beaucoup trop lourdes pour les finances de l'état.

Barnier a donc sauté malgré son tour d'équilibriste budgétaire et un budget qui était totalement discutable tant les problèmes de fond n'étaient même pas abordés. C'était pourtant le bon gars, habitué aux situations et négociations compliquées. Mais pour négocier, encore faut-il en face des gens honnêtes et non des gens qui sont là avant tout pour servir leurs propres intérêts et non ceux du pays.

Pour LFI, soit ses représentants sont débiles — et leurs électeurs auront ce qu'ils méritent, c'est-à-dire pas grand'chose, mais nous formerons les colonnes des dégâts collatéraux de leurs décisions ineptes —, soit ils sont machiavéliques et veulent le pouvoir pour le pouvoir quitte à installer un chaos indescriptibles.

Pour le RN, il faut absolument faire oublier les ennuis judiciaires du parti et la potentielle inéligibilité de sa candidate désignée autoritairement pour 2027, quitte à forcer la démission du président de la république par tous les moyens. Il faut aussi faire oublier la médiocrité crasse de l'immense majorité de ses élus.

Quelle que soit la suite, ça va tanguer. Grâce à un bidouillage constitutionnel dont nous avons une certaine habitude, il est impossible de dissoudre l'assemblée avant l'été 2025. Et même s'il était possible de dissoudre aujourd'hui, rien ne nous dit qu'il n'y aurait pas une assemblée dans les mêmes dispositions et trois blocs refusant toute négociations entre gens intelligents. Du reste, rien ne nous dit que le résultat soit différent dans sept mois.

La situation est bloquée et, paradoxalement, les gens qui vont s'en prendre le plus dans la figure sont les électeurs des députés qui ont voté la censure hier soir. C'est, à vrai dire, un vrai et juste retour de bâton.

Cette situation n'est que le fruit de ce fichu front républicain. Le front républicain ne peut se limiter à voter contre le Rassemblement National. Il faut que les élus de ce front républicain, une fois en place, luttent contre ce qui fait monter ce Rassemblement National. Or rien n'est jamais proposé, une fois élus, ils se comportent comme les pires des partisans possibles. Et c'est pour cela qu'on se retrouve dans la situation actuelle. Le responsable de la situation actuelle n'est pas le président de la république, mais les députés qui font depuis des années de la bouillie partisane au lieu de traiter les problèmes entre gens dotés d'un minimum d'intelligence. C'est pour cela qu'on se retrouve avec deux blocs formés par La France Insoumise et le Rassemblement National qui proposent des « nouveautés » ou un renouveau politique alors que ce sont le même genre de personnages ne sachant qu'aller à la gamelle (et qui, souvent, ne seraient pas capables de la trouver seuls, il suffit de les écouter pour s'en convaincre). Leurs propositions sont assez simples pour ne pas dire simplistes : des discours ronflants, capables de caresser l'électeur moyen dans le sens du poil, mais qui sont incapables de travailler ensemble pour le bien commun.

Ce pays est foutu. On n'en sortira que mal et par le bas, par une banqueroute et l'arrivée de l'Union Européenne dans la gestion franco-française ou celle du Fonds Monétaire International qui imposeront des coupes franches partout. Et cette austérité ne sera pas la faute de ces entités extérieures, elle ne sera la conséquence que du vote des français durant plus de quarante ans. L'addition sera salée, parce que comme toute addition, elle finit toujours par se payer.

 

Quelques données

10.11.24 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Il est intéressant de regarder les statistiques qui sont en train de tomber sur la sociologie du vote MAGA.

Quelques données
Sociologie

Ce graphique indique l'évolution des votes pour les démocrates et les républicains entre 1996 et 2024. On constate qu'en 28 ans, l'électeur médian est passé pour les républicains de quelqu'un à hauts revenus et haute éducation à quelqu'un à bas revenus et aucune éducation (au sens de diplôme universitaire). Les démocrates ont fait le chemin en sens inverse.

L'électeur américain a donc voté pour amener au gouvernement un milliardaire (peut-être plusieurs) qui se contrefiche royalement de ses besoins. Gageons qu'il va se rendre compte assez rapidement qu'il sera cocu.

Un autre graphique est intéressant et a été présenté hier dans les médias américains. Il s'agit du clivage entre les deux partis principaux et de son évolution dans le temps.

Quelques données
Clivage

La ligne de partage varie énormément au cours du temps et bascule jusqu'à ce que le parti républicain contienne la quasi intégralité des populistes.

 

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