« Fétichisme maniaque | Soudure sans plomb » |
Remarque liminaire : cet article a été écrit dans la foulée d'une émission passant sur France Inter le 4 août 2010. J'ai été induit en erreur par le présentateur et ai attribué à l'un des invité les mots du second. Je réitère mes plus plates excuses à Monsieur Albert Ben Loulou qui n'était pas responsable de la sentence qui m'a fait bondir. Le nom du coupable est cité dans les réponses à ce papier.
À ce propos, j'ai particulièrement apprécié le dialogue avec Monsieur Ben Loulou qui m'a aimablement signalé mon erreur. Ce n'était pas le cas d'un autre contributeur qui aurait pu tout autant me corriger. Voici l'extrait de l'émission en question.
Pour des raisons d'honnêteté et pour que les réponses à ce papier restent compréhensibles, je n'ai pas touché un mot de l'article initial que voici.
Je viens d'apprendre que Georges Simenon a passé la seconde guerre mondiale caché aux États-Unis. C'était dans l'émission Microfictions d'Ali Rebeihi, le mardi 3 août 2010, vers 20h30 sur France Inter et le responsable était Albert Ben Loulou, ami de Frédéric Dard.
L'émission portait sur Frédéric Dard, autant dire qu'il s'agissait d'un marronnier de l'été et que dans ce cas précis, un ami de l'auteur était le bienvenu. Mais un ami n'est pas un spécialiste. Ce spécialiste auto-proclamé de Frédéric Dard en particulier et de la littérature française en générale en est arrivé on ne sait comment à parler de Georges Simenon. Je sais bien que tout le monde est en vacances au mois d'août et que les journalistes et animateurs d'émissions de radio sont contraints de faire avec les spécialistes qui restent joignables, mais ce n'est pas une raison pour donner la parole à n'importe qui et surtout de le faire parler de n'importe quoi. Le fait d'avoir été un ami de Frédéric Dard ne fait pas de vous par la grâce des ondes un spécialiste de la littérature française.
Georges Simenon se serait, d'après lui, courageusement caché (sic) aux États-Unis durant la seconde guerre mondiale. Il est vrai qu'il s'est caché, mais plus prosaïquement entre la Vendée et les Charentes-Maritimes où il a failli être pris plusieurs fois parce que son nom ressemblait beaucoup au patronyme à consonnance prétendûment juive Simon. Il n'est parti visiter les États-Unis qu'après la guerre, en 1945. L'auditeur de base, qui n'a aucune raison de connaître la biographie de Simenon, pourrait se méprendre sur l'homme.
Plusieurs choses me dérangent profondément. D'une part, nous avons un journaliste se targant de faire une émission littéraire sans avoir aucune espèce de culture générale et qui glisse de Dard à Simenon tout en réduisant Simenon à Maigret à tel point que je me demande s'il a un jour ouvert un roman de Simenon, et d'autre part, nous avons un individu qui se dit spécialiste de la littérature policière parce qu'il connaissait le père de San Antonio, ce qui est tout de même assez léger, et qui diffame un Simenon qui ne peut même pas répondre pour rétablir la vérité. Aucun de ces deux individus n'a la culture nécessaire pour tenir une émission littéraire mais les deux ont une prétention culturelle à une heure de grande écoute.
Ce n'est pas la première erreur grossière relevée dans les émissions « culturelles » d'Inter depuis quelques mois mais je crois qu'il s'agit de celle qui a fait déborder le vase. Quand Val et sa clique comprendront-ils que lorsqu'on a la prétention de produire des émissions culturelles, il faut être un minimum crédible. Les animateurs qui ont quitté la station récemment avaient pour bon nombre d'entre eux un solide bagage culturel. En tout cas, ils semblaient vérifier leurs sources plus attentivement. Quant aux invités, je ne sais pas si c'est à cause de l'été, mais le niveau baisse sensiblement.
Certes, France Inter n'est pas France Culture, mais ce n'est pas pour cela non plus qu'il faut raconter impunément des bêtises dans le poste. Messieurs Hees et Val, relevez le niveau ou vos auditeurs iront écouter la différence ailleurs.
France Culture baisse aussi en été, et ça me désole. J’ai écouté hier à 11h une émission sur Françoise Sagan qui aurait eu sa place sur Inter, voire sur les radios périphériques, comme on disait autrefois (avant ma naissance).
Par contre, “Le téléphone sonne” d’hier soir sur Inter consacré à l’Afghanistan était de haute tenue. Vraiment. Je n’écoute pas cette émission pendant l’année parce que je ne supporte pas son animateur habituel, Alain Bédouet – sans que j’aie jamais su pourquoi précisément – mais son remplaçant est un tout bon.
Cher “grincheux",
je me permets de vous contacter car ce que vous écrivez à mon propos est assez stupide. Amoureux et grand lecteur de l’oeuvre de Simenon, j’ai consacré l’an dernier une émission d’une heure à Simenon en compagnie de spécialistes, John Simenon, Pierre Assouline, ou Michel Carly.
Concenant ma culture générale, je vous conseille d’aller faire un tour sur babelio.com et de consulter ma bibliothèque, abondamment fournie en oeuvre de l’immense Simenon… (pseudo : Aladin).
A.R.
Cher Monsieur Rebeihi,
En partant du principe que vous êtes bien l’animateur de cette fameuse émission, ce dont je n’ai aucune raison de douter, voici ce que votre commentaire m’inspire.
Je trouve assez amusant votre façon de vous défendre. Tout le monde a le droit de dire ou de laisser dire des bêtises, moi le premier, car il est impossible d’être spécialiste de tout. En revanche, je vous ai envoyé un message pour vous signaler une erreur manifeste sur la biographie de Georges Simenon, erreur qui peut être aisément vérifiée, Simenon étant même assigné à résidence par le GPRP à la fin de la guerre aux Sables-d’Olonnes. J’aimerais que vous m’expliquiez sans rire comment un écrivain qui s’est, d’après votre invité, caché aux USA durant la seconde guerre mondiale, a pu être assigné à résidence en 1944 en France. Vu l’importance de cette remarque, il aurait été de bon ton de corriger le lendemain, ce que, à ma connaissance, vous n’avez pas fait. Cela a pu m’échapper, mais vous écoutant tous les soirs, je n’ai pas souvenir d’un tel démenti.
Par ailleurs, le fait d’avoir une bibliothèque abondamment fournie ne préjuge en rien de votre culture générale et ne met pas à l’abri d’une erreur. Il n’y a aucun déshonneur à reconnaître ses erreurs. Souvent, même, on en sort grandi.
Je vous conseille entre autres le site http://www.libnet.ulg.ac.be/simenon/biosim.htm (Le Centre d’études Georges Simenon et le Fonds Simenon de l’Université de Liège).
Bonne lecture.
Monsieur le Grincheux.
Il est vrai que je fus l’ami de Frédéric DARD.Il est vrai aussi, que je me suis exprimé dans cette émission de Monsieur Rebeihi sur Frédéric DARD. Mais, vraiment, je ne me souviens pas avoir déclaré ce que vous mettez dans ma bouche sur Georges Simenon et sur un séjour aux Etats-Unis qu’il aurait fait durant la guerre. Comment l’aurais-je pu ? Je ne sais rien de tout cela et je ne me pose pas en spécialiste de Georges SIMENON. Je ne suis qu’un simple admirateur de son oeuvre qui-je vous l’accorde- va bien au-delà du personnage de Maigret. Il est d’ailleurs aisé de vérifier ce que je vous affirme et vous certifie , puisque cette émission est “postcasté” sur le site http://www.podcasters.fr/episodes/marin-ledun-auteur-de-la-guerre-des-vanités-spéciale-san-antonio-avec-françois-rivière-albert-benloulou-dominique-jeannerod-11335125.html.
Ecoutez-la bien, avec toute votre attention. Probablement pour la première fois.
Albert BENLOULOU
Je viens de réécouter avec attention l’émission en question. Je vous présente mes plus plates excuses pour vous avoir attribué une phrase qui n’était pas de vous mais je vous retourne le compliment en vous enjoignant à mon tour de la réécouter attentivement.
Vous entendrez vers 22 minutes 30 la phrase suivante. Je cite “lorsque Simenon, qui était parti, courageusement, aux États-Unis pendant la guerre est revenu…". Cette phrase était en fait prononcée par François Rivière et non par vous.
Personne parmi les invités présents n’a cru bon corriger. Personnellement, cela me pose problème.
Je vous comprends.
Mais de mon côté, comment aurais-je pu rectifier un tel propos dès lors que j’étais totalement ignorant du sujet ?
Pour tout vous dire, j’ai rencontré une seule fois Georges SIMENON, sur le trottoir de la rue Garancière en compagnie de Sven NIELSSEN, son éditeur aux Presses de la cité qui était aussi mon patron. Nous avons discuté durant quelques minutes des mérites comparés des librairies suisses et françaises… J’étais très intimidé, pensez. J’ai comme autre ami Bernard de FALLOIS qui me parle très souvent de lui et qui lui voue un culte qui confine à la vénération. Lui aussi, je le comprends. Comme je comprenais Frédéric DARD qui a vécu sa relation avec Simenon comme une blessure…
À le lire, je comprends tous ses admirateurs et je crois que je vais finir par le devenir aussi. Il n’est pas trop tard.
Cher Monsieur (pas si grincheux que ça), portez-vous le mieux possible et gardez-vous des fâcheux.