« Quelques données | Comment ne pas commémorer les années 1930 un peu en avance ? » |
Je ne sais pas si vous avez bien remarqué, mais la campagne de l'agent orange a été faite en grande partie au nom de la sacro-sainte liberté.
Liberté d'expression selon le cuistre Elon Musk qui n'est là que pour continuer à obtenir des subventions de l'état fédéral grâce auxquelles il a fait sa fortune — tout en officiellement les combattant en soutenant Trump, quel sale type ! —, mais aussi liberté de censure (des livres qui ne plaisent pas aux MAGA, on dénombre à ce titre aujourd'hui dix milles livres censurés dans les écoles, dont la série Harry Potter, le Meilleur des mondes et j'en passe), liberté de raconter n'importe quoi aux esprits faibles (QAnon, RFK junior ouvertement complotiste antivax assumé), liberté de contraindre le corps des femmes (refus de la protection de l'avortement)…
La liberté, lorsqu'elle sort d'un cerveau MAGA, on ne la reconnaît plus qu'à ses godasses. Il ne s'agit plus de la Liberté avec un grand « l », de ce principe fondateur des États-Unis d'Amérique, mais de la liberté avec un petit « l », toute relative et permettant à la majorité toute relative élue d'imposer son point de vue sur le reste des habitants du pays.
Il s'agit de la liberté pour n'importe quel bas de plafond de faire n'importe quoi quitte à empiéter sur la liberté de son prochain. Ce n'est pas la liberté, c'est à la limite le libertarianisme, l'anarcho-capitalisme ou l'anarchie. En aucun cas, il ne s'agit de liberté garantie à tous.
Et ce n'est que le début, un avant-goût. Il faudra s'y faire parce que Trump est la première avancée de pion du Project 2025. The Economist a analysé le plan en question du point de vue politique. Selon lui, ce plan contient des questions de guerre culturelle, ainsi que d'autres qui ont une portée plus large et rompent avec l'orthodoxie républicaine passée, augmentant les déficits et la dette nationale. Anna North de Vox le décrit comme un plan visant à consolider le pouvoir et à faire passer des politiques impopulaires.
Notez bien la dernière phrase et le principe de négation de la liberté qu'elle contient.
Faisons un petit inventaire pour fixer quelques idées.
Institutions fédérales
Le Projet 2025 envisage des changements généralisés au sein du gouvernement, en particulier en ce qui concerne les politiques économiques et sociales et le rôle du gouvernement fédéral et de ses agences. Le plan propose de prendre le contrôle partisan du département de la Justice (DOJ), du Federal Bureau of Investigation (FBI), du département du Commerce, de la Commission fédérale des communications et de la Federal Trade Commission (FTC), ainsi que de démanteler le département de la Sécurité intérieure en le subdivisant en plusieurs ministères. Il prévoit aussi de réduire fortement les réglementations environnementales et climatiques pour favoriser la production de combustibles fossiles. Le projet cherche à instaurer des réductions d'impôts, même si ses auteurs ne sont pas en accord sur le degré de protectionnisme à adopter. Il recommande de supprimer le ministère de l'Éducation, dont les prérogatives seraient transférées à d'autres agences ou supprimées. Ce projet conduirait les États-Unis à réduire leur financement des recherches sur le climat, tandis que les National Institutes of Health (NIH) seraient réformés selon des principes conservateurs.
Pornographie et contenus pour adulte
Le Projet 2025 propose de criminaliser la pornographie.
Santé des femmes en matière de reproduction
De manière générale, le projet enjoint le gouvernement à s'opposer au droit à l'avortement, et à éliminer la couverture de la contraception d'urgence en application de l'Obamacare.
Les partisans du Projet 2025 soutiennent que la vie commence dès la fécondation. Le Mandate stipule que le Département de la Santé et des Services Sociaux (Department of Health and Human Services ou HHS) doit « redevenir connu sous le nom de Département de la Vie », comme l'a surnommé le secrétaire du HHS de Trump, Alex Azar, en , exprimant sa fierté de « faire partie de l'administration la plus pro-vie de l'histoire de ce pays ». Le projet 2025 affirme qu'il repositionnerait les politiques du ministère « en rejetant explicitement la notion selon laquelle l'avortement est un soin de santé et en rétablissant son énoncé de mission dans le plan stratégique [du HHS de Trump] et ailleurs pour inclure la promotion de la santé et du bien-être de tous les Américains « de la fécondation à la mort naturelle » ».
En 2022, la Cour suprême statue, dans cas Dobbs v. Jackson Women's Health Organization, que la Constitution ne confère pas de droit à l'avortement, laissant ainsi aux États le soin de créer leur propre législation en la matière, mais le Projet 2025 encourage le prochain président à « promulguer les protections les plus solides pour les enfants à naître que le Congrès pourra soutenir ». Le Projet déclare également que « la décision dans l'affaire Dobbs n'est qu'un début. Les conservateurs devraient pousser aussi fort que possible pour protéger les enfants à naître dans toutes les juridictions américaines. »
Roger Severino, vice-président de la politique intérieure de la Heritage Foundation, a déclare lors d'une conférence de Students for Life (en) que le Projet 2025 « travaillait sur ce type de décrets présidentiels et de réglementations » pour revenir sur les politiques d'avortement de Biden et « institutionnaliser l'environnement post-Dobbs ». Par exemple, la Reproductive Healthcare Access Task Force (Groupe de travail sur l'Accès aux Soins de santé en matière de Reproduction) créée par le président Biden serait remplacée par une agence « pro-vie » dédiée qui « utiliserait son autorité pour promouvoir la vie et la santé des femmes et de leurs enfants à naître ».
Diversité
Le projet propose de supprimer les protections contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre et de mettre fin aux programmes de diversité, équité et inclusion (DEI) ainsi que de discrimination positive.
Immigration
Le projet recommande l'arrestation, la détention et la déportation des migrants sans papiers vivant aux États-Unis.
Justice
Le Projet 2025 promeut la peine de mort et salue le « caractère définitif » et la rapidité de cette peine.
Certains aspects ont déjà été déclarés contraires à la constitution, mais qu'en sera-t-il avec une majorité MAGA dans les deux chambres et potentiellement à la cour suprême ?