« Spécial journée de la femme | Justice indigne d'être bananière » |
Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais depuis quelques jours, on nous bassine littéralement avec les différences de salaires entre les hommes et les femmes. À tel point que notre gouvernement turbolibéral a annoncé vouloir imposer aux entreprises un logiciel (sic) permettant de vérifier que pas une tête ou un salaire ne dépasse.
D'une part, j'aimerais savoir quels sont les critères qui seront retenus dans l'algorithme, d'autre part, je souhaiterais savoir quel est l'éditeur qui proposera ce nouveau merdier — je pèse mes mots — et à quel prix puisque cela fleure une fois de plus bon le capitalisme de connivence et la rente, surtout que je prends le pari que le logiciel en question sera fourni sous forme de location ou avec une licence annuelle intéressante pour l'éditeur.
À titre personnel, je connais assez bien les logiciels dentaires et, de tous ceux que je pratique, un seul est correct et ne prend pas les praticiens pour des imbéciles ou un tiroir caisse. Je n'imagine pas qu'il en sera autrement avec cette nouvelle usine à gaz destinée à cimenter par la force un vivre-ensemble sirupeux.
J'aimerais pourtant revenir sur les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes. Ce n'est plus un marronnier, c'est une forêt ! Il y a quelques années en arrière, un petit journal puisqu'il s'agit du Wall Street Journal expliquait que l'écart de salaire entre les hommes et les femmes n'était pas dû à une discrimination sexuelle. Non, non. Pourtant, d'après un important groupement féministe pour l'égalité des salaires des femmes qui sévit outre Atlantique et qui s'intitule le National Committee for Pay Equity, le 12 avril est la date jusqu'à laquelle les femmes doivent travailler en plus de l'année précédente pour avoir un salaire égal à celui des hommes sur un an. En effet, d'après les associations féministes représentées dans ce comité dispensable, les femmes touchent 20% de salaires en moins qu'un homme à travail égal… Les faits sont têtus et la logique montrent pourtant, de façon répétée, qu'il n'en est rien. Ce n'est pas pour cela que depuis quelques jours sont publiés des articles ici et là qui sont consacrés à l'abominable différence de salaire entre hommes et femmes.
Chose amusante, si ces articles sont tous d'accord sur le fait que les femmes sont moins bien payées que les hommes à travail égal, ils divergent tous sur la différence. Et tant qu'à faire de plus de 100%, ce qui devrait faire prendre conscience à n'importe quel bipède normalement constitué, c'est-à-dire porteur d'un cerveau en état de marche, que les tripotages statistiques sont assez grossiers et uniquement là pour accréditer le mythe d'une différence notable de salaire entre les hommes et les femmes.
La manipulation la plus grossière et partagée par l'intégralité de ces pseudo-statistiques est simple. Elle consiste à prendre pour un secteur donné toute la masse salariale des femmes qui est divisée par le nombre des femmes en questions. La même chose est faite du côté masculin et on compare les deux. Le résultat est stupéfiant et ne laisse aucun doute : les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes. C'est évidemment une complète escroquerie intellectuelle. Pour plusieurs raisons puisque jamais n'a été pris en compte les parcours professionnels, les différences de temps de travail, les barèmes ou toutes les autres sources de revenus annexes. Churchill prétendait ne croire qu'en des statistiques qu'il avait lui même falsifié, visiblement, il a fait des émules.
Chose intéressante aussi, le WSJ indique que les hommes ont été aux USA plus touchés par le chômage en 2010 et 2011 que les femmes. Tiens ? Peut-être une raison structurelle à chercher du côté des secteurs qui emploient traditionnellement des hommes plus que des femmes. Il faut donc accepter que les hommes et les femmes travaillent globalement dans des secteurs différents. Comme ils travaillent dans des secteurs différents, on ne devrait pas s'étonner de trouver des différences aussi au niveau des salaires. Or jamais une étude sérieuse n'a été faite sur ce point. Bien au contraire, ce point est toujours caché sous le tapis.
En revanche, ces statistiques produites au doigt mouillé sont utilisées pour mettre ces disparités intolérables sur le dos d'une prétendue discrimination voulue par les employeurs forcément suppôts de Satan ou au moins de l'un de ses sicaires. Or pourquoi un employeur ouvertement turbolibéral payerait-il plus cher un homme qu'un femme à travail égal si une femme faisait le même travail. Cela ne résiste pas à l'analyse sauf à introduire dans l'équation le fait que l'employeur n'est pas très malin. Les employeurs seraient donc assez subtils pour discriminer activement les femmes et les empêcher d'accéder aux postes mieux rémunérés, mais trop sots pour le faire avec les hommes ?
Pire, si on regarde avec attention les séries statistiques collectées avec grand soin, on s'aperçoit que la thèse des employeurs sexistes est particulièrement risible. En effet, il ressort de ces statistiques que les femmes employées à temps plein travaillent en moyenne 8,01h par jour contre 8,75 h pour les hommes. Tiens, une différence de 9% qui est peut-être à rapprocher des 9% de différence salariale entendue il y a quelques jours.
Mais ce n'est pas tout. Un autre élément doit être pris en compte alors qu'il est très vite oublié par ces associations. Il s'agit du type de travail qu'occupent les hommes et les femmes. Statistiquement, un nombre suffisant de femmes choisit un travail un peu moins bien rémunéré mais aux horaires plus réguliers et aux conditions mieux adaptées à leurs demande, contrairement aux hommes qui choisissent des activités un peu plus risquées, un peu mieux rémunérées mais avec des contraintes un peu plus fortes aussi.
The cherry on the cake pour le JSW est que la différence salariale en les hommes et les femmes tend à diminuer voire à s'inverser au détriment de l'homme lorsqu'on tient compte de tous les facteurs et à-côtés définissant un poste donné. Une étude faite en 2010 par Reach Advisor a montré que parmi les travailleurs célibataires et sans enfant de 22 à 30 ans, les femmes gagnaient en moyenne 8% de plus que les hommes. Si l'on se rappelle que le taux d'instruction et la qualité des diplômes est notoirement meilleure chez les femmes que chez les hommes et que l'ensemble des économies occidentales font de plus en plus appel — par tertiarisation — à des travaux plutôt intellectuels, cet écart ne surprend pas tant que ça.
Mais ceci est sans importance puisque le dogme principal, qui pose la discrimination sexuelle comme préalable à toute analyse des différences salariales, est devenu absolument indiscutable au point qu'on ne retrouve plus que lui dans tous les articles de presse.