« Hacker vaillantTu seras un prêtre mon fils »

La saga de l'été

09.08.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit

Je ne sais pas si vous avez remarqué comme moi, mais depuis quelques jours, on n'entend plus parler de l'affaire Woerth-Bettencourt. En revanche, que n'a-t-on pas dit sur l'expulsion des Roms. Ce contre-feu est tellement gros qu'il a totalement masqué le scandale qui allait finir par emporter à plus ou moins brêve échéance le ministre du travail.

Il n'est pas question ici de prendre parti pour ou contre ce ministre, d'autres que moi s'en chargent, mais force est de constater qu'il y a eu une belle confusion d'intérêts. À tous les niveaux de cette affaire, les différents protagonistes étaient écartelés entre plusieurs intérêts contradictoires et, même s'ils n'ont pas cédé à leurs sirènes, le doute sera difficile à balayer.

Cette affaire a éclaté à point nommé. N'oubliez pas qu'Éric Woerth est actuellement chargé de la réforme des retraites. Un ministre affaibli par une telle affaire aura beaucoup de mal à conduire cette réforme jusqu'au bout. Nous pouvons donc nous demander jusqu'où cette affaire a été instrumentalisée par l'opposition pour torpiller cette réforme. Vous me direz que c'est le jeu. Certes, mais si l'opposition construisait un argumentaire solide pour répondre à cette réforme par une autre proposition plutôt que de faire de l'obstruction par la bande, elle ne pourrait qu'en sortir grandie. Là, elle ne fait qu'affaiblir un homme politique dont rien ne nous dit à ce jour qu'il soit mouillé dans cette affaire et l'opposition pourrait bien ne pas en retirer que des bénéfices.

Pour allumer un contre-feu, faire que les media parlent d'autre chose que de cette affaire, le gouvernement a monté en épingle une sombre histoire entre des Roms et les forces de l'ordre dans le centre de la France. À la suite de cette nouvelle affaire, il est question de reconduire certains Roms à la frontière en fermant tous les campements illégaux et de retirer la nationalité française à tous les étrangers naturalisés depuis moins de dix ans et coupables de délits. Président de la république et ministres issus de l'UMP martèlent ce message d'une seule voix, chacun surenchérissant sur le discours de son collègue.

Et sur qui donc retombe l'obligation de réfléchir à la possibilité de rédiger un projet de loi — à ne pas confondre avec une proposition qui ne serait jamais passée ? Sur Éric Besson ! Si ce ministre était issu des rangs de l'UMP, il y a fort à parier que jamais le gouvernement ne lui aurait demandé de rédiger un tel texte. Issu de l'ouverture, cela ne sera pas une grande perte s'il saute, ce n'est pas un ami de longue date…

En effet, les lois internationales interdisent à un état de créer des apatrides. Pourtant, lorsque l'on acquiert une nationalité, il y a de fortes chances que l'on perde sa nationalité d'origine. Cela dépend essentiellement de la nationalité d'origine, mais les cas d'acquisition d'une double nationalité par naturalisation française sont rares. Se voir retirer la nationalité française revient donc à être apatride.

Quant au problème des Roms, il est ubuesque. Les Roumanie et Bulgarie souhaitent adhérer à l'espace Schengen en 2011. Comment voulez-vous reconduire à la frontière des Roms qui pourront revenir immédiatement en France ? Autre problème : comment refuser à une partie de la population de ces deux pays ce qui est autorisé au reste de leur population ?

Il faut tout de même constater que ce contre-feu est parfaitement efficace. Tout le monde est tombé dans le panneau et Éric Woerth passe actuellement des vacances qui sont sans nul doute agréables.

 

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