« Pays de Shadoks ! | Gilets jaunes » |
Hier soir, je suis tombé par le plus grand des hasards sur une émission politique spéciale diffusée par France 2. Je me suis accroché, je l'ai écoutée jusqu'au bout au mépris de ma santé mentale puisque, après tout, je suis contraint de payer la redevance audiovisuelle pour avoir des médias de qualité. Que devrais-je dire, des Marx Merdias.
Cette émission devait faire le point sur les demandes des gilets jaunes. Cela fut un déballage des programmes politiques de la France Insoumise (se retrouvaient Méchancon, pardon, Mélenchon qui exultait, puis son âme damnée Ruffin), des économistes atterrants comme Piketty et autres badernes du même tonneau. En dehors de François-Xavier Bellamy qui, seul, a essayé de poser les bonnes questions mais qui fut le dernier à avoir la parole donc qui était inaudible, tous les autres se sont roulés sans vergogne dans la fange de la démagogie. En revanche, force fut de constater que les seules personnes avec un discours construit, que l'on y adhère ou non, était les gilets jaunes invités. ils étaient dignes, polis, face à des vieux routiers de la politique qui n'attendaient que de récupérer leur mouvement. Quant aux jeunes loups aux dents longues de la politique en marche, ceux-ci étaient pathétiques tant leur discours était creux et totalement déconnectés de la réalité. Coller Gabriel Attal sur un sujet comme l'ISF face à la France Insoumise est aberrant parce que d'une part le marcheur ne brille pas par son intelligence et d'autre part il n'avait aucune idée des conséquences de l'ISF. Quand Mélenchon ou Ruffin parlent de symbole, on doit leur rétorquer immédiatement que la conséquence d'un rétablissement de l'ISF est une mise en danger des entreprises pour telle ou telle raison et que la conséquence à moyen terme est un chômage plus important et une précarisation des salariés, juste le contraire de ce qu'ils prônent. Au lieu de cela, ce fat a répondu qu'on allait évaluer la suppression de l'ISF. Ce n'est pourtant pas le débat, cela fait trente-cinq ans que l'on évalue les dégâts de l'ISF. On a donc aujourd'hui une excellente idée des conséquences de l'ISF. Six millions de chômeurs et neuf millions de pauvres, ce n'est donc pas suffisant pour la France Insoumise.
On y a parlé de l'ISF et de sa suppression inique et de son rétablissement. Et on ne a parlé en vase clos puisqu'il n'y a jamais eu de contradicteur. Les deux journalistes eux-mêmes devaient concourir pour le prix anti Albert Londres tellement ils étaient en dessous de tout. Lorsqu'on se targue d'inviter de telles énergumènes (Piketty, Mélenchon, Ruffin…), on travaille un peu ses fiches. Le journaliste est censé être là pour opposer aux délires des invités des faits. Il n'est pas là pour prendre position. Or, en refusant d'indiquer aux téléspectateurs des faits simples sur les conséquences d'un impôt aussi idiot et dogmatique que l'ISF sur l'économie française, ces journalistes ont ouvertement pris parti pour la franche la plus rouge écarlate du plateau.
L'ISF est en grande partie responsable de la situation actuelle du pays. Depuis l'annonce de sa suppression, l'investissement dans les entreprises a retrouvé un taux correct (24%) alors qu'on en était encore loin l'an passé où les capitaux fuyaient l'économie française. Mais non, pour la France Insoumise, il faut fermer les frontières. Pour le Rassemblement National aussi d'ailleurs, ce qui transformera la France en un genre de pays de l'est avant la chute du rideau de fer. Ce n'est pas en fermant les frontières qu'on arrivera à taxer et surtaxer encore le contribuable. Ça fonctionnera un temps, le temps pour eux de s'organiser. Et cela fera fuir tous ceux qui travaillent dur pour ne pas se faire spolier.
Et on ne fera jamais un pays de riches avec une population uniquement composée de pauvres.
Nous n'avons pas entendu non plus que la France est la championne du monde, toutes catégories confondues, du taux de prélèvement obligatoire. Devant le Danemark, mais la pression est acceptée par les danois parce qu'ils ont un pays qui fonctionne, des services publics tout à fait correct, une sécurité assurée, ce qui n'est plus le cas en France depuis de trop longues années. La question que devait poser l'un des deux journalistes sauf à devoir rendre sa carte de presse et les avantages fiscaux qui viennent avec elle, c'était de savoir comment font les pays similaires à la France avec quinze à vingt points de moins de prélèvements obligatoires. À l'éternelle augmentation du SMIC, personne n'a répondu qu'en dynamitant la sécurité sociale, nous pourrions immédiatement à coûts constants pour les employeurs, avoir un SMIC à 1500€. J'oubliais, c'est bien connu, sans la sécu, on crève dans la rue ! Il s'agit d'un totem, d'un tabou, ce n'est même pas discutable.
Personne n'a évoqué non plus que le contributeur de l'ISF était principalement la classe moyenne supérieure, pas les plus riches pour utiliser le jargon de la France Insoumise et que certains n'avaient même pas de quoi payer leur impôt sur les revenus ainsi que l'ISF. Personne n'a évoqué que ces heureux contribuables n'avaient souvent qu'un appartement en héritage dans les grandes villes, rien de plus. Non, ce sont des salauds de riches, il faut les faire casquer.
Cette émission était pourtant le moment de mettre toute cette classe politique face à ses contradictions en mettant en perspective leurs idées — testées pour la plupart depuis 1981 avec les résultats que l'on connaît — et la réalité des faits qui sont têtus. C'était le moment de faire de la pédagogie. Au lieu de cela, seuls ont pu s'exprimer des idéologues de la frange la plus gauchiste de la classe politique sans la plus petite contradiction qui aurait pu faire le lien entre les décisions passées (35 heures, 5 semaines de congés payés, ISF, sécurité sociale monopolistique et j'en passe) et la situation actuelle. Quant à faire le lien entre les revendications des gilets jaunes sur l'ISF et l'avenir, c'était encore plus compliqué. Notez bien que je n'en tiens pas rigueur aux jilets jaunes, ceux-ci ne s'étant peut-être jamais posés les bonnes questions. En revanche, j'en veux énormément à ces prétendus journalistes.
Le pompon final est tout de même détenu par celui qui a trouvé le moyen de dire que la démagogie ne doit pas gouverner la France. Je ne puis qu'y souscrire. Mais je pose la question. Ne serait-on justement pas dans la situation actuelle parce que la démagogie était au pouvoir depuis 1981 ?
Bref, un magnifique exemple de pignoufferie de presse subventionnée grâce à vos impôts (et pour votre bien).
Pourtant, il y avait quelques chiffres à donner en préambule. Entre 2011 et 2017, les revenus des 10% des français les plus pauvres sont passés avant redistribution de 450 à 350€ mensuels. Le revenu médian est toujours aux alentours de 2000€ mensuels. Pour que ces pauvres puissent vivre, on a massivement reporté les aides fournies à la tranche des français situés entre 20% à 50% de richesse à la tranche entre 0 et 20%. Mais on a aussi continué à augmenter les prélèvements dans tous les sens. Le résultat est assez simple : les français qui gagnaient en 2011 entre 1 et 1,8 fois le SMIC se sont massivement appauvris au profit des 20% des français les plus pauvres. C'est ce ventre mou qui est aujourd'hui affublé de gilets jaunes. C'est ce ventre mou qui n'a plus de courage de s'élever dans l'échelle sociale parce que la fiscalité ne l'invite pas à le faire. À quoi bon se lever, travailler 70 heures par semaine pour que l'état me vole au moins les deux tiers de ce que je gagne ?
Ceux qui sont encore au-dessus du revenu médian ne sont pas, pour l'instant, dans la rue. Ils ont aujourd'hui trop à y perdre. Mais ça ne saurait tarder si le mouvement continue. Les revendications seront alors un peu différentes parce que la classe moyenne souvent réfléchit différemment.
Démagogie= démocratie! pour avoir des voix, un politicien est obligé de dire à ses futurs lecteurs ce qu’ils ont envie d’entende. Donc, de faire des promesses catégorielles. J’avais donné l’exemple d’une nation où les électeurs retraités représenteraient plus de 50% des votants, et où bien sûr, on peut deviner le résultat d’un référendum d’initiative populaire sur une réforme des retraites… mais pas seulement: le politicien qui concourt pour une représentation nationale n’aura jamais le courage d’aller contre cette majorité. Mais je n’avais pas pensé à l’alliance objective entre fonctionnaires, bénéficiaires des allocations, et retraités (à distinguer des allocations). Là, on n’est plus dans un exemple théorique mais dans le présent. Donc, oui, démocratie=démagogie. Et aussi: le salaire médian n’est pas 2000€, mais 1500€… Enfin: qui est responsable de la situation du pays, l’ISF? ou la Sécu?? il faut choisir !
En premier lieu la sécurité sociale. Mais ce délire collectiviste a poussé d’autres aberrations comme l’IGF puis l’ISF.