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Sous prétexte de clientélisme bassement électoraliste, les cadres vont encore faire les frais de la réforme des allocations chômage. Ils sont déjà sollicités fiscalement puisqu'ils échappent à toutes les baisses d'impôts ou presque et vont l'être encore plus avec la prochaine réforme des retraites.
Une fois encore, ce pays rate ses rendez-vous avec l'histoire. Il aurait été de bon ton de remettre tout le système à plat, ce qui est nécessaire depuis au moins quarante ans. Mais comme il n'existe plus d'homme d'état ou simplement d'homme politique courageux, aucune réelle réforme n'a été entreprise sur ce sujet.
Les indemnités chômage des cadres vont donc être dégressives. Et elles seront dégressives car, paraît-il, les cadres ne connaissent pas le chômage. Cette affirmation est tout simplement mensongère dans le cas général. En effet, le cadre est là pour encadrer les employés (d'où son nom) et si les employés barbotent dans un chômage de masse, le cadre risque fort d'être lui aussi touché puisqu'il n'aura plus personne à encadrer.
Les statistiques sur l'emploi des cadres sont particulièrement biaisés parce qu'on est cadre que lorsqu'on paie les cotisations du statut cadre. On entend régulièrement que les salaires des cadres augmentent sans cesse. C'est faux, les salaires des cadres, contrairement à ce qui est affirmé ici et là, ne cessent de chuter. Pour s'en convaincre, il ne faut pas regarder les salaires des cadres en place mais les salaires sur nouvelle embauche. Effectivement, pour les cadres en place ayant la chance de ne pas changer d'employeur, les salaires progressent. Pour les autres…
Quant aux statistiques de l'emploi des cadres en général, elles sont elles aussi totalement biaisées. Les employeurs recherchent des cadres jusqu'à dix ans d'expérience. Au-delà, vous êtes soit trop cher, soit trop qualifié. Pour vous en convaincre, regardez un peu les annonces sur un site spécialisé comme celui de l'APEC. De guerre lasse, les cadres en situation de chômage passent à autre chose : prestation ou création d'entreprise. Il est fou de voir le nombre de cadres pointant chez Pôle Emploi partir dans la création ou la reprise d'entreprise. Ces gens disparaissent des statistiques des cadres. Il n'y a donc pas moins de chômage d'anciens cadres, mais moins de chômeurs au statut cadre.
Pourquoi les cadres, passé un certain âge, ne comptent que sur eux-mêmes ? La raison est simple. Lorsque vous avez un poste à responsabilité, il est impossible de postuler à un niveau hiérarchique inférieur. Ça ne passe pas. Par ailleurs, aujourd'hui, aucune entreprise ne va engager un cadre supérieur à l'année. Le coût du travail en France étant délirant, elles préfèrent des jeunes payés au lance-pierre en s'offrant le luxe de se payer une personne compétente pour un besoin précis et un temps limité. Passé 45 ans, le cadre supérieur faisant partie d'un plan social ne peut compter que sur lui-même ou sur la prestation. Là encore, il disparaît de la population des cadres.
Une fois de plus, plutôt que de constater le problème typiquement français de l'emploi en général, puis d'essayer d'en corriger la source, le gouvernement va taper sur la classe moyenne supérieure en refusant de voir que le cadre n'est pas plus favorisé que les autres travailleurs en France. La seule différence, c'est que le cadre ne va pas tout attendre de l'état nounou.
Ce faisant, le gouvernement français devrait se souvenir que, parmi les cadres, nombreux sont ceux qui ont voté LREM, non pas par adhésion mais par défaut.