« De la responsabilité des magistrats françaisGrandeur et surtout décadence d'une ancienne puissance économique »

LFI ou la faillite intellectuelle

29.11.22 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Il n'a pu vous échapper que l'Assemblée Nationale examine depuis hier une proposition de loi — donc émanant des députés et non du gouvernement — dont le but est de rendre plus difficile l'activité de squatteur.

Depuis quelques jours, on voit la gauche plus ou moins bien pensante monter au créneaux, une certaine partie ayant même l'outrecuidance d'invoquer les mânes du regretté Henri Grouès dit Abbé Pierre qui fut tout de même du MRP avant de le quitter pour créer son propre mouvement. L'action de l'Abbé en question n'a jamais été la défense de squatteurs mais le combat pour que les plus miséreux puissent avoir un toit, quitte à construire ou payer ces toits lui-même. Visiblement, la nuance échappe à la gauche. Vous me direz que ce n'est pas la seule nuance qui lui échappe.

Contre l'avis d'un gouvernement un peu gêné aux entournures, un groupe de la majorité présidentielle propose donc un texte triplant les peines encourues par les squatteurs et imposant une accélération du calendrier judiciaire dans ce genre d'affaires. La gauche est vent debout et craint un manque de recours des locataires. Non seulement la gauche, mais toutes les associations luttant contre les logements indignes y vont de leurs communiqués de presse.

À titre personnel, si je puis entendre qu'un locataire de bonne foi puisse avoir des voies de recours, je ne peux accepter qu'un locataire de mauvaise foi puisse en user. Dans une affaire remontant à une quinzaine d'années, un locataire ne payait plus des loyers modiques à mes parents avec un écrit d'une assistante sociale indiquant noir sur blanc que le locataire n'avait pas à régler les termes s'il n'en avait pas les moyens. Le document a été produit devant le Tribunal de Grande Instance du lieu.

Le problème de fond est ici le respect de la propriété privée. Soit ce respect a encore un sens en France et un occupant sans titre est directement expulsé d'un logement, soit il n'a plus aucune signification et on continue à faire payer à des bailleurs qui sont souvent des petits propriétaires les conséquences d'une politique désastreuse.

Par ailleurs, il y a un second problème. À force de rendre le risque locatif de plus en plus important (loyers, mais aussi taxes foncières, remise en état des appartements après squat, diagnostics énergétiques ineptes…), le nombre de logements sur le marché locatif se réduit comme peau de chagrin et les potentiels bailleurs vont vers des solutions moins risquées comme la location touristique de courte durée. La loi de l'offre et de la demande étant ce qu'elle est, le prix des loyers pour les locataires honnêtes augmentent d'autant, comme s'accroissent les garanties exigées par les bailleurs. On se retrouve donc avec une pénurie de logements, une bonne partie du parc locatif n'étant plus sur le marché. Et l'on construit des HLM, ça, on sait faire, de qualité médiocre et surtout en faisant payer ces constructions par la collectivité, c'est-à-dire par les impôts des heureux contribuables.

Nous sommes donc dans une situation totalement ubuesque où une surprotection des locataires produit exactement l'inverse de l'effet escompté, à savoir un renchérissement de l'offre par raréfaction de la ressource et une augmentation des impôts pour financer tous ces programmes de logements. Sans compter que les centres-villes aux bâtis anciens sont de plus en plus vides faute de bailleurs et d'accessibilité qui devient de plus en plus aléatoire ou difficile (zones piétonnes, zones à faible émission, absence de place de stationnement pour ne serait-ce que décharger des courses…).

L'adoption de cette loi serait un signal fort à tous les bailleurs, privés comme publics, surtout s'il est question de faire payer aux squatteurs les dégâts qu'ils peuvent faire dans un logement. Ce serait un préalable avant, rêvons un peu, l'adoption de la doctrine du château.

 

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