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Pour une raison trop compliquée à écrire ici, je me suis replongé dans la lecture de la genèse. C'est tout de même un livre à ne pas mettre dans toutes les mains et surtout pas dans les mains des enfants.
On commence par y apprendre que Dieu est androgyne puisqu'il a fait Adam et Ève à son image. On ne sait pas bien si les deux ont été créés en même temps ou si Ève, comme le prétendait Bossuet, était le fruit d'un os surnuméraire. Le texte officiel n'est pas clair et, pour arranger les choses, les deux versions existent. Admettons, pour ne pas compliquer des choses déjà assez compliquées par ailleurs, qu'Ève soit issue de la côte d'Adam, donc qu'Adam ait préexisté à Ève. Ce dernier, avant de connaître — bibliquement parlant, il va sans dire — Ève avait eu pour compagne une certaine Lilith dont rien ne nous explique la provenance ni même s'il s'agissait d'une créature de Dieu. Le diable n'existant pas encore puisque les plus grands exégètes qui se puissent tenir en mon bureau situent sa naissance aux alentours au XIIIe siècle, nous sommes donc en droit de nous poser la question de savoir qui était le créateur de Lilith puisqu'il ne peut s'agir de Dieu à moins de prétendre qu'il ne savait plus ce qu'il faisait. Et prétendre que Dieu ne savait déjà plus ce qu'il faisait est incompatible avec le monde tel qu'il est et son ordre incontestable. Il y a bien eu quelques ratés comme les poissons volants dont on se demande encore ce qu'ils font dans les airs, l'ornithorynque ou le homard — le homard, il faut vraiment être cinglé pour penser créer un truc pareil —, mais il faut bien reconnaître que dans l'ensemble, ça se tient plutôt bien.
Revenons à nos deux ou trois premiers bipèdes.
Adam et Ève, chassés du jardin d'Éden pour avoir mongé un fruit mis à leur disposition par Dieu et par un serpent qui avait alors des pattes — s'il a été condamné à ramper après son forfait, c'est donc qu'il pouvait se déplacer autrement avant… — auraient eu pour descendance Caïn et Abel. On sait maintenant grâce à Victor Hugo que Caïn est mort, après avoir fui Dieu, assis sur une chaise dans un souterrain avec un œil qui le regardait parce qu'il avait tué Abel dans un geste de jalousie. Je simplifie, mais c'est un peu l'idée. Heureusement que Caïn avait déjà eu une descendance en profitant d'au moins l'une de ses sœurs. Il n'est rien dit des pratiques d'Abel-le-Juste.
J'ai bien écrit « après avoir profité d'au moins une de ses sœurs », parce qu'à moins d'avoir une génération spontanée de bipèdes de sexe féminin ou une cachoterie de Dieu passée sous silence par les auteurs de la Bible, il n'a pu concevoir Hénoch qu'en fautant avec au l'une de ses sœurs vu qu'il n'y avait pas d'autre représentante de l'espèce humaine en dehors de sa mère. Je n'ose pas imaginer qu'Ève soit sa mère en même temps que sa grand' mère, parce que cela signifie qu'il sera son père en même temps que son fils. Je ne sais pas si vous me suivez, même moi, j'ai parfois du mal. En termes modernes, et quelle que soit l'hypothèse retenue, il est convenu de qualifier cette pratique d'incestueuse.
À la suite de la disparition d'Abel et de la fuite de Caïn, Adam et Ève, se sentant certainement seuls, eurent ensemble un troisième fils, Seth, puis, nous dit la genèse, de nombreux autres enfants. La lignée de Caïn s'éteindra lors du déluge, rien n'est vraiment dit sur celle d'Abel et seule celle de Seth survivra. Quant aux autres enfants, nous supposerons qu'il y eut un lot de filles pour assurer la survie de la seule lignée digne d'intérêt puisqu'il paraîtrait que nous en sommes toutes et tous issus.
Entre Adam et Noé, il y aurait eu dix générations. Mais attention, pas dix générations de quinze ou vingt ans, non, des vraies générations, qui oscillaient bon an mal an entre une centaine et un millier d'années. On savait vivre. Il s'ensuivit des neveux morts avant même la conception de leurs oncles, des enfants plus vieux que leurs parents — oui, je sais, là, j'exagère ! —, de telle sorte qu'il est illlusoire de mettre tout ce beau monde à plat pour dresser un arbre généalogique exhaustif.
Devant tant de désordre et de débauche, Dieu trouva bon d'envoyer le déluge mais pris, hélas, le soin d'en avertir Noé et son clan, descendants de Seth en ligne directe.
On efface tout et on recommence.
Noé eut trois fils, Sem, Cham et Japhet. Cham fut maudit par son père après le déluge et une première fête des vendanges passablement — voire trop — arrosée pour avoir vinifié le premier jus de raisin. Noé devient ainsi le nouvel Adam, Cham, le nouveau Caïn et l'histoire recommence avec son lot de sexe et de violence familiale.
Et il y en eut. Depuis l'affaire de la golden maudite jusqu'à la fin de l'Apocalypse de l'aigle de Pathmos, l'histoire est constellée de petits meurtres en famille et de transgressions diverses et variées avec tout ce que la morale, pourtant judéo-chrétienne, peut réprouver. En y regardant de plus près, la Bible est l'écrit le plus réactionnaire qui puisse exister.
Le pire, c'est qu'il se trouve toujours un enfant pour poser des questions sur la genèse, des questions naïves et de bon sens comme de savoir comment les fils d'Adam et Ève ont pu avoir des enfants. Qu'est-ce que vous pouvez bien leur répondre ? Personnellement, j'en suis toujours réduis à quia.