« Nous ne sommes plus en démocratie | Véran, démission ! » |
L'image que l'on donne pour une bonne ou une mauvaise raison peut s'avérer désastreuse. Prenons le cas de l'Église de France et d'ailleurs surtout depuis la publication du rapport de la CIASE rendu public en octobre 2021.
En novembre 2021, le magazine Le Point publie une enquête sur la gouvernance de l'archevêché de Paris et la vie privée de Monseigneur Michel Aupetit. Côté gouvernance, il lui est reproché un certain autoritarisme. L'église n'est toutefois pas une démocratie et il faut faire avec des forces contraires qui, si elles sont minoritaires, sont bien actives. Je pense en particulier à l'application du motu proprio Traditionis Custodes qui s'attaque au rite tridentin cher aux traditionalistes de toutes obédiences. Côté vie privée, l'hebdomadaire évoque une possible relation intime qu'aurait eue l'archevêque de Paris avec une femme en 2012.
Le 25 novembre, Michel Aupetit envoie une lettre au pape François dans laquelle il présente sa démission. Il y reconnaît avoir eu un comportement ambigu mais nie avoir eu des relations intimes ou sexuelles. Le pape accepte sa démission le 2 décembre 2021.
Admettons.
Souvenez-vous maintenant de Philippe Barbarin. Philippe Barbarin, primat des Gaules, avait annoncé sa démission le 7 mars 2019, le jour de sa condamnation en première instance à six mois d'emprisonnement avec sursis pour non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs. Le même François, déjà pape, avait refusé cette démission par respect de la présomption d'innocence. Relaxé par la cour d’appel le 30 janvier 2020, Philippe Barbarin réitérait sa proposition de démission, soucieux de « tourner une page » après le scandale qui a divisé la communauté catholique. Cette démission fut acceptée le 6 mars 2020.
En d'autres termes, le pape refuse une première fois la démission d'un prélat condamné — certes en première instance — pour non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs (osons le mot, il s'agit de pédophilie), finit par l'accepter une fois le prélat relaxé sur des faits établis, mais accepte sans sourciller aucunement une démission d'un autre prélat parce qu'il aurait eu une relation intime avec une femme, ce que le prélat lui-même nie.
J'avoue avoir un peu de mal à saisir la subtile logique liant les deux faits. Rome voudrait envoyer un signal indiquant que les relations entre un prêtre et une femme sont plus problématiques qu'entre un autre prêtre et des enfants, elle ne s'y prendrait pas autrement.