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Histoires de pneumatiques

19.04.21 | par Le Grincheux | Catégories: Haines ordinaires

J'ai dû changer les pneus avant d'un tracteur Massey-Ferguson 825, un vénérable petit tracteur de 1961 me permettant de passer le gyrobroyeur sur une grande partie de mon terrain. Il y a quelque temps que je savais que je devais les changer, mais j'ai toujours procrastiné, ce tracteur n'allant que très rarement sur la route. Or la semaine passée, je me suis aperçu en voulant passer le gyro que le pneu avant gauche était à plat. Je me suis donc convaincu qu'il était temps de changer les pneus du train avant.

J'ai alors commandé des pneus agricoles. Vue l'utilisation de l'engin, j'ai considéré que des pneus à carcasse diagonale de type BKT 8181 en 16*5.50 seraient amplement suffisants. Il s'agit de pneus indiens, mais je ne risque pas le tête-à-queue avec ce genre de véhicule. J'ai acheté cela avec les chambres à air correspondantes.

J'attaque la roue avant gauche. Le vieux pneu, un Dunlop antédiluvien, n'oppose au démontage qu'une résistance tout à fait symbolique aux démonte-pneus. Je vais pour remonter le nouveau pneu et là, une fois le pneu monté, je m'aperçois que la chambre à air est percée ! Naturellement, j'ai bien veillé à ne pas pincer la chambre à air au montage. Je redémonte et, un coup de rustine plus tard, remonte le pneu qui va prendre place sur la fusée avant gauche en râlant copieusement parce que remonter une roue sur une fusée folle est un combat de tous les instants. Mais la roue finit par être en place et serrée.

Au tour de la roue avant droite qui portait un antique pneu d'origine Firestone. Je m'aperçois que la chambre à air était elle aussi poreuse. Mais, malgré une pression faible, ce peu n'était pas déformé. Par endroit le caoutchouc laissait voir la trame. Bref, ce pneu était en sale état et l'absence de déformation aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Roue sur le sol, j'essaie de désolidariser le pneu de la jante. Impossible avec les démonte-pneus. Je saute dessus avec des chaussures de sécurité, rien à faire. Je réussi à les décoller avec des coups de masse ! Le pneu n'était pas monté à la graisse à pneu mais à la colle de type colle néoprène ou approchante ! Qu'à cela ne tienne, la jante est maintenant désolidarisé du pneu et j'essaie de sortir la chambre à air. Problème : une chambre à air, même crevée, contient toujours de l'air à la pression atmosphérique et ce fichu pneu est tellement rigide qu'il m'est impossible de la sortir, il n'y a pas la place et la résistance est tellement forte que je me pince un certain nombre de fois les doigts jusqu'au sang. Poreuse pour crevée, je la perce avec un clou pour tenter de la vider au maximum et pouvoir la tirer entre la jante et le pneu. Peine perdue, même avec une pince, je n'arrive qu'à la déchirer.

Une seule solution : attaquer ce pneu à la scie puisque je n'arrive pas à sortir la chambre et qu'il est impossible de faire passer la jante avec la chambre. Là, je comprends pourquoi ce pneu est aussi rigide. Il ne contient pas de tresse métallique comme certains pneus, mais des fils d'acier de pas loin de 1 mm chacun, tressés entre eux. La scie égoïne ne sera d'aucun secours, il faut attaquer à la scie à métaux. Et je ne sais pas si quelqu'un d'entre vous a déjà attaqué un pneu de grandes dimensions à la scie à métaux en prenant garde de ne pas attaquer la jante. Il y a le problème de la matière, la scie à métaux m'aimant pas attaquer le caoutchouc et celui consistant à ne pas attaquer la jante, parce que pour le coup, la scie à métaux se retrouve dans ce qu'elle sait faire.

Quelques longues dizaines de minutes plus tard, le pneu est coupé et je peux enfin l'ouvrir pour le retirer de la jante. Je comprends alors pourquoi je n'avais pas pu retirer la chambre à air. La personne qui l'avait montée l'avait aussi mise à l'envers et pour ne pas que la valve se débine dans la jante avait, plutôt que de la replacer à l'endroit, décidé de la coller ! Maintenant, il faut retirer les résidus de colle. Résidus enlevés, le nouveau pneu est remonté en une dizaine de minutes.

J'oublie de préciser que ce pneu Firestone a eu une existence sans doute bien remplie puisqu'il fut monté vraisemblablement d'occasion sur ce tracteur. Son code date indique qu'il a été fabriqué en janvier 1959. Je n'avais encore jamais changer un pneu de 62 ans d'âge. Je ne suis pas sûr que les BKT tiennent aussi longtemps.

 

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