« La France n'est pas un coupe-gorgeÉcologisme forcené »

R.I.P.

10.08.20 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Monde de merde

Bali de Mastor, 8 mai 2006, 10 août 2020.

Tu n'étais qu'un chat, mais avec bon cœur et excellent caractère. La fille de la maison pouvait te promener en te tirant la queue, te bourrer les oreilles de miettes de Petits Lus, tu la laissais faire. Lorsque tu voyais un chaton tomber d'une table dans une émission animalière, j'ai été surpris de te voir sauter au pied du téléviseur pour voir s'il y avait quelqu'un à sauver…

Je savais bien que depuis quelques années, tu étais diabétique alors que tu as toujours eu une alimentation correcte et tous les soins nécessaires. L'an passé, j'ai bien vu que ton diabète n'était plus sous contrôle mais, aux dires du vétérinaire, il suffisait d'augmenter les doses. Comme un idiot, j'ai fait confiance et j'ai augmenté tes doses d'insuline.

Jeudi dernier alors que tu ne mangeais plus depuis quelques jours, le vétérinaire disait encore que c'était normal. Il a fallu que je retourne vendredi voir un autre vétérinaire du même cabinet pour que des analyses soient faites. Pêle-mêle, j'apprends que tu avais une infection, que ta créatine était haute, que tu avais plus de 4 g de sucres par litre de sang et que ta fonction rénale était atteinte. Mais pas de panique, on arrive à soigner et à stabiliser l'immense majorité des animaux souffrants d'un tel problème. Vendredi soir, le vétérinaire m'indique que tu n'étais pas à l'article de la mort et que je pouvais partir quelques jours comme prévu.

J'ai voulu le croire même si au fond de moi-même, la créatine anormale signifiait suspicion de cancer mal placé. Après tout, ce n'est pas moi le spécialiste. Je t'ai fait un dernier câlin, un dernier gratouillis sur la tête, entre les oreilles, et une perfusion t'a été posée pour te requinquer. Je t'ai dit qu'on se reverrait dans quelques jours, quand tu iras mieux.

Pour te requinquer !…

Ce matin, alors que je suis à l'autre bout de la France, coup de téléphone : « votre chat est à l'agonie, il s'agit sans doute d'un cancer du pancréas à évolution rapide. Il faudrait songer à l'endormir, je vous laisse réfléchir jusqu'en début d'après-midi. »

L'endormir ! J'ai toujours adoré ce genre de litote. Non, on ne va pas l'endormir, on va appeler les choses par leurs noms, on va l'empoisonner. Peut-être sous anesthésie, mais on va tout de même l'empoisonner pour abréger ses souffrances. En début d'après-midi, il vomissait du sang et il n'y avait plus aucune autre solution que de l'« endormir » sans délai, sans que je puisse rentrer chez moi pour le revoir une dernière fois, qu'il ne se sente pas abandonné. Parce que ceux qui disent qu'un animal ne peut pas se sentir abandonné n'ont jamais eu de relation avec un animal (j'exclus tout de même le morpion pubien et les animaux les moins évolués).

Comprenez-moi bien, je ne sais pas si j'aurais été capable de lui tenir la patte dans un tel moment ou si j'aurais supporté de le voir avec une perfusion, une sonde urinaire et dans un état aussi lamentable. Je pense simplement que cette boule de poils qui a traversé la vie de la famille, ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, sans jamais se plaindre méritait de mourir autrement et que, même s'il avait fallu abréger ses souffrances, nous aurions dû être là.

Je ne tiens rigueur à personne de la mort de ce sacré de Birmanie, les êtres naissent, ils meurent, c'est un fait inéluctable et je n'ai aucun moyen de m'y opposer. En revanche, je tiens rigueur à un vétérinaire, l'an passé, alors que ce chat avait perdu un tiers de son poids en un temps très court, d'avoir tenté de stabiliser son diabète en augmentant les doses d'insuline (de chien !), c'est-à-dire en combattant les symptômes au lieu d'en chercher les causes qui ont visiblement fini par dégénérer en cancer foudroyant. Je tiens rigueur à un vétérinaire les souffrances visibles de cet animal durant de longs mois et sa triste fin.

J'espère que tu nous pardonneras de ne pas avoir pu être là. Il s'agit juste d'un malheureux concours de circonstances et non d'un abandon. Je ne sais pas encore si je récupérerai tes cendres ou ton corps, mais une chose est sûre, je ne te laisserai pas être incinéré dans une incinération collective.

Je vais essayer de me souvenir de tous les bons moments passés ensemble. Une chose me rassure, s'il existe un paradis des chats, tu y es en belle place.

 

2 commentaires

Commentaire de: Grégoire
Grégoire

La mort est l’un des deux moments les plus importants de la vie c’est pour cela qu’il faut la garder pour la fin !

11.08.20 @ 12:33
Commentaire de: Gilshe

A chaque fois que je perds un animal, il me faut au bas mot 6 mois pour récupérer un peu. Quel que soit l’animal : chien, chat, corbeau, perroquet, pie… Depuis le temps, je devrais savoir comment on fait pour moins souffrir mais à vrai dire, je n’en sais trop rien. Mon petit remède, qui me permet de me reconcentrer, à défaut de pouvoir oublier, est de me procurer très vite à la SPA du coin, un nouvel animal. Je suis ainsi devenu un spécialiste des secondes mains. Par je ne sais quel mystère, s’occuper d’un animal et lui offrir une vie la plus heureuse possible, excite le sens de l’honneur. Cet honneur agacé, c’est ce que je remarque dans votre désarroi d’avoir dû laisser votre chat seul. Les animaux, on s’en occupe gratuitement et, le comble, c’est qu’on leur doit quelque chose.

16.08.20 @ 19:02


Formulaire en cours de chargement...