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Brexit et conséquences

01.06.19 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Je suis effaré d'entendre les commentaires sur les résultats des élections européennes, qu'il s'agisse des résultats en général ou de ceux de la Grande-Bretagne en particulier. Mettre dans un même sac les nationalistes (polonais, hongrois…), les nationaux-socialistes (le Rassemblement National bien de chez nous) et les diverses extrêmes droites en chouinant que tous ces partis n'arriveront pas à former un groupe est pour le moins étrange lorsqu'on se targue à la fois d'avoir une carte de presse et d'être un analyste politique.

En particulier, les journalistes de tous bords nous disent pour la Grande-Bretagne que le parti du brexit du cuistre Nigel Farage est sorti grand gagnant avec 35% des suffrages exprimés. Certes, mais 35% des 37% du corps électoral qui est allé voté, soit, à la louche, 10% du corps électoral. Pas de quoi pavoiser d'autant que les listes partisanes du remain mises bout à bout totalisent plus d'électeurs mais en ordre dispersé. Ce résultat n'indique qu'une seule chose, que les britanniques en ont assez de cette incertitude qui s'éternise d'autant plus que certains s'aperçoivent qu'ils ont été roulés dans la farine, que le Commonwealth n'est pas l'ancien empire britannique et qu'il y aura des lendemains qui déchanteront certainement, le seul avantage de Londres étant sa place financière, place financière dont la primauté risque d'être remise en cause par ce brexit. En effet, le départ annoncé — parce que rien n'est fait, et même si la Grande-Bretagne sort de l'Union, je suis convaincu qu'elle reviendra en pleurnichant dans quelques années — risque même d'être le catalyseur qui manquait à l'Union pour continuer son intégration. Les pays européens sont des petits pays et, sans l'Union Européenne, sont condamnés à disparaître des cartes géopolitiques.

Mais revenons aux conséquences du brexit à court terme.

Vous savez ou vous ne savez pas, je conçois des équipements électroniques. J'utilise pour mon malheur des galvanomètres d'Anders Meters, une entreprise anglaise. Pourquoi ? Cette entreprise avait un catalogue complet et ses appareils de mesure coûtaient trois fois moins cher que ceux de ses concurrents asiatiques pour une qualité identique.

En électronique, lorsqu'un composant arrive en fin de vie et va être retiré des catalogues, le fabricant indique dans l'ordre avant d'arrêter la fabrication :

  • ne pas utiliser pour une nouvelle conception;
  • obsolète;
  • fin de vie.

Le processus dure plusieurs années. Avec le brexit, tout s'est accéléré. J'ai commandé il y a quatre mois des galvanomètres et aucune mention d'aucune sorte ne permettait d'imaginer que toute la production des appareils à aiguille s'arrêterait brutalement sans préavis. Or, cette semaine, j'ai voulu en commander à nouveau. Je n'en ai trouvé nulle part, ni chez le fabricant qui indiquait la fin de la production, ni chez les cataloguistes. Conclusion : Anders Meters en vendait assez puisqu'il n'y a plus en stock nulle part aucun de ses galvanomètres. Heureusement qu'il ne me reste plus de faces avant, j'aurais pu m'en servir comme presse-papiers !

Problème : il n'existe pas de produit comparable. S'il existe bien un fabricant asiatique, la dimension des galvanomètres n'est pas identique, ils sont beaucoup plus chers et difficiles à trouver à moins de commander un plateau de cent unités. D'autres galvanomètres existent, vendues par des boutiques spécialisées, mais je n'ai pas réussi à identifier le fabricant. Ils conviendraient sans doute pour des prototypes ou des bricolages, pas pour des appareils de série puisque l'approvisionnement n'est pas garanti.

J'ai donc décidé de concevoir mes propres systèmes de mesure, systèmes numériques parce que je ne suis pas équipé pour fabriquer des galvanomètres à aiguille. Il fallait donc dans un premier temps transformer les faces avant de mes équipements. Dans un second temps, il me fallait remplacer les cartes de mise en forme des signaux pour galvanomètres analogiques par une carte numérique. Et là, je me suis aperçu que ce n'était pas évident du tout. S'il y a encore dix ans il existait un circuit trivial, un simplement comparateur logarithmique, permettant de câbler simplement un vu-mètre, ce circuit n'est plus produit et il convient soit d'utiliser un microprocesseur (!) soit de câbler à l'ancienne un comparateur logarithmique à base de comparateurs classiques et de réseaux de résistances. Un travail de fou lorsqu'on veut une précision de 1 à 2%.

Ce petit exemple m'incite à croire que la panique est encore devant les britanniques qui restructurent violemment leurs entreprises pour essayer de ne plus produire que des équipements à très forte valeur ajoutée. La question est de savoir ce que feront les entreprises incapables de suivre ce chemin. Toutes celles qui seront en concurrence frontale avec les entreprises du reste du monde — en particulier avec les entreprises asiatiques — risquent de le payer très cher, surtout s'il n'y a aucun accord de sortie avec l'Union.

Mais les britanniques n'arrivent pas à se mettre d'accord, personne ne sachant réellement quoi faire Ainsi, si la Grande-Bretagne sort de l'Union, ce sera vraisemblablement sans accord. Il s'agit là du pire scénario, non pour l'Union, mais pour la Grande-Bretagne qui a bien plus besoin de l'Union que l'Union de la Grande-Bretagne.

Ceci devrait servir de leçon à tous les gouvernements européens, surtout ceux qui utilisent l'Union Européenne comme un bouc émissaire à peu de frais, utilisant l'Union pour faire passer les points de politiques nationales qu'ils refusent d'assumer et oubliant que la commission n'est qu'un organe aux ordres des conseils où les décisions sont prises, pour la plupart, à l'unanimité.

 

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