« Justice ! | Place de la perle » |
À Paris, pour être dans le vent, il faut être électrique. Voiture électrique, scooter électrique peint en vert pour être plus écologique, Solex électrique toujours à traction avant et tout autant casse-gueule que son ancêtre pétaradant — que ne ferait-on pas par pure nostalgie ? —, bicyclette improprement et pompeusement baptisée vélo électrique. Tout cela naturellement financé par la mairie de Paris parce que c'est plus propre et que les bornes de recharge permettent de virer des places de stationnement, c'est toujours ça de pris.
Personne ne se pose la question de la fabrication de ces véhicules électriques qui contiennent des batteries difficilement recyclables voire du rendement extraordinaire existant entre la source primaire de production d'énergie (les atomes, l'eau, le pétrole, l'énergie solaire…) et le kilomètre parcouru. Personne non plus ne se pose la question du seul véhicule réellement écologique si l'on omet le véhicule électrique arborant d'imposants panneaux solaires, ce qui n'est pas, vous en conviendrez, une solution pour obvier à l'occupation du terrain public en cas d'embouteillage. Non, le seul véhicule réellement écologique est le véhicule tirant sa force de la traction animale. Et encore, pas celle du bœuf ou du cheval, non, celle du bipède à chapeau mou qui attend présentement l'autobus 21 avec un regard bovin — le bipède pas l'autobus — au coin de la rue Glacière.
Après, tout est une histoire de compromis, le meilleur compromis semblant être pour Paris et sa petite couronne les transports en commun puisqu'il risque d'être difficile de mettre tout le monde sur une bicyclette. L'image est osée, j'entendais tout de même attribuer une bicyclette à chaque bipède, ne soyons pas mesquin.
En constatant que lorsque la RATP ne fait pas grève, cela fonctionne plutôt pas mal, on est en droit de se demander quel est l'intérêt pour la ville de subventionner ces véhicules à si faible autonomie. J'arrive encore à comprendre l'opération Vélib, même s'il ne me viendrait pas à l'idée d'utiliser une bicyclette de 22 kg à trois vitesses et que je ne cautionne pas les véhicules d'entretien qui sillonnent Paris la nuit pour monter des Vélib's au sommet de la butte Montmartre ou de tous les endroits un peu élevés de la capitale. Il est plus facile de descendre une rue avec un tel engin que de la remonter… J'arrive aussi à saisir l'utilité des subventions attribuées à la RATP. En revanche, je ne comprends pas pourquoi la ville de Paris subventionne les deux roues électriques. Lorsque j'ai acheté mon vélo(cipède), un jour de grève, la mairie de Paris ne m'a pas donné un centime. Lorsque je dois me déplacer en voiture pour aller dans une banlieue non couverte par les transports en commun, la mairie de Paris ne me subventionne pas mon carburant. Au contraire, elle est là pour me surveiller, le talon à souche dans une main et le stylo(graphe) dans l'autre. Enfin, lorsque je parle de stylo(graphe) dans l'autre main, c'est uniquement pour les contractuel(le)s qui savent encore écrire. J'ai rarement vu le nom de ma rue correctement orthographiée sur un procès verbal. Sans doute en l'honneur de la personne notoirement illettrée qui lui a donné son nom.
La question est donc de savoir quel est l'intérêt que peut avoir la ville de Paris à une telle subvention. Les couloirs de bus de 4,70m de large, je vois, il s'agit d'embêter l'automobiliste lorsqu'il circule. Les stations de Vélib sur les places de stationnement plutôt que dix mètres à côté où il y a un trottoir de huit mètre de large, je vois aussi, c'est toujours pour embêter l'automobiliste, mais cette fois-ci, c'est plus subtil puisque ça consiste à l'embêter lorsqu'il cherche à ne plus circuler et à ce garer. Mais les subventions aux véhicules électriques à deux roues, là, franchement, je ne vois pas. Peut-être un responsable de la mairie a-t-il des intérêts dans une société de fabrication de tels engins ? Je vais de ce pas aller me renseigner…