« Une histoire de vaccins | République normale » |
Mon passeport est arrivé à expiration. De toute façon, même si ce n'était pas le cas, il m'en aurait fallu un nouveau étant donné que je viens d'apprendre que je devais me rendre d'urgence en Amérique du Nord, que le mien n'était pas biométrique et, défaut rédhibitoire, constellé de tampons d'entrée et de sortie de pays aussi recommandables que l'Arabie Séoudite.
Aujourd'hui, faire établir un passeport relève du parcours du combattant. Je ne sais pas si c'est délibéré pour empêcher les moins courageux de sortir de France, mais j'avoue que c'est une question qui m'a traversé l'esprit.
À Paris, il faut un rendez-vous et il est impossible d'obtenir un rendez-vous en moins de quatre semaines, sauf à établir un passeport temporaire vert dit passeport d'urgence. À ces quatre semaines d'ajoutent le temps d'établissement d'au mieux trois semaines.
Or, sur le site internet du ministère, il est explicitement indiqué qu'en province, le rendez-vous n'est pas nécessaire. Cela tombe bien, j'ai une double résidence et, la SNCF ayant décidé une fois de plus d'arrêter les circulations le long de la ligne Paris-Toulouse, j'ai été contraint de poser un jour de congé. Mercredi dernier, je téléphonai donc à la mairie du gros village le plus proche outillé pour prendre les demandes de passeport. La brave dame m'indique que la mairie est ouverte vendredi (pas de pont de l'Ascension) et ce samedi matin et que, naturellement, toutes les formalités pourraient être faites le samedi matin entre 9h et midi.
Je me présente donc, muni de toute les pièces ce vendredi pour trouver porte close pour congé exceptionnel. Naturellement, mercredi après-midi, la standardiste de la mairie n'était pas au courant. Un panneau indiquait tout de même et je dois dire assez étrangement que les services seraient ouverts ce samedi. Je m'y rends donc.
Là, j'apprends que non seulement il faut aussi un rendez-vous — contrairement à ce qui est indiqué sur le site du ministère —, mais que ce rendez-vous ne peut être pris qu'en semaine et non le samedi. Par ailleurs, les délais sont aussi longs qu'à Paris.
Reprenons donc un peu le raisonnement. À Paris, il y a un délai pour ce fichu rendez-vous de quatre à cinq semaines avec un service des passeports pour 200000 personnes en moyenne. Ici, nous avons un service pour 10000 personnes et le temps d'attente est aussi long. Pourtant, je pense que le pourcentage de personnes demandant un passeport à Paris est supérieur à celui qui a cours dans le diocèse le plus crotté de France dixit Talleyrand où, pour le paysan du cru, c'est toute une épopée pour aller à la grande ville du coin.
La question est donc la suivante : pourquoi, relativement, le temps d'établissement d'un passeport est-il d'autant plus long qu'il y a moins de demandes ? Pourquoi le site officiel du ministère indique-t-il des information erronées ? Pourquoi, alors que la brave dame n'avait rien d'autre à faire un samedi matin que lire Closer, n'était-il pas possible de remettre un simple formulaire ?
L'administration française ne nous prendrait-elle pas pour des imbéciles ?